D'après l'INDEC, l'institut national de statistiques argentin, dont les résultats sont toujours très contestés par les Argentins, habitués qu'ils sont aux mensonges de leurs instances dirigeantes, le taux de chômage en Argentine au premier trimestre de cette année est de 7,4 %, le meilleur chiffre depuis 1992, quand le chômage n'était que de 7,3%, soit pratiquement un chômage frictionnel (fixé à 5%), désigant le chômage des salariés qui traversent une phase d'inactivité entre deux postes de travail. Le taux correspondant à une situation de plein emploi est quant à lui fixé à 2%. Ce chiffre est inférieur de près d'un point (0,9%) à celui du premier trimestre 2010...
Au-delà de la mauvaise réputation de l'INDEC, en grande partie assez peu méritée, ce très beau chiffre officiel reste à relativiser fortement tout simplement parce qu'en Argentine, 40% de l'activité économique reste souterraine, non déclarée, et il existe une multitude de gens dont le travail est difficilement assimilable à ce qu'un Européen considère comme un travail digne de ce nom. Je pense à de très nombreux saisonniers agricoles, dont différentes enquêtes, cet été 2011, ont révélé les conditions de travail infra-humaines et la rétribution au lance-pierre, et les non moins nombreux cartoneros et autres chiffonniers, qui vivent en périphérie des grandes villes, grâce aux déchets des habitants, parfois à peine plus privilégiés qu'eux, de ces centres urbains. Certes ils travaillent. Mais il faut voir comment et quoi.
D'un autre côté, il est vrai aussi que le Gouvernement argentin a mis en place tout au long de ces dernières années des politiques de soutien à la consommation, notamment à travers une série de réévaluations régulières des minima sociaux, et qu'il n'y aurait rien d'étonnant que l'un des résultats de cette politique soit une plus forte demande capable de dynamiser l'économie, comme quelques enquêtes sur les évolutions de la consommation alimentaire semblent l'avoir prouvé ces derniers temps (voir à ce propos l'ensemble des articles placés sous le thème de l'économie, en cliquant sur ce mot-clé dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus). De plus, à côté des mesures volontaires de soutien à la consommation, il existe en Argentine un extraordinaire dynamisme dans le secteur coopératif, qui concerne les classes sociales les plus défavorisées. Ce qui interdit de porter sur l'Argentine un regard misérabiliste. La misère y semble bel et bien en voie de régression, sauf dans la ville de Buenos Aires, qui vit à l'heure d'un libéralisme débridé qui élimine la misère surtout en chassant les pauvres hors du territoire municipal, ce qui est une manière assez radicale de s'y prendre.
Pour ma part, j'attends avec impatience de voir quelle Buenos Aires je vais découvrir cette année en août pour me faire une idée un peu plus précise et surtout un peu plus objective sur le caractère factice ou réaliste de ces résultats que seul Página/12 commente aujourd'hui (signe peut-être qu'ils ne sont pas si faux que les esprits chagrins ont tendance à le dire, sinon les journaux d'opposition se seraient fait une joie de tirer une nouvelle fois à boulets rouges sur l'INDEC).
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