Mauricio Macri vient de diviser et d'ulcérer une énième fois son propre camp en faisant choix de sa partenaire de candidature (compañera de formula), alors qu'il brigue depuis peu un second mandat à la tête de la ville autonome de Buenos Aires (voir mon article du 10 mai 2011 à ce sujet) : son éventuelle vice-chef de Gouvernement sera Mariu Vidal, son actuelle Ministre du Développement social. Pour les lecteurs habituels de Barrio de Tango, qui commencent à connaître un peu la brutalité de la politique sociale de Mauricio Macri, ce choix n'est pas sans signification.
Du coup, se voient écartés l'actuel Premier Ministre, Horacio Larreta, tellement sûr d'être le successeur du patron qu'il avait même osé utiliser il y a quelques semaines sans aucun scrupule la liste de diffusion des informations municipales pour lancer sa campagne (j'en sais quelque chose : j'ai reçu cette propagande électoraliste sur ma messagerie mail), Gabriella Michetti, son ancienne Vice-Chef de Gouvernement, dont il avait fait une espèce de caution morale (elle se déplace en fauteuil roulant) avant de s'en débarrasser comme d'un paquet de linge sale au bout de deux ans en l'obligeant à démissionner, sous prétexte qu'il y avait incompatibilité entre être vice-chef de gouvernement et candidate à une autre fonction (le tout avant que le scrutin se soit tenu), sans parler d'Hernán Lombardi, le ministre de la culture et du tourisme qui avait quelques ambitions de carrière politique.
L'annonce a été faite par SMS et message sur Twitter et Facebook, avec un manque flagrant de respect pour les électeurs qui ne sont pas tous et de loin équipés pour accéder à cette information. Mais Macri est désormais coutumier du genre. C'est ainsi qu'il a osé présenter ses condoléances aux familles des victimes d'un accident à Palermo (l'effondrement d'un café, l'année dernière).
Le tout se passe en même temps que Mauricio Macri se trouve désavoué par ses propres députés à la Legislatura : il avait en effet posé il y a quelques jours son veto à une loi, votée à l'unanimité par la chambre législative de la Ville Autonome (Legislatura) pour autoriser la construction d'une école sur un terrain où existe déjà un centre de la mémoire (entendez un centre culturel des droits de l'homme), sur un ancien domaine où avait fonctionné une des nombreuses prisons clandestines et centre de torture de la Dictature de 1976-1983. Le vote repoussant le veto du Chef de Gouvernement a rassemblé l'unanimité des députés portègnes, y compris les élus du PRO, qui s'étaient donc eux-mêmes prononcés pour la construction de cette école.
L'occasion est donc trop belle pour le journal de gauche Página/12 pour tourner en ridicule du mieux qu'il peut cette annonce électorale à l'incroyable légèreté : l'article du quotidien est parsemé de ces signes ésotériques et internationaux qu'utilisent tous les accros aux SMS et à Twitter, avec, en guise de nom les pseudos des intéressés sur les différents réseaux, et avec l'abondante reprise des remarques aigres-douces que les déçus ont immédiatement diffusées eux aussi sur les différents réseaux, l'ensemble donnant l'indéniable et assez vulgaire image d'un panier de crabes privilégiés qui s'entre-dévorent par avidité pour le pouvoir.
Cela donne un article très dur sur le fond et un peu difficile à lire, surtout si vous ne maîtrisez pas parfaitement l'espagnol, mais je vous invite tout de même à @ller y reg@rder de plus près... Même sans comprendre, c'est très, très, très drôle, dès le titre. Et par conséquent, ce serait sans doute très efficace (contre Macri, l'ennemi juré de la rédaction) si ce quotidien était lu par un public plus large que celui des seuls intellectuels de gauche, et encore ! surtout de ceux qui vivent à Buenos Aires et à Rosario ainsi que dans les banlieues respectives de ces deux premières villes d'Argentine...
Pour aller plus loin :