San
Martín par lui-même et par ses contemporains, en souscription aux
Editions du Jasmin, avant sa parution en mai 2014
384
pages (comme Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, paru en mai 2010 chez le même éditeur)
Prix
de lancement : 20 € (au lieu de 24,90).
Bon de souscription à télécharger
Présentation
de l'ouvrage – épisode n° 6
De
toutes les éphémérides de José de San Martín, le 19 mars 1818 n'est
certes pas la date la plus connue. C'est le seul revers militaire
qu'il a subi en Amérique en exerçant le commandement effectif de
l'armée. L'épisode est d'autant plus remarquable que tout ensemble,
la surprise de Cancha Rayada mit en danger le processus
d'indépendance du Chili et renforça la motivation des troupes
patriotiques, ce qui se traduisit trois semaines plus tard, le 5
avril, par l'écrasante et terrible victoire de Maipú qui fut le
tournant des guerres d'indépendance en Amérique du Sud.
Ce
moment difficile et galvanisant est décrit dans San Martín à
rebours des conquistadors, à la page 113 (Ed. du Jasmin) et, avec
des points de vue divers (1), il est amplement documenté dans mon
prochain livre, où il occupe les pages 120 à 137.
C'est
pour cette raison que j'ai choisi aujourd'hui de ne pas revenir sur
un nouvel épisode guerrier mais de consacrer cet article à une
autre facette du héros : le grand-père qu'il fut dans son exil
en France, grand-père aimant et attendri de deux petites-filles très
remuantes, lui qui aurait tant voulu d'abord avoir un fils et ensuite
au moins un petit-fils que sa fille unique, Mercedes, née à
Mendoza, le 24 août 1816, ne put pas lui donner.
*
* *
Dans
la correspondance de San Martín qui nous est parvenue, nous pouvons
grappiller quelques confidences pleines d'une tendresse pudique, très masculine et très
moderne. Ce sont elles qui ont inspiré, à la fin des années 1940, un
monument très particulier de Buenos Aires, Plaza Grand-Bourg, à
Palermo : le Monumento al Abuelo Eterno (2), première tentative
en Argentine d'humaniser l'iconographie, un rien trop solennelle, du
Père de la Patrie (ci-dessous).
San Martín représenté avec ses deux petites-filles face à l'Instituto Nacional Sanmartiniano Plaza Grand-Bourg, à Buenos Aires |
C'est
une grande tendance des mouvements nationalistes de gauche comme le
radicalisme et le péronisme (3) que de sacar del bronce a San Martín
(littéralement "l'extirper du bronze"). Or, en 1950, au moment de
l'inauguration de ce groupe sculptural (qui n'est pas un chef d'œuvre esthétique), pour le centenaire de la mort de San
Martín, Perón lui-même occupait la présidence de la Nation.
Aujourd'hui, cette volonté de sacar del bronce a San Martín a une application intellectuelle et idéologique dans ce grand mouvement d'historiens qu'on appelle là-bas el revisionismo et qui combat les schémas dominants, transmis par
l'école, qui campent San Martín en héros martial, en uniforme, à cheval et
hurlant continuellement ses ordres, comme on le voit sur la plupart des images
d'Epinal, même sur les couvertures actuelles de la revue enfantine Billiken -voir
là-dessus les autres épisodes de cette série- et les statues, dont
celles qui se trouvent au Parc Montsouris à Paris et sur le
boulevard Sainte-Beuve à Boulogne-sur-Mer.
Je
vous livre donc aujourd'hui deux documents en complément de ce qui
sera publié en mai dans mon livre, sans utiliser le principe des bonnes feuilles, pour la simple raison que les archives sur San Martín constituant un fonds presque infini, je
préfère poursuivre le travail plutôt que me répéter...
* * *
Commençons
par la naissance de la deuxième petite-fille, venue au monde à
Grand-Bourg, la maison que San Martín avait achetée en 1835 dans le
village d'Evry-sur-Seine, sans doute sur le conseil de son ami,
Alexandre-Marie Aguado, qui était alors le maire de la commune (4).
Grand-Bourg, qui a désormais donné son nom à un quartier d'Evry,
préfecture de l'Essonne, existe toujours. Depuis 1852, la maison
abrite une communauté religieuse.
*
* *
En
octobre 1833, Mercedes a mis au monde son premier enfant, une petite
fille prénommée elle aussi Mercedes et que son grand-père, qui
ne la connaîtra que deux ans plus tard, appellera Merceditas. Elle
mourut à Paris d'une erreur pharmacologique en 1860. Elle n'était
pas encore mariée et ne laissa donc aucune descendance.
En
1837, San Martín possède depuis quelques mois un appartement à
Paris, rue Saint-Georges (alors rue Neuve Saint-Georges), dans
l'actuel neuvième arrondissement, une belle rue moderne et propre où
résidaient aussi Adolphe Thiers et d'autres grands noms orléanistes.
L'appartement semble surtout servir à la famille Balcarce, dont le
père, Mariano, le gendre de San Martín, est chargé d'affaires à la Légation argentine, située alors
rue de Berlin (actuellement rue de Liège), dans le quartier de
l'actuelle gare Saint-Lazare. Le général préfère vivre dans sa
propriété rurale, où il supporte encore pour quelques années
l'hiver parisien. Sur le tard, cet enfant de l'Andalousie se mettra à
craindre les frimas de nos latitudes et descendra tous les ans passer
l'hiver en Provence ou en Campanie, pour retrouver le soleil qui lui
manque tant sur les bords de Seine (sur ce point, mes lecteurs se reporteront au récit que
fit en septembre 1843 Juan Bautista Alberdi à la page 16 de San
Martín par lui-même et par ses contemporains).
Cet
hiver-là, notre héros écrivit à l'un de ses amis resté à
Mendoza, la ville dont il a été gouverneur de 1814 à 1816 et d'où
il partit libérer le Chili (voir mes articles sur Chacabuco en 2012 et en 2014).
Grand-Bourg,
7 leguas de París, 1° de febrero de 1837.
Excelentísimo
señor don Pedro Molina.
Mi
antiguo y querido amigo :
Con
fecha del 14 de noviembre pasado, escribí a usted y a otros amigos
de Buenos Aires por la fragata francesa El Sol, que salió del puerto
del Havre de Gracia, en principios de diciembre, con destino a
Montevideo; desgraciadamente hemos tenido noticia que este buque se
ha perdido enteramente en las costas de la Bretaña, habiendo salvado
sólo tres individuos, entre ellos un pasajero por cuyo conducto
hemos tenido esta infausta noticia.
Grand-Bourg,
à sept lieues de Paris, 1er
février 1837.
Monsieur
Don Pedro Molina
Mon
cher et vieil ami,
Le
14 novembre dernier, je vous ai écrit à vous et d'autres amis de
Buenos Aires [des lettres que j'ai confiées] à la frégate
française Le Soleil, qui a quitté le port du Havre de Grâce (5) au
début de décembre en partance pour Montevideo. Malheureusement,
nous avons appris que ce navire s'est perdu corps et biens sur les
côtes bretonnes, trois hommes parvenant à se sauver, parmi lesquels
un passager par qui nous avons appris cette funeste nouvelle (6).
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
Mis
hijos llegaron con buena salud en fines de junio pasado, y a los
pocos días la mendocina dio a luz una niña muy robusta : aquí me
tiene usted con dos nietecitas cuyas gracias no dejan de contribuir a
hacerme más llevaderos mis viejos días. Hace más de tres años que
vivo retirado en este desierto; pero como en él he encontrado el
restablecimiento de mi salud y por otra parte, la tranquilidad que en
él gozo es más conforme con mi carácter y edad, lo prefiero a
vivir en París cuya residencia después de ser contraria a mi salud
yo no lo encuentro buena más que para los que desean una sociedad
activa o se hallan precisados a residir por sus negocios: si, como
espero, la tranquilidad de nuestra patria se consolida en términos
que me aseguren poder pasar mi vejez en reposo, regresaré a ella con
el mayor placer, pues no deseo otra cosa que morir en su seno.
Mes
enfants sont arrivés en bonne santé à la fin de juin dernier et
peu de jours après (7), la Mendocine (8) a mis au monde une enfant
bien robuste et vous me voyez donc avec deux petites-filles dont les friponneries contribuent sans cesse à alléger mes vieux jours.
Voilà plus de trois ans que je vis retiré dans ce désert (9) mais
comme j'y ai recouvré la santé et que d'autre part la tranquillité
dont il me permet de jouir convient mieux que Paris à mon caractère
et à mon âge, je le préfère pour y vivre. Outre qu'il est
contre-indiqué pour ma santé, Paris ne vaut d'être habité que
pour les gens qui désirent une vie sociale animée ou se trouvent
obligés d'y résider pour leurs affaires. Si, comme je l'espère, la
tranquillité de notre patrie se consolide dans des termes qui
m'assurent pouvoir passer ma vieillesse en repos, j'y retournerai
avec le plus grand plaisir car je ne désire rien d'autre que mourir
en son sein (10).
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
Balcarce
no cesa de recordar con agradecimiento las distinciones y cariño con
que usted lo trató a su paso por ésa: yo no lo esperaba menos de la
franca amistad con que usted me honró desde el día en que por
primera vez llegué a Mendoza, cuya distinción recibí igualmente de
toda su honrada y patriota familia, cuyos individuos sin excepción,
me dieron tantas y tan repetidas pruebas de consecuente amistad.
Balcarce
(11) rappelle sans cesse avec gratitude les égards et l'affection
que vous lui avez témoignés lors de son passage dans votre ville
(12). Je n'en espérais pas moins de la franche amitié dont vous
m'avez honoré depuis le jour où je suis arrivé pour la première
fois à Mendoza, et j'ai reçu pareils égards de la part de toute
votre honorable et patriotique famille, dont tous les membres, sans
exception, m'ont donné si souvent tant de preuves d'une constante
amitié.
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
Como
en Mendoza será difícil encontrar personas relacionadas en París y
pudiendo usted necesitar alguna cosa de esta capital, yo tendría la
mayor satisfacción de poderle ser de alguna utilidad: en este caso
escríbame usted lo que necesite, remitiéndome su carta bajo
cubierta de don Gregorio Gómez, de Buenos Aires (y actualmente mi
apoderado), que él me la dirigirá con seguridad. Debo prevenir a
usted, que sería conveniente duplicase usted dicha carta por si la
primera se extravía, como me ha sucedido con frecuencia, sobre todo
cuando vienen a Europa por buques mercantes.
Comme
il vous est difficile à Mendoza de trouver des personnes ayant des
relations à Paris et comme vous pouvez avoir besoin de quelque chose
en provenance de cette capitale (13), j'aurai la plus grande joie à
pouvoir vous être de quelque utilité : dans ce cas,
écrivez-moi ce dont vous avez besoin en remettant votre lettre sous
couvert de don Gregorio Gómez, de Buenos Aires (qui est actuellement
mon chargé de pouvoir) (14) car il me l'adressera d'une manière sûre.
Je dois vous avertir qu'il conviendrait de doubler cette lettre au
cas où la première s'égarerait, ce qui m'est arrivé souvent,
surtout quand elles arrivent en Europe à bord de navires marchands.
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
La
mendocina y Balcarce me encargan para usted y familia, sus más finos
recuerdos. En cuanto a mí, sólo le diré que le desea todo bien y
prosperidad éste su antiguo y sincero amigo Q. B. S.M.
José
de San Martín.
La Mendocine et Balcarce
me chargent pour vous et votre famille de leurs souvenirs les plus
distingués. Et pour ma part, je vous dirai juste que vous souhaite
tout bien et prospérité votre vieil et sincère ami qui vous baise
les mains
José de San Martín
(Traduction Denise Anne
Clavilier)
Promenade imaginaire dans la campagne d'Evry du grand-père et ses petites-filles bas-relief du piedestal du Monumento al Abuelo Eterno |
Un an plus tard, nous
avons une autre lettre, cette fois-ci du frère puîné de Mariano,
venu faire ses études de lettres à Paris.
Florencio Balcarce
(1818-1839) est le dernier fils survivant de Antonio Balcarce et
Dominga Buchardo, il a onze ans de différence avec son frère aîné,
né en 1807, pendant la captivité de leur père, fait prisonnier par
les Anglais à la prise de Montevideo, au début de l'année.
Florencio avait un an et demi à la mort de son père, grand héros
de la guerre d'indépendance, le second de San Martín à la bataille
de Maipú et dernier Directeur suprême avant la déclaration
d'indépendance du 9 juillet 1816.
Malgré sa courte vie et son œuvre
inachevée, Florencio Balcarce est considéré comme le premier poète
argentin, depuis que l'Argentine existe en droit, c'est-à-dire
depuis 1816.
Quelques mois avant que ne
lui soit adressée cette lettre, Mariano a été révoqué par Juan Manuel de Rosas
de son poste d'attaché diplomatique à la Légation argentine de
Paris, pour des raisons de basse politique qui font que San Martín
ne décolère pas. Pour subvenir aux besoins de sa petite famille,
Mariano, dont le sens de l'honneur est égal à celui de son
beau-père, s'est donc lancé dans un projet d'import-export avec
l'Argentine, visiblement, d'après les détails que donne Florencio
dans sa lettre, dans la mode parisienne, avec toutes sortes
d'articles et de produits qui vont du mobilier d'intérieur aux plantations du jardin en passant par l'habillement et les accessoires
de parure, et il est vrai qu'à l'époque, la mode vestimentaire est
une affaire d'importance à Buenos Aires.
Mariano vient donc de
quitter la France pour l'Argentine, où il va établir un comptoir,
laissant sa famille aux bons soins du général et de son frère
étudiant (15).
París, mayo 3 de 1838.
Señor don Mariano Balcarce.
Querido hermano :
Aunque después de tu partida no ha
llegado al Havre ningún buque de Buenos Aires, por las gacetas he
tenido el disguto de saber la diferencia que había entre el gobierno
y el cónsul francés y las amenazas alarmantes a que había dado
lugar. Sería el colmo de la desgracia que a tu llegada no estuviese
terminada la cuestión, y que vieses así frustrados tus proyectos.
En este caso no sé si debería contarse como una felicidad la
rapidez de tu viaje, que debe haberse llevado a medio camino en pocos
días; según los cálculos de Mercedes y el general han hecho
observando la veleta. Ojalá haya tenido todo un término que no nos
deshonre […]
Paris, 3 mai 1838
Monsieur don Mariano Balcarce
Cher frère,
Bien que depuis ton départ aucun
navire de Buenos Aires ne soit arrivé au Havre, par les gazettes
j'ai eu le déplaisir d'apprendre le différent qui s'est élevé
entre le gouvernement [argentin] (16) et le consul français et les
menaces alarmantes à quoi il donne lieu. Ce serait le comble du
malheur qu'à ton arrivée, ce point ne soit pas tranché et que tu
voies ainsi tes projets échouer. En ce cas, je ne sais pas s'il
faudrait compter comme un bonheur la rapidité de ton voyage (17) qui
doit s'arrêter ainsi à mi chemin après quelques jours, d'après ce
qu'ont donné les calculs à la girouette de Mercedes et du général.
Pourvu que tout ça se soit terminé dans un sens qui ne nous
déshonore pas... (18)
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Dans le bas-relief, Grand-père et petites-filles soignent le jardin de Grand-Bourg |
El domingo estuve en la chacra y
Mercedes me dijo que creía había visto el primer número en lo de
Rosa. Mi primera diligencia a la vuelta fué ir a ver a M. Merin :
pero no lo encontré. Ayer volví y le dejó un papelito pidiéndole
el informe que necesito. Como el buque está anunciado para fin de
abril y el general me escribe que no dilate las cartas, no tengo
tiempo para darte cuenta del resultado. […] Mercedes te escribió
al Havre en su última carta que no recibiste, consultándote sobre
el envió de la Presse. Sigo el consejo del general remitiéndotela.
[…]
Dimanche, je suis allé à la maison de
campagne [Grand-Bourg] et Mercedes m'a dit qu'elle croyait avoir vu
le premier numéro [d'une nouvelle revue de mode] chez Rosa. Mon
premier soin en rentrant [à Paris] fut d'aller voir monsieur Merin
mais je ne l'ai pas trouvé [chez lui]. Hier, j'y suis retourné et
je lui ai laissé un petit mot pour lui demander l'information dont
j'ai besoin. Comme le navire est annoncé pour fin avril et que le
général m'écrit de ne pas retarder l'envoi des lettres, je n'ai
pas le temps de te rendre compte du résultat. […] Mercedes t'a
écrit au Havre dans sa dernière lettre que tu n'as pas reçue pour
te demander si elle devait t'envoyer La Presse (19). Je suis le
conseil du général en te l'expédiant […]
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Tengo el placer de ver la familia un
domingo sí y otro no. […] El general goza a más no poder de esa
vida solitaria y tranquila que tanto ambiciona. Un día lo encuentro
haciendo las veces de armero y limpiando las pistolas y escopetas que
tiene : otro día es carpintero y siempre pasa así sus ratos en
ocupaciones que lo distraen de otros pensamientos y lo hacen gozar de
buena salud. Mercedes se pasa la vida lidiando con las dos chiquitas
que están cada vez más traviesas. Pepa sobre todo anda por todas
partes levantando una pierna, para hacer lo que llama volatín :
todavía no habla más que algunas palabras sueltas ; pero entiende
muy bien el español y el francés. Merceditas está en la grande
empresa de volver az aprender el abc que tenía olvidado; pero el
general siempre repite la observación de que no la ha visto un
segundo quieta.
J'ai le plaisir de voir la famille un
dimanche oui, l'autre non. […] Le général jouit on ne peut plus
de cette vie solitaire et tranquille après laquelle il aspire tant.
Un jour, je le trouve en train de jouer les armuriers et de nettoyer
ses pistolets et escopettes (20), l'autre, le voilà charpentier (21)
et ainsi passe-t-il tout son temps dans des occupations qui le
distraient d'autres pensées et lui font jouir d'une bonne santé.
Mercedes passe sa vie à s'escrimer avec les deux petiotes qui sont
de jour en jour plus espiègles. Pepa surtout (22) court partout et
elle lève une jambe pour faire ce qu'elle appelle zoizeau. Elle
ne dit encore qu'un ou deux mots sans faire de phrase mais elle
comprend très bien l'espagnol et le français. Merceditas est
occupée à la grande tâche de réapprendre son alphabet qu'elle a
oublié mais le général répète partout qu'il ne l'a jamais vue
tranquille plus de deux secondes.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Yo continúo los mismos cursos de
estudio que antes ; que sólo he agregado uno de preparación para
los exámenes de bachiller. Aunque hace un mes que no hablo con Mad.
Michu, te doy las expresiones que me encargó para tí cuando todavía
estabas en el Havre. Mad. Mansut me pregunta con interés cada vez
que la veo, si la navegación a Buenos Aires, o a la intendencia como
ella le llama, es peligrosa ? Mi salud está casi del todo
restablecida. Me resiento algunas veces de las variaciones del tiempo
; pero a medida que la estación adelanta, me voy reponiendo, y
recobrando una actividad que no tenía hace tiempo. Si me escribes,
no dejes de hablarme largo de madre y mis hermanas así como de la
medicina de Avelino.
Te deseo prosperidad y que creas en la
gratitud y amistad de tu hermano.
Florencio G. Balcarce.
Pour ma part, je continue le même
parcours d'études qu'avant car j'ai juste ajouté une préparation
pour les examens du baccalauréat (23). Bien que cela fasse un mois
que je n'ai pas parlé avec madame Michu, je t'envoie les salutations
dont elle m'a chargé pour toi quand tu étais encore au Havre.
Madame Mansut me demande avec intérêt chaque fois que je la vois si
le voyage jusqu'à Buenos Aires ou jusqu'à l'intendance comme elle
l'appelle, est dangereux. Ma santé est presque tout à fait rétablie
(24). Je souffre un peu parfois des changements du temps mais à
mesure que la saison progresse, je me rétablis et reprends une
activité que je n'avais pas depuis longtemps. Si tu m'écris,
surtout donne-moi des nouvelles de mère et de mes sœurs comme de la
médecine d'Avelino (25).
Je te souhaite toute prospérité.
Crois à la gratitude et à l'amitié de ton frère.
Florencio González Balcarce
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Source pour ces deux
lettres : Documentos del Archivo de San Martín, tome 9, Museo
Mitre, Buenos Aires, 1910, respectivement p 494 et 192.
Ce troisième bas-relief trouve son inspiration directe dans la lettre de Florencio Balcarce Je vous laisse regarder comment et pourquoi en cliquant sur l'image pour l'agrandir |
Prochain rendez-vous de
cette série d'articles prévu le 5 avril pour célébrer
l'anniversaire de la victoire de Maipú, la charnière politique et
stratégique de l'indépendance en Amérique du Sud.
Entretemps, nous
nous retrouverons vendredi pour la mise en ligne de l'interview que
j'enregistre ce soir par téléphone sur RAE, avec Leonardo Liberman.
* * *
Pour accéder à d'autres
documents historiques relatifs à San Martín :
voir mes articles de présentation de la biographie San Martín à rebours des
conquistadors
voir l'ensemble de mes articles sur San Martín par lui-même et par ses
contemporains.
Participer à la souscription de San Martín par lui-même et par ses contemporains
(valide jusqu'au 30 avril au prix de lancement de 20 €)
Pour en savoir plus sur la
maison d'édition.
Pour en savoir plus sur la
figure mythique et historique de San Martín, cliquez sur son nom
dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.
Et en attendant ma
prochaine interview sur ce livre (en espagnol) demain soir, très
tard en streaming, ou après-demain à n'importe quelle heure sur le
blog de RAE et celui du journaliste Leonardo Liberman à partir de
vendredi matin, vous pouvez écouter celle que j'ai donnée à Darío Bursztyn, en août dernier, sur le même sujet et la même station du
groupe radiophonique public argentin, Radio Nacional, écouter aussi
celle que j'ai donnée à Jordi Batallé de RFI espagnol et consulter
mes propositions de conférences sur ces thèmes de l'histoire
argentine sur mon site Internet.
(1) J'ai rassemblé un
récit en anglais du général William Miller, qui était alors
capitaine d'artillerie, une description de la réaction de Santiago,
par un négociant anglais, Samuel Haigh, qui n'est pas sans nous
renvoyer aux images d'incertitude qui nous arrivent ces jours-ci de
Crimée et d'Ukraine continentale, un rapport en espagnol de Tomás
Guido, représentant argentin au Chili, alors qu'il ignore encore ce
qu'il s'est réellement passé sur le terrain, une analyse
stratégique établie après coup par San Martín (après sa victoire
de Maipú) et enfin le discours qu'il fit sur la grand-place de
Santiago et qui ne peut que nous rappeler celui de De Gaulle le 18
juin 1940 : revenu dans la capitale chilienne sous les vivats
malgré la dispersion de ses troupes, le voilà déjà qui mobilise
la population, la rassure sur le sort final de la guerre et organise
la contre-attaque qui va se révéler définitive. Selon un principe
qui m'est cher, les textes sont présentés dans la langue originale
sur la gauche de la page et en français à droite. Les quelques
textes originalement en français sont, eux, présentés en pleine
page, uniquement dans notre langue. Voir mon article du 21 février 2014 sur les différents auteurs rassemblés dans ce recueil.
(2) Monument au Grand-Père
Eternel.
(3) Radicalisme et
péronisme appartiennent pleinement au monde sud-américain en ce
sens que, contrairement à ce qui s'est passé en Europe, où la
pensée sociale s'est développée à partir des années 1840 dans
une dimension internationale, à travers les différents courants
socialistes, la gauche latino-américaine a continué à lutter pour
l'indépendance nationale, qui n'est toujours pas pleinement acquise
dans toutes ses dimensions aujourd'hui, tout en développant des
politiques de droits sociaux et de répartition économique en faveur
des classes laborieuses. Le socialisme en tant que tel reste donc
très minoritaire dans le sous-continent, à cause de l'idéologie
internationaliste qui le sous-tend et qui correspond fort peu aux
problématiques concrètes rencontrées par les populations locales.
(4) Une légende
tenace, inventée par les intellectuels de l'oligarchie conservatrice
des années 1850-1860, Sarmiento, Mitre et Vicente López, veut que
la maison ait été achetée avec l'aide d'Aguado, homme d'affaires
avisé et richissime, d'origine sévillane, qui avait servi au début
de la guerre d'indépendance espagnole dans le même régiment que
San Martín. Très peu de temps : à peine quinze jours, selon
ce que nous disent les archives militaires de 1808. Assez toutefois
pour qu'une amitié soit née entre les deux hommes, amitié qui se
réactiva en 1831 après qu'en mars, San Martín avait quitté
Bruxelles, qui hésitait sur le régime du pays né de la révolution
d'août 1830, et s'était installé à Paris. On ignore les modalités
de leurs retrouvailles mais il se pourrait bien que ce fut à
l'initiative d'Aguado, qui aimait s'entourer de grands noms
politiques et San Martín, ancien chef d'Etat d'un Pérou
nouvellement indépendant, en était encore un à l'orée de la
Monarchie de Juillet. En revanche, une initiative de San Martín ne
paraît guère vraisemblable, tant l'homme fuit les mondanités. Or
Aguado était un mondain de première importance dans le Paris de ces
années-là. Il est possible aussi qu'ils se soient trouvés nez à
nez dans une cérémonie religieuse typiquement hispanique, comme une
messe de San Isidro, de San Vicente ou de Notre-Dame du Rosaire, où
toute la communauté des exilés hispanophones accourait, toutes
couleurs politiques confondues. L'apport financier d'Aguado au
patrimoine immobilier de San Martín est hautement invraisemblable
tant elle contredit le sens de l'honneur du général et le rôle de
l'argent dans sa vie. L'explication se trouve très certainement dans
le voyage de sa fille et de son gendre à Buenos Aires, après leur
mariage à Paris en décembre 1832. Une fois en Argentine, Mariano
Balcarce profita de la présence d'un de ses oncles dans les
instances dirigeantes du pays pour faire régler des arriérés de
soldes, rentes et pensions votées en 1817 et 1818 à Buenos Aires,
qui n'avaient plus été versées à San Martín que de manière
irrégulière depuis son départ en Europe en février 1824. Du coup,
à Paris, ce dernier vit brutalement son compte en banque crédité
de grosses sommes et après 1833, on ne le voit plus dans sa
correspondance exposer aucun souci financier à son ami O'Higgins,
alors en exil à Lima. Manque de chance : cette disparition des
tracas pécuniaires correspond aussi aux retrouvailles avec Aguado.
Il était donc facile et tentant pour les trois créateurs de la
légende dorée de San Martín, qui étaient paradoxalement ses
adversaires idéologiques, d'interpréter cette soudaine aisance du
général dans un sens qui les arrangeait parce qu'à leurs yeux,
elle aurait dû le discréditer : celui d'un exilé entretenu
comme une cocotte par un riche banquier. L'idée a été adoptée
sans guère d'esprit critique par les Argentins, grâce aux leçons
d'histoire à l'école primaire, mais elle n'a pas du tout entamé
l'immense admiration qu'ils portent au héros. Essayez tout de même
d'aller convaincre l'Argentin de la rue qu'Aguado n'a jamais financé
San Martín. Je vous paye des prunes si vous y parvenez...
(5)
C'est le vieux nom du Havre que San Martín utilise jusqu'au début
des années 1840.
(6)
Le transport commercial de passagers est encore balbutiant. Il existe
à peine quelques lignes régulières pour relier les deux
continents. Le transport des voyageurs comme du courrier se fait donc
au coup par coup en fonction des navires en partance, qu'ils soient
marchands ou militaires. Les deux ports français qui assurent la
liaison intercontinentale sont alors Le Havre et Bordeaux. San Martín
suit au jour le jour les activités de ces deux ports à travers les
journaux pour acheminer sa correspondance. Il faut donc imaginer le
service d'abonnement qui convoie tous les jours le Journal des
Débats, le Figaro et la Presse de Paris à Grand-Bourg, sans parler
de plusieurs titres étrangers auxquels San Martín est également
abonné.
(7)
Pauvre Mercedes qui a fait la traversée enceinte et, quelques jours
avant terme, a dû encore prendre la diligence du Havre jusqu'à
Paris pour rejoindre son père, avec son mari et leur aînée de deux
ans et demi.
(8) Il s'agit de Mercedes, qui est née à Mendoza. San Martín s'adresse à un
habitant de Mendoza qui a vu naître sa fille.
(9)
Evry-sur-Seine, 600 âmes, 40 électeurs (suffrage censitaire
jusqu'en 1848), un village de maraîchers au sud de Paris. Voir le
site Internet officiel de la ville, anciennement dirigé par Manuel Valls, qu'un journaliste argentin avait surnommé "le ministre espagnol de Hollande" (je dis ça pour mes lecteurs argentins, qui ne sont pas toujours au courant de ces petits détails de la vie municipale gauloise). Les chiffres ont quelque peu
changé ! San Martín a toujours aimé vivre retiré dans des coins
peu habités, à la campagne ou encore plus volontiers au bord de la
mer, comme il l'a fait au Chili et à Lima. Or ce n'était pas du
tout la mode et ça paraissait très bizarre à ses contemporains qui
le voyaient comme une sorte d'ermite laïc assez difficile à
comprendre. Il a passé une grande partie de son enfance et de sa
jeunesse en bord de mer. Voir San Martín à rebours des
conquistadors, première partie.
(10)
Bien entendu, ce n'était pas avec le gouvernement de Juan Manuel de
Rosas qu'une telle condition pouvait être acquise. Il y eut bien en
1841 une opportunité pour San Martín d'aller s'installer au Chili
mais il dut rester à Paris pour régler les suites patrimoniales du
décès d'Aguado, intervenu en avril 1842. Aguado l'avait nommé son
premier exécuteur testamentaire et co-tuteur de ses deux fils
mineurs. San Martín prit donc la résolution de rester à Paris
jusqu'à la fin des opérations successorales mais en 1843, il
commença à ressentir une gêne oculaire, prémisse d'une double
cataracte, qui allait bientôt lui interdire d'envisager une longue
traversée.
(11)
Son gendre, Mariano Balcarce. Selon la personne à qui il s'adresse
et l'époque à laquelle il écrit, il parle de Mariano, Marianito,
le fils de notre ami Balcarce, le mari de ma fille, mon gendre (mi
hijo político) , mon fils (mi hijo, tout court)...
(12)
A la demande de San Martín, Mariano était allé à Mendoza régler
quelques affaires relatives à la propriété agricole de son
beau-père à Los Barriales et reprendre les armes qu'il avait
laissées en dépôt chez une voisine, madame Ruiz. Parmi ses armes,
il y avait le fameux sabre, acheté à Londres en 1811 et aujourd'hui
exposé dans le hall d'honneur de la caserne des Grenadiers à cheval
à Palermo. San Martín avait prié Mariano d'aller le lui chercher
et de le lui rapporter quand il avait appris la naissance de sa
première petite-fille. Il caressait l'espoir de le léguer à un
"petit-fils
si par chance il m'en naît un un jour".
Il n'y eut pas de petit-fils et le "glorieux
sabre"
est revenu à Rosas, pour "avoir
soutenu l'honneur national contre les attaques injustes des deux plus
grandes puissances du monde"
(la Grande-Bretagne et la France), au grand dam des unitaires
libéraux fanatisés par leurs sentiments anti-rosistes comme Mitre,
Sarmiento et Avellaneda, qui n'ont rien compris et ont interprété
cette dernière volonté comme un symptôme de sénilité chez le
vieux guerrier. Et ils ont osé faire circuler cette version-là de
l'histoire ! Le testament avait été écrit en 1844 et
Sarmiento, qui avait vu à plusieurs reprises San Martín à
Grand-Bourg en 1847, était bien placé pour savoir que l'homme
jouissait alors de toutes ses facultés. C'est d'ailleurs ce qu'il
dit en 1848 et cela est resté vrai jusqu'au dernier souffle du "Fondateur de la Liberté du Pérou", le 17 août 1850 à 15h.
(13)
San Martín pense très certainement ici à des articles de mode, des
tissus, des livres (et non seulement de la littérature romantique,
mais aussi des traités d'agriculture et surtout de viticulture et
d'oléiculture, activités essentielles dans la Province de Cuyo),
des partitions, des instruments de mesure, de calcul, d'observation,
bref tout ce dont une ville développée et industrialisée comme
Paris regorgeait et dont était privée la bourgeoisie d'une ville
enclavée au pied des Andes comme Mendoza.
(14)
Dans mon article précédent, je vous parlais dans une note de la
grande confiance que San Martín avait mis en son beau-fère, Manuel
de Escalada, jusqu'au début des années 1830 quand il apprit, sans
doute par Mariano ou par Mercedes, les agissements de ce dernier et
lui retira tout pouvoir. Il chargea alors, après le départ de
Mariano de Buenos Aires, Goyo Gómez, un ami qu'il tutoyait (le seul
qu'on connaisse de façon sûre dans ce cas-là), de veiller à ses
intérêts. Gregorio Gómez avait été son envoyé et celui du
Directeur suprême Juan Martín de Pueyrredón à Londres en 1817
pour aller recruter en Europe des vétérans des guerres
napoléoniennes pour la cause patriotique sud-américaine. C'est
grâce à lui qu'on voit apparaître en 1818 dans l'armée des Andes
des officiers mis à la demi-solde par Louis XVIII comme Brandsen,
D'Albe (fils), Beauchef ou Brayer, tous des anciens de la Grande
Armée, qui n'avaient pas retourné leur vareuse à la Restauration.
(15)
Autre légende, bien reprise sur Internet et dans toutes les langues,
le gendre de San Martín aurait été médecin. Si tel avait été le
cas, il n'aurait pas entrepris, jeune père de famille, un voyage
aussi dangereux pour se construire une situation : il aurait
ouvert un cabinet médical à Paris ou dans cette campagne
déshéritée. Ni le bassin parisien ni la capitale n'étaient alors
surmédicalisés comme ils peuvent l'être aujourd'hui. D'ailleurs
les documents français qui parlent de Mariano ne lui attribuent
jamais le titre de docteur, ce qui serait indubitablement le cas s'il
était médecin. Il est probable que Mariano n'est jamais allé plus
loin que la licence, ce qui était déjà très bien à cette
époque-là, et qu'il a fait des études de géographie, d'histoire
ou de droit, les trois disciplines étant alors très peu distinctes
les unes des autres.
(16)
En fait Rosas, qui vient de rendre obligatoire le dédouanement des
marchandises étrangères au port de Buenos Aires, ce qui revient à
interdire aux bâtiments étrangers de naviguer sur les fleuves de
l'intérieur du pays, notamment le Paraná qui mène au Paraguay. La
France a donc aussitôt entamé un premier bras de fer avec Rosas.
Alors, en dépit de tout le mal qu'il pense de lui pour sa politique
intérieure et son caractère despotique, San Martín lui écrira à
la fin de cette même année une lettre de soutien où il lui offre
ses services pour soutenir le combat à un poste conforme à son âge
avancé (il a soixante ans). En réponse, Rosas, qui se méfie, le
nommera Ambassadeur au Pérou. Fin de la première tentative de
conciliation. Cependant les soucis diplomatiques se répétant, San
Martín reprendra la plume et les deux hommes vont peu à peu se
rapprocher, autour du seul point qui les unit, l'amour de la patrie
et de son honneur.
(17)
Quelques semaines plus tôt, dans une lettre à un ami, San Martín
disait espérer que le voyage de son gendre ne durerait pas plus de
deux ans et il était très préoccupé de voir ainsi le jeune père
de famille s'éloigner au risque de laisser une femme et des enfants
sans protection paternelle. La traversée, à l'aller ou au retour,
pouvait être fatale.
(18)
Suivent des considérations sur les renseignements que Florencio
recueille pour servir les projets de son frère. C'est passionnant
pour un historien de la vie quotidienne à Paris cette année-là
mais franchement fastidieux dans le cadre de ce blog.
(19)
Un quotidien parisien maintenant disparu.
(20)
que lui a rapportés Mariano de Mendoza à peine deux ans plus tôt.
(21)
San Martín avait une formation d'ingénieur militaire. Il savait
donc ce qu'est une charpente.
(22)
Pepa, diminutif de Josefa (comme Pepe pour José), le bébé né en
juillet 1836.
(23)
Florencio semble avoir déjà fréquenté l'université à Buenos
Aires, en lettres. Mais en France, il faut d'abord qu'il passe le
bac, qui est déjà un examen très prestigieux à cette époque.
C'est souvent le seul qu'on acquiert dans la plupart des métiers de
la bonne bourgeoisie d'affaires. L'Université est réservée à
quelques métiers très particuliers : juges, avocats, médecins,
archéologues, chartistes. Les ingénieurs, les professeurs et les
architectes passent eux par les grandes écoles. Et c'est tout.
(24)
Florencio souffre d'une tuberculose. Il a le même parcours que
Remedios vingt ans plus tôt, avec des phases où il est très malade
et des phases de rémission. L'année suivante, sa santé se
dégradant de façon continue, il retournera à Buenos Aires où il
mourra peu de temps après.
(25)
D'Avelino, né quelques années avant Florencio, on sait qu'il a bien
fini ses études de médecine. Il fut l'un des premiers médecins à
s'être formés entièrement à Buenos Aires, à l'université fondée
par Rivadavia en 1821. Des sœurs, on ignore presque tout de l'une
(on ne connaît même pas sa date de mort, mais on voit ici qu'elle
est probablement toujours vivante en 1838). De l'autre, on sait
qu'elle vint vivre, près de son frère et de sa belle-sœur, en
France, en 1858, après la mort de leur mère, Dominga Buchardo, et
qu'elle est décédée à Paris ou à Brunoy. Elle est probablement
enterrée à Brunoy, dans le monument des Balcarce, où reposent
toujours ses deux nièces, Mercedes et Josefa Balcarce y San Martín.
Les époux Balcarce, morts en 1875 et 1885, reposent maintenant dans
la cathédrale de Mendoza. On a éparpillé la famille un peu partout
en Argentine : San Martín et Remedios sont à Buenos Aires, lui
à la cathédrale, elle au cimetière de Recoleta, Mercedes et
Mariano à Mendoza et les parents de San Martín sont à Yapeyú,
après avoir reposé aux pieds de leur bru, à la Recoleta.