Moi,
quand je serai grand, hé bien, je serai Grenadier à cheval !
C'est
la fière réponse que presque tous les petits garçons argentins
font quand ils vont à la grande école, alors que nos bambins du
même âge rêvent d'être pompier ou astronaute. Chacun son
ambition !
A vos ciseaux et vos bâtons de colle Page de la revue Billiken, du 8 août 1966 Cliquez sur l'image pour la lire un peu mieux |
Il
est vrai que le régiment des Grenadiers à cheval (RGC) s'enorgueillit
d'une histoire prestigieuse et d'une longue tradition ininterrompue
qui remonte à 1903 (pour nous autres Européens, ce n'est pas long,
mais pour des Américains, si !). Et pourtant ce que fête
demain ce régiment, ce sont bien les deux cents deux ans de sa
fondation.
Comment une unité qui se flatte d'avoir été fondée par un fort en math comme San Martín peut-elle faire une telle erreur de calcul ?
Comment une unité qui se flatte d'avoir été fondée par un fort en math comme San Martín peut-elle faire une telle erreur de calcul ?
En
1812, un triumvirat assurait la direction politique des
Provinces-Unies du Sud encore hésitantes devant la perspective de
l'indépendance. Le 16 mars, une semaine après son arrivée à
Buenos Aires (voir mon article du 9 mars de l'année dernière), le
lieutenant-colonel José de San Martín (1778-1850) obtenait de ce
Gouvernement provisoire la création d'un escadron d'élite composé
de grenadiers à cheval, des soldats athlétiques de haute taille,
capables d'assurer leur fonction tactique de prédilection, l'assaut,
une capacité qui faisait terriblement défaut aux troupes déjà
existantes dans les Provinces-Unies du Río de la Plata, formés à
la défense contre les invasions anglaises, quand il avait fallu
arracher Buenos Aires au corps expéditionnaire britannique de 1806
et et la défendre lors de la nouvelle tentative d'invasion en 1807,
alors que les troupes coloniales brillaient par leur absence (1).
En
moins d'un an, San Martín avait réussi à former une unité d'une
redoutable efficacité comme elle le prouva contre les forces
absolutistes à San Lorenzo, le 3 février 1813 (voir mon article du 3 février 2013 et celui du 3 février 2014).
Par
la suite, cet escadron, devenu un véritable régiment, aussi
resserré en effectif que redoutable dans le combat, devait accumuler
les victoires et les exploits : c'est lui qui fournit l'ossature
technique de l'Armée des Andes, le corps expéditionnaire légendaire
qui, parti de Mendoza à la mi-janvier, libéra le Chili le 12
février 1817 (on a vu ça le 12 février dernier) et c'est encore
lui qui fournit le noyau dur des forces terrestres de l'Armée
libératrice du Pérou, qui provoqua la chute de Lima et le début de
la décolonisation du Pérou, en juillet 1821 (voir mon article du 21 novembre 2012).
En
1826, Bernardino Rivadavia (1780-1845) prononça la dissolution du
régiment.
Aujourd'hui,
l'explication que le régiment donne lui-même de cette dissolution
doit ne fâcher personne.
C'est d'ailleurs bien là le rôle de ce corps : parmi ses
missions, il y a celle d'être un symbole de l'unité nationale. Le
régiment aurait donc été dissous parce qu'il avait atteint le but
qui lui avait été assigné par le triumvirat : assurer
l'indépendance du sud du sous-continent. Ce qu'il l'a préservé
d'intervenir dans des guerres intra-américaines si contraires aux
principes qui avaient présidé à sa fondation par San Martín :
guerres civiles entre unitaires et fédéraux, puis entre fédéraux
portègnes et fédéraux littoraux, mais aussi contre le Chili et le
Paraguay et pire encore contre les Indiens dans la mal nommée
Conquête du Désert (2), conflits peu glorieux qui ont entaché
l'histoire argentine tout au long du XIXème
siècle. Prenons donc acte de cette interprétation a minima et
acceptons-la tant que l'Argentine ne pourra surmonter ses difficultés
à aborder son histoire de manière consensuelle (3), avec la rigueur
qui s'impose aux sciences humaines... (4)
Petit documentaire édité par le RGC et qui retrace son histoire
La réalité historique est, à n'en pas douter, beaucoup plus accidentée : la dissolution du régiment a été décidée par Bernardino Rivadavia, l'année où il accéda aux fonctions de Président des Provinces-Unies du Río de la Plata, fonctions dont il fut le premier titulaire. Or depuis 1812, Rivadavia était l'ennemi irréductible de San Martín, qui s'était alors retiré dans un exil discret à Bruxelles. L'inimitié entre eux était née très tôt, sans doute dès le mois de mars 1812, au cours de leur première rencontre. Or de tout ce que San Martín avait accompli en Amérique, il ne restait en 1826 que le souvenir d'exploits militaires inégalables et une seule institution publique toujours debout : ce régiment, auréolé de gloire pour tous les habitants de ce qui allait devenir l'Argentine que nous connaissons. Il est plus que probable que Rivadavia a voulu l'abattre à cause de son allégeance sans faille à son chef historique...
Le
régiment a été ressuscité en 1903 comme symbole d'unité
nationale avec pour mission militaire la sécurité des personnalités
nationales, en premier lieu celle du chef de l'Etat, des membres du Gouvernement et des bâtiments
officiels de la République argentine. Son uniforme de parade lui a
été attribué peu après, alors que le pays tout entier se
mobilisait progressivement pour son centenaire. C'est, à peu de
choses près, l'uniforme ordinaire que San Martín avait dessiné en
1812, en usant avec sobriété des codes et règles en vigueur en
Europe : bottes de cavalier, pantalon marine à bande écarlate,
habit marine à retroussis écarlates, baudrier blanc, sabre ottoman,
épaulettes à franges et shako marine avec galon d'élite et cocarde
nationale.
Aujourd'hui,
c'est une unité d'exception, que l'on intègre par cooptation, en
fonction de ses états de service et sous réserve de la taille
corporelle réglementaire (modèle armoire à glace !).
Interview du porte-parole du RGC par les élèves de radio d'ETER, célèbre école de communication
pour les 200 ans du régiment en 2012
pour les 200 ans du régiment en 2012
A part quelques menus problèmes de raccord dans la posture de l'officier
c'est un chef-d'œuvre du genre.
Sept minutes d'argentin sans sous-titre (vous respirez un bon coup et vous cliquez sur Play !)
Sept minutes d'argentin sans sous-titre (vous respirez un bon coup et vous cliquez sur Play !)
* * *
San Martín par lui-même
et par ses contemporains, Denise Anne Clavilier, Editions du Jasmin.
A paraître début mai 2014.
En souscription jusqu'au
30 avril, au prix de lancement de 20 € (au lieu de 24,90).
Episode n° 6 de la
présentation
Pour lire les cinq autres
épisodes, cliquez sur le mot-clé SnM ant Jasmin dans le bloc Pour
chercher, para buscar, to search, ci-dessus.
* * *
A une date qui n'est pas
fixée avec exactitude mais qui ne peut être que très précoce, en
mars ou avril 1812, San Martín fixa les modalités de fonctionnement
de ce qui n'était encore qu'un escadron avec une quinzaine
d'officiers, dont deux au moins étaient arrivés avec lui sur la
George Canning (Alvear et Zapiola) et dont plusieurs devinrent pour
lui des amis à vie.
C'est ainsi qu'en ces
temps troublés, il institua une réunion de service dont le modèle
lui fut inspiré par sa longue expérience d'officier dans une
Espagne qui avait inventé l'armée moderne vers 1768, celle qui, à
l'inverse des armées mercenaires, est subordonnée au pouvoir
exécutif (au lieu d'être sa propre maîtresse), se contente de sa
solde là où les mercenaires arrondissaient leurs fins de mois grâce aux butins et aux pillages, doit respecter la population civile
et ses biens, prête serment à une instance supérieure nationale,
symbolisée en Espagne par le drapeau, etc.
Voici le texte qui
l'établit, une mesure qui fit de cet outil de la révolution qu'était
l'armée nationale embryonnaire une institution acceptée,
appréciée et admirée par l'ensemble de la population, à l'inverse
des armées napoléoniennes qui se firent haïr dans toute l'Europe
et en France même pour la brutalité de leurs mœurs. Et San Martín
le savait, lui qui avait combattu d'abord dans l'Espagne alliée
forcée de la République puis de l'Empire et ensuite contre les
troupes de Joseph Bonaparte, dans la guerre d'indépendance
d'Espagne, que les francophones connaissent très mal. Et pour cause ! ils étaient alors du côté de l'envahisseur, qui
sera bouté hors de la Péninsule après six ans de la
résistance acharnée des patriotes ibériques.
San Martín était convaincu de l'efficacité de l'exemple venu d'en haut, dont il avait éprouvé le caractère contagieux en vingt ans de carrière espagnole. Une conception du pouvoir dont un certain nombre de nos dirigeants, politiques et économiques, en Europe comme en Amérique, n'aurait pas tort de s'inspirer.
Ajout du 17 mars 2014 Photo commémorative publiée par le RGC sur sa page Facebook |
San Martín était convaincu de l'efficacité de l'exemple venu d'en haut, dont il avait éprouvé le caractère contagieux en vingt ans de carrière espagnole. Une conception du pouvoir dont un certain nombre de nos dirigeants, politiques et économiques, en Europe comme en Amérique, n'aurait pas tort de s'inspirer.
Aujourd'hui, les
grenadiers à cheval considèrent toujours le code d'honneur que San
Martín établit à la fin du document comme partie intégrante de
leurs statuts.
Cada domingo del mes deben reunirse
todos los oficiales y cadetes en casa del comandante del regimiento.
Éste abre la sesión por un pequeño discurso en que demuestra la
utilidad de tal establecimiento y la obligación que tiene todo
oficial de honor de no permitir en el seno del cuerpo ninguno que no
corresponda a él.
Chaque dimanche du mois, tous les
officiers et cadets doivent se retrouver chez le commandant du
régiment. Celui-ci ouvre la séance avec un petit discours qui
démontre l'utilité d'une telle institution et l'obligation qui
repose sur chaque officier d'honneur de n'accepter au sein du corps
personne qui en soit indigne.
Concluido el discurso mandará salir
oficial por oficial a otra pieza en la que habrá unas tarjetas en
blanco para que cada uno escriba lo que haya notado en la
comportación de algún compañero.
Une fois le discours terminé, il fera
sortir chaque officier un par un dans une autre pièce où il y aura
des bulletins vierges pour que chacun écrive ce qu'il aura remarqué
dans le comportement de l'un ou l'autre de ses camarades.
Concluido esto se levantará el
sargento mayor o el capitán más antiguo en defecto de éste, y
correrá el sombrero en el que cada oficial depositará su papeleta
con la mano cerrada para introducirla. Recogidas que sean las pasarán
al jefe principal para que las revise en secreto y si encontrare
alguna acusación y el acusado se hallase presente lo mandará salir,
lo que verificado hará presente al cuerpo de oficiales la papeleta
que ha dado motivo a la salida anterior.
Ceci fait, le commandant, ou le
capitaine le plus ancien en l'absence de celui-ci, se lèvera et fera
circuler le chapeau dans lequel chaque officier déposera son papier
en fermant le poing au moment de l'y mettre. Dès qu'ils seront
collectés, il les passera au chef de corps pour qu'il en prenne
connaissance en secret et s'il trouve une dénonciation et que
l'accusé se trouve présent, il le fera sortir et ceci fait, il
produira devant l'ensemble des officiers le papier ayant donné motif
à la sortie sus-dite.
Cada oficial tiene derecho para hablar
sobre el particular que se propone, lo que discutido a satisfacción,
se nombrará una comisión de tres oficiales que será a elección de
todo el cuerpo para la averiguación del hecho; pero dichos oficiales
deberán ser más antiguos y de superior graduación que el acusado.
Chaque officier a le droit de
s'exprimer sur le point qui se présente, et une fois que l'affaire
aura été discutée autant que de besoin, on nommera une commission
de trois officiers qui sera choisie par tout le corps pour instruire
l'affaire. Mais ces officiers devront avoir plus d'ancienneté que
l'accusé et un grade supérieur.
Hecha la averiguación, se citará a
junta extraordinaria a la que la comisión de residencia hará
presente el encargo que se le ha confiado, y según lo que resulte de
la exposición se volverá a discutir sobre ello, cuya discusión
concluida, se pasará a votación secreta; es decir, por papeletas y
en los mismos términos que se verifican las acusaciones; pero
firmando cada oficial su dictamen que, poco más o menos, deberá ser
concebido en estos términos : « El teniente don fulano de tal no es
acreedor a alternar con sus honrados compañeros » o « el teniente
don fulano de tal es acreedor a ser individuo del cuerpo ».
L'instruction faite, on convoquera une
réunion extraordinaire à laquelle la commission instituée
présentera la charge qui lui a été confiée et selon ce qui
résultera de cette exposition, on reprendra la discussion sur
l'affaire. Une fois cette discussion conclue, on passera à un vote
secret, c'est-à-dire avec des bulletins et dans les mêmes
conditions que celles qui s'appliquent pour les dénonciations mais
chaque officier signera son jugement qui devra être rédigé plus ou
moins dans ces termes : "le
lieutenant Untel ne doit pas rester parmi ses honorables camarades"
ou "le lieutenant
Untel peut rester membre du corps".
La penalidad de éstos será lo que
decida la suerte del oficial y en caso de empate el del jefe general
valdrá por dos.
Le verdict posé par eux sera ce qui
décidera du sort de l'officier et en cas d'égalité de voix, celle
du chef suprême comptera double.
Si el oficial acusado saliese inocente
se le hará entrar a presencia de todo el cuerpo de oficiales y se le
dará una satisfacción por el presidente.
Si el oficial acusado saliese reo, se
nombrará una comisión de un oficial por clase, para anunciarle que
el respetable cuerpo de oficiales manda pida su licencia absoluta y
que en el ínterin que ésta se le concede no se presente en público
con el uniforme del regimiento y en caso de contravenir le será
arrancado a estocadas por el primer oficial que le encuentre.
Si l'officier accusé est déclaré
innocent, on l'introduira en présence de tout le corps des
officiers et le président lui fera réparation.
Si l'officier accusé est déclaré
coupable, on nommera une commission d'un officier de chaque grade
pour lui annoncer que le respectable corps des officiers lui mande de
le prier de demander son congé définitif et le temps que celui-ci
lui soit accordé il ne se présentera plus en public avec l'uniforme
du régiment et au cas où il y contreviendrait, cet uniforme lui
sera arraché à l'estocade par le premier officier qui le rencontra.
Delitos por los cuales deben ser
arrojados los oficiales
1° Por cobardía en acción de
guerra, en la que aun agachar la cabeza será reputado tal.
2° Por no admitir un desafío, sea
justo o injusto.
3° Por no exigir satisfacción
cuando se halle insultado.
4° Por no
defender a todo trance el honor del cuerpo cuando lo ultragen
a su presencia o sepa ha sido ultrajado en otra parte.
5° Por trampas infames como de
artesanos.
6° Por falta de integridad en el
manejo de intereses, como no pagar á la tropa el dinero que se le
haya suministrado para ella.
7° Por hablar mal de otro compañero
con personas u oficiales de otros cuerpos.
8° Por publicar las disposiciones
interiores de la oficialidad en sus juntas secretas.
9° Por familiarizarse en grado
vergonzoso con los sargentos, cabos y soldados.
10° Por poner la mano a cualquiera
mujer aunque haya sido insultado por ella.
11° Por no socorrer en acción de
guerra á un compañero suyo que se halle en peligro, pudiendo
verificarlo.
12° Por presentarse en público con
mujeres conocidamente prostituidas.
13° Por concurrir a casas de juego que
no sean pertenecientes a la clase de oficiales, es decir, jugar con
personas bajas e indecentes.
14° Por hacer un uso inmoderado de la
bebida en términos de hacerse notable con perjuicio del honor del
cuerpo.
Délits pour lesquels les officiers
doivent être exclus
1. Par lâcheté au combat, au cours
duquel le seul fait de baisser la tête sera considéré comme tel.
2. Pour n'avoir pas accepté un défi,
qu'il soit juste ou injuste.
3. Pour n'avoir pas exigé réparation
quand il se trouve insulté
4. Pour n'avoir pas défendu à tout
prix l'honneur du corps quand celui-ci est bafoué en sa présence ou
qu'il apprend qu'il l'a été ailleurs
5. Pour d'ignobles fraudes de maquignon
6. Pour manque d'intégrité dans
l'administration pécuniaire comme de ne pas payer aux soldats
l'argent qui lui a été remis pour eux (5)
7. Pour avoir médit d'un autre
compagnon auprès de personnes ou d'officiers d'autres corps
8. Pour avoir publié les dispositions
internes du corps des officiers prises en réunion secrète
9. Pour s'être montré familier à un
degré inconvenant avec les sergents, les caporaux et les soldats
10. Pour avoir levé la main sur
n'importe quelle femme même si celle-ci l'a insulté
11. Pour ne pas avoir secouru au combat
un de ses compagnons qui se trouve en danger alors qu'il est en
mesure de le faire
12. Pour s'être présenté en public
avec des femmes notoirement prostituées
13. Pour avoir fréquenté des cercles
de jeu autres que ceux des officiers, soit avoir joué avec des gens
vils et licencieux (6)
14. Pour avoir fait un usage immodéré
de la boisson dans des conditions qui en font un acte public et
portent atteinte à l'honneur du corps.
Yo estoy seguro que los oficiales de
honor tendrán un placer en ver establecidas en su cuerpo unas
instituciones que los garantizan de confundirse con los malvados y
perversos, y me prometo (porque la experiencia me lo ha demostrado)
que esta medida les hará ver los más felices resultados, como la
segura prosperidad de las armas de la patria.
Je suis certain que les officiers
d'honneur auront plaisir à voir établies entre eux des règles qui
les préservent d'être confondus avec les scélérats et les vicieux
et parce que l'expérience me l'a démontré, je gage que cette
mesure leur vaudra les plus heureux résultats, comme la prospérité
certaine des armes de la patrie.
Nota. - El cuerpo de oficiales tiene un
derecho de reprender (por la voz de su jefe) a todo oficial que no se
presente con aquel aseo propio del honor del
cuerpo, y en caso de reincidencia sobre este defecto, quedan
comprendidos en los artículos de separación de él.
Domingo Albariño
Hipólito B[o]uchard
Manuel Soler
Lino R. de Arellano
Ladislao Martínez
Rufino Guido
Carlos Bowness
José María Urdininea
Mariano Necochea
Luis José Pereyra
Anselmo Vergara
Ángel Pacheco
Juan Manuel Blanco
José Hilario Basavilbaso (7)
Nota Bene : le corps des officiers
dispose d'un droit à reprendre, par la voix de leur commandant, tout
officier qui ne se présente pas dans la tenue et la propreté qui
sied à l'honneur du corps et en cas de récidive sur ce défaut, ce
cas se trouve compris dans les causes de renvoi des officiers.
Suivent les signatures de tous les
officiers appartenant à l'escadron du 16 mars 1812.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Source : Documentos
del Archivo de San Martín, tome 2, Museo Mitre (8), Buenos Aires,
1910, pp 10-12
Le
moins qu'on puisse dire est que San Martín se montrait très exigeant.
En ces temps de révolution et d'utopie, ces vues élevées ont galvanisé les officiers qu'il a recrutés, ce qui a sans doute joué un rôle immense dans le succès de ses armes.
Du côté absolutiste, au contraire, plus le temps a passé, plus la moralité de la hiérarchie s'est corrompue, au fur et à mesure que la légitimité du combat passait du côté révolutionnaire et indépendantiste aux yeux des Américains comme des Européens.
En 1817 déjà, les ennemis de San Martín brillent par leur peu de courage et au plus haut niveau, on assiste à des abandons d'une lâcheté insigne, comme ce fut le cas de Francisco Marcó qui chercha à fuir devant le désastre de Chacabuco et pire encore, celui de Mariano Osorio, qui quitta le champ de bataille de Maipú vers 15h, alors que le combat n'a cessé qu'à 18h, et abandonna même dans sa fuite et par traîtrise une partie du détachement qu'il avait détourné pour lui servir d'escorte.
En ces temps de révolution et d'utopie, ces vues élevées ont galvanisé les officiers qu'il a recrutés, ce qui a sans doute joué un rôle immense dans le succès de ses armes.
Du côté absolutiste, au contraire, plus le temps a passé, plus la moralité de la hiérarchie s'est corrompue, au fur et à mesure que la légitimité du combat passait du côté révolutionnaire et indépendantiste aux yeux des Américains comme des Européens.
En 1817 déjà, les ennemis de San Martín brillent par leur peu de courage et au plus haut niveau, on assiste à des abandons d'une lâcheté insigne, comme ce fut le cas de Francisco Marcó qui chercha à fuir devant le désastre de Chacabuco et pire encore, celui de Mariano Osorio, qui quitta le champ de bataille de Maipú vers 15h, alors que le combat n'a cessé qu'à 18h, et abandonna même dans sa fuite et par traîtrise une partie du détachement qu'il avait détourné pour lui servir d'escorte.
Extrait du JT de Canal 7, la chaîne généraliste publique, le 16 mars 2012
Les
comportements dignes, comme ce fut le cas à Quito en 1822, pour le dernier
vice-roi de la Nouvelle-Grenade, le général Juan de la Cruz
Mourgeón, lui qui, encore lieutenant-colonel, avait eu le jeune
capitaine San Martín sous ses ordres en Espagne, au combat de
Arjonjilla en juin 1808, ont été de plus en plus rares alors que de
l'autre côté, le prestige des grenadiers à cheval de Buenos Aires
grandissait dans l'opinion publique, jusqu'à l'étranger.
Ce
prestige qui s'étendait dans tout l'Occident, on peut le percevoir
dans les souvenirs que publièrent les acteurs britanniques de cette
aventure (Basil Hall, William Miller, Samuel Haigh). Dans les
années 1820, ils citent le nom du régiment en gardant la désignation
espagnole (granaderos a caballo), alors qu'ils traduisent tout le
reste. Bien entendu, ils ont tout à fait la possibilité d'adopter un
lexique anglais pour parler d'un tel régiment (des grenadiers à
cheval, il y en avait eu pléthore dans les guerres révolutionnaires
et napoléoniennes, dans toutes les armées belligérantes. Ce n'était en aucune façon une invention
exotique de San Martín).
Extrait des archives vidéo de la Casa Rosada
Hommage aux Grenadiers à cheval l'année dernière,
pour l'anniversaire du régiment
pour l'anniversaire du régiment
présidé par les deux jeunes premiers de la République
le vice-président, Amado Boudou (au micro)
et le Premier ministre d'alors, Juan Manuel Abal Medina
et le Premier ministre d'alors, Juan Manuel Abal Medina
Un protocole très différent de nos usages en pareilles circonstances.
Et tout le monde chante, comme toujours en Argentine
Tout cela fait qu'il est normal qu'en Argentine, les garçonnets réclament un uniforme de grenadier à cheval pour aller à l'école aux alentours du
25 mai, la fête nationale, et du 17 août, le Día de San Martín...
* * *
Prochain rendez-vous de
présentation de ce nouveau libre à paraître en mai : le
mercredi 19 mars 2014.
Le 19 mars est un jour
très particulier parmi toutes les éphémérides de José de San
Martín. C'est la date du seul revers militaire de sa vie en
Amérique... Mais je ne pense pas vous parler encore de plaies et de
bosses ce jour-là, car j'ai réuni dans San Martín par lui-même et
par ses contemporains la plupart des documents pertinents sur cet
épisode qui porte le nom de surprise de Cancha Rayada. Ces documents
ont été rédigés les uns en espagnol (par San Martín lui-même et
par Tomás Guido), les autres en anglais (par un militaire, William
Miller, et un civil, Samuel Haigh). Certes, j'aurais pu y ajouter (9)
l'orgueilleux rapport du vainqueur, paru quelques mois plus tard,
dans la Gazette de Madrid, à la place d'honneur.
Le général Osorio s'est
si bien vanté de son exploit, que l'on peut percevoir entre les
lignes la conscience qu'il a de son infériorité tactique et
stratégique et qu'il ne parvient pas tout à fait à occulter. Il a
lui-même du mal à croire qu'il a pu disperser la forte armée, deux
fois plus grosse que la sienne, de San Martín. Ce qui explique
peut-être qu'il se soit si piètrement comporté trois semaines plus
tard, lorsque San Martín jeta contre lui toutes les forces
chiliennes, confortées par l'enjeu politique (la liberté du Chili)
et la volonté, dont témoigne Samuel Haigh, de compenser la
dispersion subie dans la soirée du 19 mars précédent.
Or le 19 mars prochain, j'enregistrerai aussi une interview en espagnol qui sera diffusée le lendemain à l'antenne de RAE.
Et comme tout doit se finir en musique et en chanson dans ce blog, après mes articles sur l'hymne national, sur l'hymne au Libertador général San Martín et à la Marche de San Lorenzo, pourquoi ne pas se mettre dans les oreilles ce chef d'œuvre patriotique de la musique cuyaine qu'est Sesenta Granaderos (soixante grenadiers), une libre interprétation d'un épisode de la vie de San Martín, lorsqu'en janvier 1820 il dût repasser de Mendoza au Chili, malade au plus haut degré, dans une litière portée par quelques uns de ses hommes les plus fiables en ces temps de guerre civile...
Un texte légèrement bègue et une musique à vous donner envie de danser, par la musique du régiment sur la place d'armes de la caserne de Palermo.
Et comme tout doit se finir en musique et en chanson dans ce blog, après mes articles sur l'hymne national, sur l'hymne au Libertador général San Martín et à la Marche de San Lorenzo, pourquoi ne pas se mettre dans les oreilles ce chef d'œuvre patriotique de la musique cuyaine qu'est Sesenta Granaderos (soixante grenadiers), une libre interprétation d'un épisode de la vie de San Martín, lorsqu'en janvier 1820 il dût repasser de Mendoza au Chili, malade au plus haut degré, dans une litière portée par quelques uns de ses hommes les plus fiables en ces temps de guerre civile...
Un texte légèrement bègue et une musique à vous donner envie de danser, par la musique du régiment sur la place d'armes de la caserne de Palermo.
* * *
Pour participer à la
souscription de San Martín par lui-même et par ses contemporains, à
paraître en mai 2014, téléchargez le bon de souscription en format pdf.
Jusqu'au 30 avril,
l'ouvrage de 384 pages est vendu au prix de lancement de 20 € (au
lieu de 24,90).
Plus d'informations sur le
site de la maison d'édition et le mien.
Pour lire d'autres
documents historiques avant la parution du nouveau recueil :
l'article de la Gaceta de Buenos Aires du 5 février 1813 (attention : la traduction en
français n'est pas publiée en ligne, je l'ai réservée pour San
Martín par lui-même et par ses contemporains, où on la trouvera à
la page 37)
le rapport du cabildo de Mendoza sur l'action politique et militaire de son
gouverneur-intendant qu'il voulait voir honorer par le Congrès de
Tucumán (1816)
l'article de la Gaceta de Buenos Aires sur la victoire de San Martín à Chacabuco (12 février
1817), dûment traduit en français
les articles du Journal des Débats à Paris sur cet événement contraire aux intérêts de
l'Espagne de Fernando VII
l'article du Diario Constitucional de Barcelona sur l'expédition de San Martín contre
Lima, capitale du vice-royaume du Pérou
les notes du capitaine Basil Hall sur l'entrevue qu'il a eue avec San Martín devant la côte
de Lima trois semaines avant la chute de la ville
les notes de Basil Hall
sur le comportement privé de San Martín pendant la campagne du
Pérou
l'analyse de l'action de San Martín au Pérou, dressée en 1840 par le Français Gabriel
Lafond
et quelques lettres concernant Remedios de Escalada, la trop discrète épouse du générale.
et quelques lettres concernant Remedios de Escalada, la trop discrète épouse du générale.
Pour en savoir plus sur
l'ensemble des auteurs qui constituent ce recueil, voyez l'article
que je leur ai consacré le 21 février 2014.
Pour
en savoir plus :
cliquez
sur le mot-clé SnM
ant Jasmin,
dans le bloc Pour
chercher, para buscar, to search,
ci-dessus pour lire les autres articles se reportant à cet ouvrage.
Vous
pouvez aussi écouter en ligne les interviews que j'ai données sur
le même sujet en mai dernier à Jordi Batallé, de RFI espagnol et
en août à Darío Bursztyn sur les ondes de Radio Nacional, en
attendant celle qui sera diffusée le 20 mars prochain à 20h30
(heure de Buenos Aires) sur RAE et que conduira Leonardo Liberman.
Ce
nouvel entretien sera en ligne dès le lendemain, sur le blog de RAE
espagnol et sur son propre blog, El Mirador Nocturno.
(1)
En 1806, l'Espagne avait depuis longtemps rapatrié la crème de ses
troupes coloniales pour répondre d'abord aux menaces que faisaient
peser à sa frontière nord la France Révolutionnaire, jusqu'en
1793, ensuite contre les attaques britanniques le long des côtes
atlantiques et méditerranéennes, une fois qu'elle a été obligée
de s'allier à la France par la paix de Bâle (1794) jusqu'à
Trafalgar (1805), qui détruisit quasiment toute la flotte nationale
et suspendit presque complètement les liens maritimes avec l'empire.
Et le comble fut mis à cette situation militaire désastreuse quand
Napoléon décida l'invasion subreptice de la Péninsule à la toute
fin de 1807, en profitant de la sottise et de la vanité du chef du
gouvernement espagnol, le tristement célèbre Manuel Godoy. Dans les
colonies, ne restaient alors que des troupes peu résistantes et mal
entraînées, seulement capables de s'enfoncer dans les terres avec
le vice-roi et le trésor public, pour tenir l'un et l'autre hors de
portée des ennemis. Ces troupes laissèrent donc la population
civile faire face à l'invasion, favorisant ainsi l'évolution des
milices de supplétifs en véritables régiments comme le régiment
de Patricios, qui, sous les ordres de son colonel, Cornelio de
Saavedra, fut le fer de lance de la Révolution de Mai en 1810. C'est
ce régiment, avec son uniforme de parade si typique des années
1810, qui rend les honneurs aux instances constitutionnelles de la
Ville Autonome de Buenos Aires.
(2)
La Conquête du Désert, conduite par le général Julio Argentino
Roca, avait pour but de vider la Patagonie de ses habitants indiens,
essentiellement mapuches, s'est déroulée de 1878 à 1885. C'est un
épouvantable épisode de l'histoire argentine qui relève de ce
qu'on appelle aujourd'hui un génocide mais à cette époque-là,
l'homme de culture européenne n'avait aucune conscience de cette
dimension anthropologique d'une telle guerre. La statue de Roca a été
érigée en bonne place, à l'angle de la rue Perú et de la Diagonal
Sur, à Buenos Aires. Un grand nombre de villes et de départements
portent son nom dans tout le territoire argentin. A l'issue de cette
sinistre conquête, Roca a été élu président de la Nation, en
1898.
(3)
Aujourd'hui, les officiers du RGC ont, comme n'importe quel autre citoyen argentin, leurs propres convictions
politiques (chez certains, elles se repèrent sans trop de peine) et
malgré cela, sur l'histoire, ils se révèlent d'une rare ouverture
d'esprit, encore plus rare quand on considère le degré de
crispation qui existe en Argentine. J'ai été surprise de leur
capacité à mettre de côté leurs postures partisanes pour
approcher la réalité historique. J'ai eu l'occasion de parler avec
des civils, notamment dans le milieu universitaire, qui vous assènent
plus de certitudes qu'ils ne font preuve d'ouverture d'esprit, de
curiosité intellectuelle et de capacité de débattre. Comme quoi,
l'Argentine est un pays où il faut vraiment se méfier de nos
préjugés !
(4)
Les historiens argentins, même les plus virulents à gauche, n'ont
jamais jeté le doute sur l'intégrité du régiment et sa loyauté
aux institutions légales (Congrès, Constitution, etc). Il n'a
jamais été accusé, en tout cas un tant soit peu validement,
d'avoir trempé dans les complots putschistes ou les révolutions de
palais fomentés par certains corps de l'armée, que ce soit dans la
marine, l'aviation ou l'armée de terre. En revanche, conservant une
stricte neutralité, le RGC a toujours, sans état d'âme collectif
extériorisé, exercé ses missions d'escorte présidentielle, y
compris auprès de criminels consommés qui avaient pris le pouvoir
par la force.
(5)
C'est alors le rôle du capitaine de remettre leur solde aux éléments
de sa compagnie. Dans les années 1830, San Martín s'est fâché à
jamais avec son beau-frère Manuel Escalada dont il avait su qu'il
s'était livré à des malversations alors qu'il lui avait confié,
les yeux fermés, la gestion de ses propres biens en Argentine. La
rupture entre les deux hommes a été violente, malgré la distance.
C'est peut-être à elle que l'on doit les rumeurs répandues par la
famille Escalada au XXème
siècle contre San Martín et même contre Remedios, longtemps après
leur disparition. En effet, des fils de don Antonio de Escalada, seul
Manuel a eu une descendance qui lui a survécu. Or ses enfants n'ont
connu ni leur oncle ni leur tante. Ils sont donc susceptibles d'avoir
pris le parti de leur père contre celui d'un oncle par alliance,
inconnu et perdu dans un lointain exil en Europe. En revanche, la
sœur de Manuel et de Remedios, Nieves, semble avoir conservé
jusqu'au bout d'excellentes relations avec San Martín et avec sa
nièce, Mercedes, ainsi que sa petite-nièce Josefina.
(6)
La société était alors constituée en classes sociales distinctes
dont il était tout simplement inenvisageable qu'elles se mêlent les
unes aux autres, même à l'église, dans les plus grandes occasions
comme Pâques ou Noël. Chacune se voyait attribué un carré où
s'installer en toute formalité. Quand des personnes de rang
différent entraient en contact, les codes de comportement
hiérarchiques qui régissaient leur relation étaient si rigides que
les enfreindre ne pouvait être interprété qu'en mauvaise part.
D'un comportement fautif en la matière, on inférait aussitôt que
la personne coupable d'une telle faute ne pouvait être motivée que
par des intentions inavouables (escroquerie, ivrognerie, ambition
démesurée et autres vices). Dans San Martín par lui-même et par
ses contemporains, on verra que lorsqu'il évoque Bolívar, San
Martín le juge d'abord à travers ce manque de respect qu'il
affichait bruyamment pour ce type de contraintes sociales, un
comporement dont il a été témoin et qui lui a souverainement
déplu. D'autant que ces formalités rigoureuses ne l'ont jamais
empêché lui-même de se montrer très accessible aux humbles mais
sans doute savait-il respecter les convenances sans y mettre
l'arrogance et les airs hautains dans lesquels tombaient tant et tant
de supérieurs, parfois même sans s'en rendre compte.
Dans
le monde hispanique auquel appartiennent les Provinces du Río de la
Plata, très influencé par la morale catholique la plus stricte, le
jeu d'argent est très étroitement encadré. Dans la République
argentine, le jeu est même officiellement interdit jusque dans les
années 1970, quand l'Etat instituera un monopole officiel des jeux
de hasard. Néanmoins le jeu a toujours existé et les paris
hippiques, par exemple, ont toujours été tolérés au grand jour.
Ils fournissent même l'une des thématiques majeures du répertoire
du tango à texte.
Ces règles et usages n'ont cependant jamais empêché San Martín de les transgresser pour des raisons stratégiques et tactiques supérieures. C'est ainsi qu'il lui est arrivé plus souvent qu'à son tour de se déguiser en paysan pour aller de nuit ou juste avant l'aurore rencontrer tel ou tel de ses espions de retour du Chili lorsqu'il vivait à Mendoza ou en provenance du Pérou lorsqu'il était à Santiago. Quelques rares observateurs en ont été témoins qui n'ont pas compris l'étrange comportement du général en chef.
Ces règles et usages n'ont cependant jamais empêché San Martín de les transgresser pour des raisons stratégiques et tactiques supérieures. C'est ainsi qu'il lui est arrivé plus souvent qu'à son tour de se déguiser en paysan pour aller de nuit ou juste avant l'aurore rencontrer tel ou tel de ses espions de retour du Chili lorsqu'il vivait à Mendoza ou en provenance du Pérou lorsqu'il était à Santiago. Quelques rares observateurs en ont été témoins qui n'ont pas compris l'étrange comportement du général en chef.
(7)
Les deux beaux-frères de San Martín, Manuel et Mariano de Escalada,
ne figurent pas parmi ses signataires. Ils font pourtant partie des
tout premiers engagés dans l'escadron des Grenadiers à cheval. Ils
ont figuré dans le combat de San Lorenzo, l'aîné, Manuel, comme
sous-lieutenant et le cadet encore comme cadet. De même on observe
une absence de taille : celle de Carlos María de Alvear, l'un
des officiers de la cellule fondatrice, qui s'éloignera très vite
de ce corps pour développer tout seul et au gré du vent une
carrière militaire et politique qu'il aurait voulu aussi brillante
que celle de San Martín.
(8)
Sur le musée Mitre, voir mon article du 3 janvier 2014 sur une des
journées du programme culturel que je vous propose avec l'agence de
voyage équitable Human Trip.
(9)
Pour que l'ouvrage reste abordable dans un format confortable à lire
et à feuilleter, je ne pouvais guère dépasser le format de Barrio
de Tango, soit pas plus de 384 pages. Mais sur la seule période
américaine de San Martín, les documents intéressants (ils le sont
tous) pourraient occuper vingt fois plus de volume, surtout s'il faut
les présenter en version bilingue pour un public non hispanophone.