mardi 19 décembre 2017

Le Gouvernement argentin persiste et signe [Actu]

La Prensa est le seul quotidien national qui montre à sa une la violence des deux côtés
La scène se passe sur Plaza de Congreso
En arrière-plan, on reconnaît
la silhouette capitoline du Congreso de la Nación, le parlement fédéral
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Malgré les troubles graves dans la rue, fomentés selon la droite par une gauche antidémocratique, la Chambre des Députés a voté à une assez large majorité (128 oui, 116 non et 2 abstentions) la réforme de l'indexation des minimums vieillesse, qui va faire baisser considérablement l'espérance de niveau de vie des retraités les plus modestes au cours de l'année 2018. Cela faisait une semaine que les manifestations se succédaient pour dénoncer cette politique à l'égard d'une partie de la population qui ne dispose d'aucun recours puisqu'elle n'est plus active et ne peut rien attendre de la croissance de l'emploi que leur sacrifice est censé rendre possible.

A la une de La Nación, la photo d'un ancien candidat à la députation
qui tire sur les forces de l'ordre avec une arme bricolée et improbable
Cet homme aux longues tresses, tout de rouge vêtu, représentait le Frente de Izquierda,
une formation d'ultra-gauche, aux dernières élections
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De véritables rixes ont eu lieu sur la place du Congrès, avec des manifestants cagoulés et armés de bric et de broc. Il y aurait eu, selon la police, 88 blessés, dont des agents des forces de l'ordre. On peut envisager que ces activistes violents soient issus de groupes de provocateurs mais force est de constater que l'attitude peu conciliante du gouvernement argentin leur adresse un défi chargé d'une morgue assez peu pacifique et bien désagréable à constater, surtout après la première phase du mandat où le Président Mauricio Macri tâchait de manifester tout le temps une certaine forme d'empathie et de tolérance vis-à-vis de son opposition. Certes, Mauricio Macri reçoit aujourd'hui quelques représentants de l'épiscopat, à la demande de celui-ci, mais rien ne dit qu'il entamera sincèrement le dialogue auquel ils veulent inviter les deux partis, la droite et la gauche. Un bien triste contexte pour les fêtes de fin d'année, à vrai dire.

Página/12 préfère titrer : "Contre vents et marées"
sur une image de gendarme épaulant contre les manifestants
L'état de la place, d'ordinaire si agréable à vivre, fait peine à voir.
On distingue au sol les projectiles que les manifestants envoient sur les policiers

Les journaux ont choisi de construire des unes partisanes, chacun montrant ce qui va dans son sens dans les photos des manifestations et les associations de victimes de la Dictature se sont une nouvelle fois rassemblées pour réclamer une politique de redistribution sociale plus généreuse.

Clarín titre à l'inverse de Página/12 :
Avec une violence inouïe, on a tenté d'empêcher
le vote de la loi sur les retraite
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Pour aller plus loin :
lire l'article principal de Página/12, très hostile à la politique en cours
lire l'article de Página/12 sur les déclarations des associations
lire l'article de Página/12 sur l'audience que Macri doit accorder aux évêques
lire l'article de La Prensa sur le débat parlementaire
lire l'article de Clarín sur le même sujet
lire l'article de La Nación.

Ajouts du 20 décembre 2017 :
lire cet éditorial de La Prensa (journal de droite) qui traite le vote obtenu hier de "victoire à la Pyrrhus  pour le gouvernement" et estime que les arguments économiques que celui-ci a développé en sa faveur sont très contestables !
lire cet article de La Prensa sur le message de soutien des évêques aux journalistes blessés au cours des affrontements d'hier
lire l'article de La Nación sur l'arrêt d'une juge de la Ville Autonome de Buenos Aires, saisie en référé par des parlementaires kirchneristes, qui interdit aux forces de l'ordre de faire usage de leurs armes et de gaz lacrymogènes (le quotidien présente la  magistrate comme acquise de longue date au kirchnerisme et hostile à Mauricio Macri)

Ajout du 21 décembre 2017 :
Carlos Pagni, éditorialiste de La Nación, tente ce matin une analyse des sept jours de désordre et de violence que vient de traverser l'Argentine. Remontant dans le temps pour inclure dans son raisonnement l'affaire Maldonado qui a empoisonné l'hiver et le printemps, le journaliste s'efforce de démonter la stratégie de l'opposition et les options entre lesquelles le gouvernement a dû faire son choix tactique. Peu favorable à la gauche comme on peut l'imaginer et comme son auteur se garde bien de le cacher, l'analyse vaut toutefois d'être lue. Elle a beau être engagée, elle n'est pas dénuée de lucidité.