Un
mois après le dernier signe de vie du ARA San Juan, certaines
familles des sous-mariniers disparus ont fait le voyage jusqu'à
Buenos Aires pour réclamer au Congrès national la constitution
d'une commission d'enquête parlementaire, dans laquelle ils voient
la garantie que le dossier ne sera pas clos par l'exécutif.
Les parents des disparus au Congrès hier On voit bien qu'il s'agit de gens simples et qu'ils ne roulent pas sur l'or ! Photo José Larrosa |
Ils
se sont présentés hier dans l'enceinte du Congrès et certains
d'entre eux ont même été malmenés par les forces de sécurité
qui tentaient de contrôler les manifestants qui protestaient contre
la loi sur l'augmentation insuffisantes des minimums sociaux versés
aux retraités et contre la politique de rigueur que le gouvernement
a radicalisée de façon spectaculaire, aussitôt acquise la victoire
de la majorité aux élections de mi-mandat en octobre dernier.
Le
ministre de la Défense, Oscar Aguad, a nommé de son côté une
commission d'enquête accident à portée interne, constituée par
trois officiers généraux à la retraite. Parmi eux, nouvelle
bizarrerie dans cette affaire décidément hors normes, il a nommé
le père d'un des disparus, le capitaine de vaisseau en retraite
Jorge Bergallo, père du second du ARA San Juan. Il sera donc juge et partie !
Cette commission
aura, affirme le ministre, toute liberté pour enquêter, faire appel à des experts
internationaux si elle le souhaite. Pour se faire, elle disposera librement d'un budget qui lui sera affectée. Oscar Aguad espère sans doute faire ainsi baisser la tension dans
le haut commandement de la Marine où l'on craint une chasse aux
boucs-émissaires. Le ministre n'a d'ailleurs pas encore accepté formellement la
demande que quelques officiers généraux lui ont adressée de partir
en retraite, un geste théâtral pour exprimer leur solidarité avec
leur camarade relevé de son commandement par mesure disciplinaire,
choisi comme fusible pour la gestion calamiteuse de cette crise.
Enfin,
la juge d'instruction, qui enquête sur la disparition au pénal, a fait savoir qu'elle
soupçonnait des actes de corruption dans les travaux d'entretien et
de contrôle du San Juan, dont certaines pièces auraient été
remplacées par des contrefaçons.
Et
pour couronner le tout, la sœur d'un sous-officier qui servait à
bord a révélé le contenu d'un message WhatsApp de son frère qui,
le 4 novembre, alors que le sous-marin traversait le canal de Beagle,
où se divisent les eaux territoriales entre le Chili et
l'Argentine : il y dit à ses frères et sœurs que le ARA San
Juan fait l'objet d'une surveillance d'hélicoptères chiliens et
britanniques (le canal de Beagle mène aux îles Malouines, où les
Britanniques renforcent à tour de bras leurs dispositions
militaires, surtout depuis qu'on a trouvé du pétrole dans le
sous-sol sous l'océan Atlantique). Le capitaine de vaisseau Enrique Balbi,
qui est le porte-parole de la Marine, a relativisé la porté de ce
message, démentant toute attitude hostile de la part des forces
armées des deux pays voisins.
Plus
le temps passe, plus la confusion grossit.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12 qui dénonce les mauvais traitements
policiers contre les membres de la délégation des familles au
Congrès
lire
l'article de Clarín sur la formation d'une commission d'enquête
lire
l'article de Clarín sur le message du sous-officier le 4 novembre
lire
l'article de Clarín sur les soupçons de la juge d'instruction
lire
l'article de La Nación sur le malaise qui grossit dans la Marine
lire
l'article de La Nación sur la démarche des familles au Congrès
lire
l'article de La Prensa, où le journaliste analyse les effets
désastreux de la communication officielle qui ne fait rien d'autre
que semer chaque fois plus de doutes dans les esprits.
Ajout du 26 décembre 2017 :
lire cet article de La Nación sur le grand déballage dans l'état-major de la Marine, car les officiers supérieurs commenceraient à craindre les retombées judiciaires de la gestion du sous-marin disparu
Ajout du 26 décembre 2017 :
lire cet article de La Nación sur le grand déballage dans l'état-major de la Marine, car les officiers supérieurs commenceraient à craindre les retombées judiciaires de la gestion du sous-marin disparu