La rigueur ne cède rien, dit le gros titre |
Le
Gouvernement argentin fait voter actuellement le plan de financement
de sa politique sociale et il y applique la même rigueur qu'il a
mise en place depuis deux ans pour payer l'endettement du pays qui,
malgré la cruelle expérience de la faillite nationale en 2001, a
récemment procédé à de nouveaux emprunts sur le marché
international (1).
Les
retraités seront soumis à des baisses de leurs maigres avantages.
La revalorisation des minimums vieillesse et des montants des allocations sociales passera de 12% (le taux légal qui aurait dû être appliqué) à 5% au-dessus de l'inflation, dans un pays où
celle-ci se situe aux alentours de 25% l'an. Le gouvernement a
distribué aux parlementaires de sa majorité des fiches avec les éléments de langage pour le débat comme pour la presse, comme cela se pratique désormais sous toutes les
latitudes, et tout ce beau monde explique donc que, grâce à cet écheveau de mesures très compliqué, le pouvoir d'achat des anciens les plus pauvres
croîtra de 2,2% net à la fin de l'année 2018, grâce aux allocations.
Du côté des
pensions elles-mêmes, elles connaîtront quatre relèvements successives l'année prochaine :
5,7% en mars, puis 5,6% (environ) en juin, puis 4,7% en
septembre et enfin 4,2% en décembre, des taux qui restent indicatifs
et ne sont pas garantis. Selon le gouvernement, il s'agirait en tout
de 21% sur l'année, soit 5% au-dessus de l'inflation escomptée par
les analystes privés, que le gouvernement préfère aux organismes publics, comme l'INDEC et le BCRA (2). Tout cela pour que le système
d'assurance-vieillesse soit sauvé de la faillite, grâce à un
schéma durable, et que l'inflation soit finalement vaincue. On
attend de voir car les politiques de rigueur n'atteignent jamais ces
objectifs louables quand elles ne coïncident pas avec un retournement
favorable de conjoncture générale, or, depuis deux ans, on guette en vain en
Argentine les signes d'une sortie de crise et d'une progression
des investissements, que ce soit de capitaux nationaux ou étrangers.
La Nación préfère analyser le petit jeu politicien des alliances au sein de la chambre basse Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
En parallèle avec cette politique de rigueur sociale, le gouvernement affirme qu'il entend améliorer le système de santé et l'éducation nationale. Or l'adoption de mesures néolibérales se traduit toujours, à court ou moyen terme, que le pays soit industrialisé ou non, par une baisse de la qualité en matière de santé, de culture et d'éducation publiques. D'ailleurs, Página/12 dénonce ce matin qu'il n'y aura pas de nouveaux crédits pour l'INCAA, l'institut du cinéma et des arts audiovisuels, l'organisme public qui soutient la création cinématographique et télévisuelle.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12, très hostile à ces mesures
lire
l'article de La Nación, qui présente les choses sous un angle
beaucoup plus favorable.
Ajouts du 13 décembre 2017 :
lire l'article de Página/12 sur la séance plus que houleuse à la Commission des affaires sociales de la Chambre des Députés
lire l'article de La Prensa
lire l'article de Clarín
lire l'article de La Nación
lire l'article de La Nación sur l'augmentation du budget pour la gestion courante des affaires publiques, par décret, donc sans débat au Congrès
lire l'article de La Nación sur les chiffres de l'inflation de cette année, de janvier à novembre
lire l'article de Página/12, au ton plus catastrophique, sur ces mêmes chiffres
Ajouts du 13 décembre 2017 :
lire l'article de Página/12 sur la séance plus que houleuse à la Commission des affaires sociales de la Chambre des Députés
lire l'article de La Prensa
lire l'article de Clarín
lire l'article de La Nación
lire l'article de La Nación sur l'augmentation du budget pour la gestion courante des affaires publiques, par décret, donc sans débat au Congrès
lire l'article de La Nación sur les chiffres de l'inflation de cette année, de janvier à novembre
lire l'article de Página/12, au ton plus catastrophique, sur ces mêmes chiffres
(1)
Il faut aussi noter qu'il y a deux ans, lorsque le nouveau Congrès a
ouvert sa session, l'une des premières mesures qu'ont prises les
élus a été de revaloriser, très généreusement, leurs propres
indemnités parlementaires, alors que la majorité parlait déjà de
mettre tout le monde au régime sec, pour remédier à l'état
désastreux des finances laissé par le gouvernement précédent,
tout cela au nom de l'orthodoxie néolibérale.
(2)
L'Indec est l'institut des statistiques et des recensements et le
BCRA est la banque (banco) centrale de la République argentine, l'autorité monétaire nationale.