A
la fin de la semaine dernière, on a appris la révocation du
ministre de la Culture du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos
Aires et son remplacement immédiat. En deux ans, le ministère, qui
avait été d'une rare stabilité sous Mauricio Macri, avec Hernán
Lombardi (1) à sa tête, aura connu rien moins que trois titulaires.
Cela fait beaucoup.
Le
ministre sortant était un compositeur de spectacles, revues et
comédies musicales, auquel le Chef du Gouvernement municipal
reproche de s'intéresser beaucoup plus à sa carrière artistique
qu'à ses responsabilités gouvernementales. Le nouveau ministre
s'appelle Enrique Avogadro et il arrive au ministère sans susciter
beaucoup d'enthousiasme parmi les artistes et autres acteurs de la
culture dans la Ville. Página/12 profite d'ailleurs de ce changement
de titulaire pour sortir un scandale dont il n'avait guère parlé
jusqu'ici : la fermeture du Centro Afrocultural de la rue
Defensa (2), à Monserrat, où les artistes travaillaient autour du
passé esclavagiste de l'Argentine et du legs, notamment musical, des
Afro-américains dans ce pays qui a si longtemps nié cette réalité
historique.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Clarín
lire
l'article de La Nación, qui souligne l'instabilité politique au
sein du ministère
lire
l'article de Página/12 sur la fermeture du Centro Afrocultural, qui possédait un blog et une page Facebook.
(1) aujourd'hui ministre de l'audiovisuel public national et des centres culturels nationaux.
(2)
Ce centre n'avait rien de bien méchant. Je suis souvent passée
devant le bâtiment, certes l'hiver et en pleine semaine, lorsque je
remonte de l'hostel Carlos Gardel où je réside jusqu'à la
basilique du saint Rosaire, avenue Belgrano. Franchement, il n'y
avait pas de quoi fouetter un chat. C'était l'un des centres de
culture underground qui foisonnent (ou foisonnaient) à Buenos Aires
mais que cette nouvelle administration municipale semble avoir dans
le collimateur. Quelques riverains se plaignaient du bruit mais la très touristique Feria de San Telmo qui se tient dans cette rue tous les dimanches, jusque très tard le soir, est
une nuisance largement supérieure pour les habitants de la rue et il
y avait, à n'en pas douter, d'autres solutions à proposer et à
mettre en place avant de procéder à une fermeture qui va de pair
avec l'expulsion de leurs locaux si incommodes (sous l'autoroute 25
de Mayo) de la Coopérative des Artisans d'Argentine, un peu plus au
sud, dans la même rue, et qui faisaient vivre elle aussi un
modèle économique alternatif qui n'a pas l'heur de plaire à
l'actuel gouvernement de la Ville (ni à celui du pays tout entier).
C'est plus que regrettable.