La fadette en ligne des contacts entre le San Juan et la base navale de Mar del Plata |
Les
familles des sous-mariniers du ARA San Juan ont pris connaissance de
la reconnaissance de la mort des leurs à bord du bâtiment disparu
par le ministre de la Défense, Oscar Aguad, qui s'est exprimé sur le sujet, de
façon incidente, devant les caméras de télévision, sans avoir
pris la peine auparavant d'en avertir de vive voix les premiers
intéressés, qu'il a pourtant rencontrés il y a quelques jours.
Certaines de ces victimes ont parlé franc avec les journalistes,
analysant que le gouvernement avait géré cette crise en faisant
systématiquement le contraire de ce qu'il aurait fallu faire (ils
ont tout fait à l'envers). Ils reprochent au ministre d'avoir,
pendant son interview télévisée, parlé des sous-mariniers comme
s'il s'agissait d'objets à rechercher et d'avoir évoqué le coût
des recherches.
Par
ailleurs, le gouvernement justifie l'absence de deuil national et de
discours présidentiel par le respect qui serait dû aux familles,
qui refusent encore de croire au pire, comme s'il s'agissait de les
ménager.
Ce
dialogue de sourds qui se dure maintenant depuis trois semaines est
hallucinant. Comme si le gouvernement tenait à s'enfermer dans une
situation inextricable, a construire à dessein un malentendu de plus
en plus tragique, où le souci de ménager les gens ne fait
qu'aggraver leur souffrance.
A
cela s'ajoute maintenant la révélation publique que le jour de sa
disparition, le 15 novembre, le San Juan a lancé à la base navale
de Mar del Plata huit appels, pour une durée totale de 55 minutes,
entre 1h11 et 7h36. Le bâtiment devait donc se trouver dans une
situation sérieuse, voire grave, car les appels se succèdent
parfois à quelques secondes d'écart. Or les premiers jours après
l'annonce de la disparition du San Juan, le gouvernement a juré ses
grands dieux que le sous-marin était parti en mission en parfait
état et il semblerait que ce soit tout à fait faux et que des
problèmes avaient déjà été diagnostiqués et inscrits au
programme de révision du bâtiment pour 2018. Le gouvernement
prétend que c'est l'état-major de la Marine qui lui aurait caché
l'existence des appels le 15 novembre dernier.
Enfin,
comble de brutalité à l'égard des familles, voilà que la Marine
serait en train de prier les familles de quitter les hôtels où
elles sont hébergées, aux frais de l'Etat, à Mar del Plata. On
peut difficilement imaginer un comportement plus indélicat dans de
telles circonstances, même si beaucoup de parents ont quitté la
ville pour retourner à leur travail. Il faut bien vivre et assurer
le gagne-pain quotidien.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Clarín sur les accusations du gouvernement contre les
militaires, qui auraient caché au gouvernement les huit appels du sous-marins
lire
l'article de Clarín sur les appels du sous-marins avec publication
de la fadette de la ligne téléphonique du bâtiment
lire
l'article de La Nación sur les appels du ARA San Juan le jour de sa disparition
lire
l'article de La Nación sur la demande de la Marine aux familles pour
qu'elles quittent les hôtels où elles vivent depuis trois semaines
lire
l'article de La Nación sur le malentendu qui se creuse entre le ministre de la
Défense et les parents des disparus, qui commencent à penser très
solidement que tout le monde leur ment et cherche à les tromper.