mercredi 13 décembre 2017

Nouveaux rebondissements dans l'instruction contre Cristina Kirchner [Actu]


Avant-hier et hier, on a eu droit à deux nouvelles déclarations fracassantes qui viennent mettre en cause l'instruction du juge Claudio Bonadio contre l'ancienne présidente, devenue sénatrice à mi-mandat, Cristina Kirchner et plusieurs membres de son gouvernement, inculpés de trahison contre la patrie pour avoir négocié avec l'Iran un mémorandum de coopération judiciaire, dont ils ont toujours dit qu'il devait permettre à la justice argentine d'auditionner en Iran des agents iraniens, suspectés d'être les commanditaires de l'attentat antisémite contre l'AMIA (18 juillet 1994, 85 morts et 300 blessés).

L'une de ces déclarations publiques participe à dénoncer les procédés partiaux du juge qui instruirait uniquement à charge : il s'agit des propos d'un ancien Secrétaire Général d'Interpol, le citoyen des Etats-Unis (1), Ronald Noble, qui affirme que le mandat d'arrêt international contre les Iraniens n'a jamais été retiré par l'Argentine et qui déplore que ce fait , de nature à laver les inculpés de tout soupçon, ne figure pas dans l'acte d'inculpation dressé par le juge.

L'autre va dans le sens contraire. Elle soutient le travail du juge et vient du ministre des Affaires étrangères qui rend public un courrier de son homologue iranien, lequel y affirme que la négociation du mémorandum avait bien pour objectif de faire échapper à toutes poursuites les citoyens iraniens que leur pays ne voulaient ni extrader ni poursuivre dans le cadre de la justice nationale. Autrement dit, une démarche diplomatique, extérieure à l'instruction du juge qui n'en est pas à l'initiative, est utilisée, via les médias, pour incriminer des personnes déjà placées sous main de justice.
Procédé étrange puisque le Gouvernement ne ménage pas ses efforts de communication lorsqu'il affirme, la main sur le cœur, qu'il n'est pour rien dans l'inculpation de sa principale opposante et qu'il respecte strictement la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 sur les déclarations du responsable d'Interpol
lire l'article de Clarín sur le courrier du ministre des Affaires étrangères iranien.

Ajouts du 14 décembre 2017 :
lire l'article de Página/12 sur les nouvelles déclarations de Ronald Noble, qui confirme les tentatives de l'Iran pour faire lever l'avis de recherche international et le fait qu'Interpol n'a jamais fait suite à ces sollicitations
lire l'article de La Prensa sur la contre-attaque procédurale de Cristina Kirchner et Héctor Timerman qui font appel de leur inculpation et poursuivent le juge d'instruction devant le Conseil de la Magistrature

Ajout du 15 décembre 2017 :
lire l'article de Clarín qui a enquêté sur les échanges diplomatiques entre l'Argentine et l'Iran depuis l'arrivée au pouvoir de l'actuelle majorité, suite à la publication d'une des lettres qui venait mettre en difficulté Cristina Kirchner alors que l'ensemble de la correspondance est beaucoup plus nuancée.

Ajout du 20 décembre 2017 :
Human Rights Watch, ONG internationale qui milite pour le respect des droits de l'Homme sur toute la planète, vient d'émettre une analyse très critique de l'acte d'accusation rédigé par le juge Claudio Bonadio contre Cristina Kirchner et ses co-accusés de haute trahison.
Le communiqué est à lire en espagnol sur le portail de l'organisation et il confirme les analyses déjà publiées et bien argumentées en droit par le juge argentin à la Cour Inter-américaine des Droits de l'Homme, Raúl Zaffaroni, ainsi que les attendus des rejets du réquisitoire du défunt Alberto Nisman par les juges des différentes instances qui ont eu à se prononcer sur cette affaire en 2015, une affaire où tous les recours judiciaires avaient été épuisés et qu'il était techniquement impossible de rouvrir.

Ajout du 21 décembre 2017 :
lire cet article de Página/12 sur la demande de Ronald Noble à Claudio Bonadio ; l'ancien Secrétaire Général d'Interpol veut que son témoignage soit porté dans le dossier d'instruction. Personne ne pourra l'accuser à la légère d'être acheté par les kirchneristes, sous peine de ridicule.

Ajout du 22 décembre 2017 :
lire cet article de La Nación sur l'arrêt de la cour d'appel qui maintient le mandat de prison préventive contre Cristina Kirchner mais requalifie les faits instruits en entrave à la justice (en lieu et place de l'intitulé plus grave de trahison contre la patrie).
Tous les quotidiens publient et analysent l'information ce matin.



(1) Or il est clair que les Etats-Unis n'étaient pas en très bons termes avec le gouvernement des Kirchner, mari et femme.