Ce Rendez-vous culturel avec l'Argentine, organisée par la Mairie de Saint-Tropez, sur la Côte d'Azur, fait partie des célébrations en France du Bicentenaire de la Revolución de Mayo, par laquelle en mai 1810, le Vice-Royaume du Rio de la Plata a entamé le long processus d'indépendance et de séparation de la métropole espagnole.
La manifestation, qui se déroulera du 12 au 21 février avec l'appui de l'Ambassade d'Argentine en France, s'enracine dans un fait historique : un Tropézien (1), né André Paul Bouchard dans ce petit port de pêche provençal, le 15 janvier 1780, a participé, comme officier supérieur de la Marine argentine, à la guerre d'indépendance de ce pays, où il était arrivé en 1809, à l'issue de plusieurs campagnes post-révolutionnaires de la marine française en Egypte puis à Haïti. André Paul Bouchard, qui, pour une raison inconnue, a pris, à un certain moment de sa vie, le prénom usuel d'Hippolyte, est décédé au Pérou, près de Nazca, le 4 janvier 1837, assassiné par l'un de ses esclaves, excédé des mauvais traitements qu'il leur faisait subir.
Ce grand navigateur, dont le profil est celui d'un corsaire sans scrupule et non celui d'un officier aristocratique comme San Martín, Pueyrredón ou Güemes, a parcouru le Pacifique, après la guerre d'indépendance de l'Argentine, à travers des expéditions dignes d'un film d'action aux Philippines, à Hawaï, en Californie, au San Salvador et autres escales jusqu'à ce qu'il s'installe dans une grande hacienda qui lui fut attribuée par le gouvernement péruvien et où il monta une grande exploitation sucrière. Pendant longtemps on ne sut pas le lieu de sa sépulture et ses restes furent finalement identifiés en 1962, sous une petite église de la région de Nazca.
Hipólito Bouchard, comme l'appellent donc les Argentins, repose maintenant dans le caveau de la Marine argentine au cimetière de la Chacarita à Buenos Aires.
Dans Buenos Aires, près du port, une rue porte son nom. C'est une rue connue car elle longe le Luna Park (situé esquina Corrientes y Bouchard comme vous avez pu le lire dans mon article sur le concert que Nelly Omar a donné dans cette immense salle le 3 mai dernier). Son histoire a été racontée par Bartolomeo Mitre, qui fut historien, journaliste, officier, Président de la République et qui a fondé le quotidien La Nación, qui fêtait tout récemment son 140ème anniversaire (lire mon article sur l'anniversaire de La Nación).
Au programme de ce rendez-vous tropézien : des expositions (dont une est montée en collaboration avec le Centre Pompidou, de Paris), des conférences et des concerts dans la salle Jean Despas, tous les jours, de 10h à 12h30 et de 15h à 18h.
Entrée libre.
A ne pas manquer entre autres propositions que je vous invite à aller regarder sur le site de la Ville de Saint Tropez : la conférence de Solange Bazely sur l'histoire du tango, Si le tango m'était conté, le 13 février à 18h, et le concert de Juan José Mosalini, le 14 février à 18h.
Entrée gratuite partout dans la limite des places disponibles.
Pour en savoir plus (ou essayer en tout cas) :
visiter le site de Saint Tropez (malheureusement, le document pdf qui présente le détail du programme est très difficile à trouver sur le site de la ville, je suis personnellement aller le chercher directement sur Google... Bizarre, bizarre !)
Pour mieux connaître l'histoire de l'Argentine, cliquez sur le mot-clé histoire dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search (sous le titre de l'article) ou sur le lien Vade mecum historique dans la rubrique Petites chronologies, dans la partie médiane de la Colonne de droite.
A noter que Solange Bazely donnera une autre conférence le 17 mars, cette fois-ci, à Paris, à la Maison de l'Amérique Latine.
Et pour les gourmands et les gourmets, découvrez la spécialité locale : la Tarte tropézienne. Il s'agit d'une invention toute récente (1955, année du tournage du film Et Dieu créa la femme) : on la doit à un pâtissier qui venait de s'installer dans ce coin encore tranquille (mais plus pour longtemps) de la Côte d'Azur, Alexandre Micka, qui s'est inspiré d'une recette traditionnelle de sa Pologne natale pour fourrer une brioche d'une crème vanillée d'une légèreté idéale.
Attention, dans les villes avoisinantes, à ne pas vous faire avoir par de trop nombreux artisans qui vous vendent sous ce nom générique de tarte tropézienne un étouffe-chrétien écoeurant et indigeste (sans parler des cochonneries industrielles vendues en supermarché). La Tarte Tropézienne doit être élaborée dans les règles de l'art. Assurez-vous qu'elle porte la garantie du créateur avant d'acheter. Le seul détenteur de la recette originale est le successeur d'Alexandre Micka, le pâtissier Albert Dufrêne.
(1) Certains en Argentine prétendent néanmoins qu'il serait né à Bormes les Mimosas. Ce n'est pas très loin, mais enfin, Bormes, c'est Bormes, et Saint Trop, c'est Saint Trop !