jeudi 28 janvier 2010

Il ne manque pas un bouton de guêtre à la nouvelle Police portègne [Actu]

Si vous lisez assidûment ce blog, vous vous souvenez que la création d’une police dépendant du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires a été décidée en novembre 2008 par la Legislatura Porteña (la Chambre des députés propre à la ville). Le Gouvernement national venait de refuser de transmettre au Gouvernement portègne (qui appartient à l’opposition au niveau national) les compétences juridiques et le budget de la Police Fédérale. Or en tant qu’entité autonome, Buenos Aires, comme n’importe quelle province du pays, a droit d’avoir une force de sécurité propre. Elle se l’est donc créée.
Entre temps, de nombreux scandales ont éclaté : celui de la nomination à la tête de l’Ecole de Police d’un avocat peu acquis aux principes des droits de l’homme, Daniel Pastor, qui a dû démissionner sans avoir pu remplir ses fonctions (lire mon article du 3 juin 2009 sur la nomination de Pastor, celui du 30 septembre sur sa démission et celui du 3 octobre sur le nouveau scandale qui s'est sur-ajouté à cette première polémique), celui des écoutes illégales qui vient d’envoyer en prison préventive le Directeur de la Police Jorge Fino Palacios et dans lequel le Ministre de la sécurité portègne, Guillermo Montenegro, est impliqué tout en restant pour le moment en poste (j’ai eu l’occasion de vous en toucher deux mots lorsque Mauricio Macri, le Chef du Gouvernement portègne, a choisi un partisan de la Dictature militaire comme éphémère Ministre de l’Education, lire mon article du 11 décembre 2009 sur la nomination du Ministre et celui du 24 décembre sur sa démission).
Mais au bout du chemin, voici venir l’entrée en fonction de la fameuse Police, avec un effectif opérationnel de 450 à 500 hommes, qui patrouilleront, dans leur bel uniforme d’été tout neuf, dans les rues de toute la capitale à partir du 5 février prochain. Ils surveilleront particulièrement les abords des écoles (et des cantines scolaires, qui continuent de fonctionner pendant toutes les vacances scolaires pour accueillir les enfants des familles défavorisées), les gares, les centres commerciaux et les espaces verts. Leur premier lieu de déploiement devrait être la Comuna 12, un secteur administratif qui regroupe les quartiers ouest de Saavedra (1), de Villa Urquiza (2), de Goghlan et Villa Pueyrredón (2). Ce quartier enregistre en effet des statistiques de délinquances dans la moyenne mais abrite cinq gares, trois zones commerciales importantes, sept accès à la voie rapide General Paz, large axe routier qui sépare Buenos Aires de la Province de Buenos Aires, et un bidonville.
Cependant c’est dans la Comuna 15 que sera établi le Commissariat central de la Policia Metropolitana comme elle s’appellera. Ce sera le Commissariat 15 (les centres de police sont désignés par un numéro à Buenos Aires, jamais par une indication géographique). Il se trouvera dans le quartier de la Chacarita (3).
Sur les dimensions politiques et budgétaires de cette mise en place de la nouvelle police portègne, lire les articles de ce jour.

Lire l’article de Clarín sur les modalités de déploiement de la police
Lire l’article de La Nación sur l’implantation du Commissariat central de la Police métropolitaine.

(1) Saavedra, c’est le quartier de Roberto Goyeneche, le chanteur. C’est le quartier où il est né et celui où il a toujours vécu.
(2) Villa Urquiza et Villa Pueyrredón, je vous en parle souvent dans mes articles sur le chanteur Cucuza Castiello et son partenaire, le guitariste Moscato Luna. C’est à la frontière de ces deux quartiers que se trouve le Bar El Faro, où ils reprennent tous les deux leur cycle El Tango vuelve al Barrio ce vendredi, avec des invités comme d’habitude (
lire mon article sur cette reprise du cycle). Villa Urquiza a aussi son poète par excellence, Luis Alposta (dont je vous parle assez souvent aussi, voyez ces articles en cliquant sur son nom dans la section Poètes de la rubrique Vecinos del Barrio dans la Colonne de droite). Villa Urquiza a aussi eu son grand maître fileteador, le Maestro Carlos Carboni, sur lequel Luis Alposta a écrit quelques articles dans le journal de leur quartier et dont un portrait de Carlos Gardel, tiré de sa collection personnelle, illustrera une des pages de mon livre Barrio de Tango (à paraître fin mars-début avril aux Editions du Jasmin, voir mes articles à ce propos).
(3) La Comuna 15 comprend les quartiers de La Chacarita (celui qui abrite le grand cimetière de l’ouest, où sont enterrés tous les grands artistes du tango, Carlos Gardel, Celedonio Esteban Flores, Juan D’Arienzo, Osvaldo Pugliese, Homero Manzi, Enrique Santos Discépolo, Carlos Di Sarli, Rosita Melo, les frères De Caro, Aníbal Troilo et j’en oublie nécessairement....), Parque Chas (tout récent, il a été séparé de son voisin en 2007), Agronomía, Paternal (le quartier de Osvaldo Fresedo, celui à qui Di Sarli rend hommage avec son Milonguero Viejo, "El pibe de la Paternal", le Môme de la Paternal), Villa Crespo (où sont nés Osvaldo Pugliese et le poète Celedonio Esteban Flores) et Villa Ortúzar. Sur le cimetière de la Chacarita, se reporter à
mon article d’août 2008 sur le dimanche à Buenos Aires, dans mes Chroniques de Buenos Aires.