jeudi 18 novembre 2010

10ème Festival de tango à l'Hôpital Borda [à l'affiche]

Ce fut le 10 novembre dernier : un festival de tango (danse) au grand hôpital psychiatrique de Buenos Aires, dans le quartier de Barracas. Celui que l'on appelle couramment maintenant le Borda et qu'on appelait jusque dans les années 70 Vieytes (1), du nom de l'avenue où il est situé (2). Une institution d'hygiène publique fondée au 19ème siècle pour y enfermer les fous et en préserver le reste de la société et qui est devenu aujourd'hui l'un des hôpitaux psychiatriques les plus en pointe au monde.

Le Borda propose tout au long de l'année une multitude d'activités artistiques intégrées aux protocoles thérapeutiques, très majoritairement proposés en ambulatoire (le Borda ne dispose en fait que d'une vingtaine de lits). Parmi les propositions, l'atelier d'écriture poétique animé par le poète Alejandro Szwarcman, et pour la 10ème fois, cette année, cette journée de tango, de musique et de cours dispensés par des professeurs de l'AMBCTA, coorganisatrice de la manifestation lancée à l'initiative du Docteur Guillermo Höning (3), chef de service au Département des Relations institutionnelles.

Ont participé à cette manifestation qui s'est tenue dans le hall d'entrée de l'hôpital le 10 novembre à partir de 10h30 la chanteuse Dolores Solá qui était accompagnée par un groupe de guitaristes et plusieurs couples de danseurs qui ont fait des démonstrations. Parmi eux, Gloria y Eduardo Arquimbau, qui ont aussi donné un cours ouvert et gratuit.

L'ensemble de la manifestation était de toute manière ouverte à tout le public et d'accès entièrement libre et gratuit.

Pour en savoir plus :
lire les articles parus sur le site de l'AMBCTA, l'association des professeurs, danseurs et chorégraphes de Tango argentin, après la manifestation et quelques jours auparavant.
Vous trouverez le lien permanent vers le site de l'AMBCTA dans la Colonne de droite, dans la rubrique Eh bien, dansez maintenant ! dans la partie inférieure, réservée aux liens externes.

(1) C'est à cet hospice de fous que fait allusion le Vieytes dont il est question à la fin de Balada para un loco, de Astor Piazzolla (musique) et Horacio Ferrer (paroles), traduit dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, que j'ai fait paraître en mai dernier aux Editions du Jasmin (p. 316). C'est de cette maison de fous que le héros du tango s'est échappé dans un accoutrement invraisemblable. C'est aussi dans cet établissement, alors de très sinistre réputation, que finirent leurs jours tous les syphilliques de la ville, et parmi eux le poète Pascual Contursi et l'un des frères aînés de Enrique Cadicamo...
(2) Depuis cette partie de l'artère a changé de nom, d'où l'adresse différente. Cela a aidé à changer l'image désastreuse de cet hôpital et lui donner l'image prestigieuse qui est la sienne aujourd'hui.
(3) La psychiatrie, la psychologie et la psychanlyse, qui sont toutes les trois très développées en Argentine et singulièrement à Buenos Aires, qui entre en compétition avec New-York pour la densité de cabinets de psychanalyse à l'hectare, sont arrivées en masse dans le pays à la fin de la grande vague d'immigration, dans les années 30, lorsque les praticiens allemands et autrichiens ont émigré en Argentine pour fuir le régime nazi.