mardi 21 septembre 2010

Une interview de Eduardo et Gloria dans Clarin [à l’affiche]

Pour marquer les 50 ans de carrière de Eduardo et Gloria Arquimbau, l’un des plus grands couples de danseurs de tango-salón qui ait accédé à la notoriété internationale, Clarín publiait dans son édition d’hier une interview des deux artistes…

Extraits sous forme bilingue comme toujours.

Eduardo : Tenía cerca de trece años y un amigo me preguntó si podía aprender tango en mi casa. Era la época de los carnavales, momento en que los muchachos necesitaban saber algo de baile. Vino un vecino a enseñarle, y yo me ofrecí a pasarles la música. Pero el pibe que quería aprender era tan malo que el otro me decía ‘vení, vení vos’. A mí no me interesaba; pero tanto insistió que finalmente acepté. A fuerza de mirar había aprendido un poco. Después me metí en las prácticas, donde hasta mediados de los ‘50 iban solamente muchachos. Las chicas aprendían en la casa.
- ¿Por qué?
Eduardo: Creo que el tango debe aprenderse así. Se dice que el tango se bailaba entre hombres pero no bailaban, practicaban. Cuando un tipo hace la parte de mujer y otro hombre le marca, se logra aprender muy bien.
Clarín

Eduardo : j’avais près de 13 ans et un ami m’a demandé s’il pouvait prendre des cours de tango chez moi. C’était l’époque des carnavals, un temps où les garçons avaient besoin de savoir un peu danser. Un voisin est venu pour lui apprendre et je me suis proposé pour mettre la musique. Mais le môme qui voulait apprendre était si mauvais que l’autre me disait "Viens, viens, toi !" Moi, ça ne m’intéressait pas mais il a tellement insisté que finalement j’ai accepté. A force de regarder, j’avais appris un petit peu. Après je suis allée dans les pratiques où, jusqu’au milieu des années 50 il n’y avait que les garçons qui allaient. Les filles apprenaient chez elles.
- Pourquoi ?
Eduardo : je crois que le tango doit s’apprendre comme ça. On dit que le tango se dansait entre hommes mais ils ne dansaient pas, ils pratiquaient. Quand un type tient le rôle de la femme et un autre homme le guide, on réussit à apprendre très bien.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

[…]

¿A partir de qué momento cuentan los 50 años de actividad?
Eduardo : Con nuestro trabajo de número vivo en el cine Ópera, como pareja de baile. Ahí nos vio Francisco Canaro y nos mandó a decir que le interesábamos para su espectáculo musical. El asunto era: ¿cuánta plata pedirle? Nos habían aconsejado una suma demasiado grande, y el administrador de Canaro empezó a discutirnos. Y nosotros callados, pero de puro tímidos. Nos quedamos en silencio, un gran silencio. Al final, el tipo se rindió y nos firmó el contrato.
Clarín

- A partir de quel moment décomptez-vous vos 50 ans d’activité ?
Eduardo : avec notre travail de prestation en public au cinéma Opera, comme couple de danseurs. C’est là que Francisco Canaro nous a vus et il nous a fait dire que nous l’intéressions pour son spectacle musical. La question c’était combien d’argent lui demander. On nous avait conseillé une somme trop grosse et le gestionnaire de Canaro a commencé à nous faire des histoires. Et nous, muets mais par pure timidité. Nous sommes restés silencieux, très silencieux. A la fin, le type a rendu les armes et il a fait signer le contrat.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

[…]

Eduardo : Ese viaje fue como si ahora te propusieran armar una gira a la Luna. Me despedí de mi familia como si no fuera a verlos nunca más. Ahora es normal ir de un lado para el otro, pero en aquella época nadie viajaba en avión. Una azafata era una diosa, la comida era increíble, te daban champagne, y si tomabas coñac te calentaban la copa. Cuando llegamos a Japón nos encontramos con otro mundo. Todavía tengo diarios con los titulares que dicen: “el tango inicia la gira más larga de su historia”. Juan Canaro había ido ya en el ‘54, pero el que abrió el camino fue Don Francisco. Le hicieron una recepción espectacular: la gira había sido muy bien promocionada, porque anticipaba el viaje del presidente (Arturo) Frondizi y el tango es la única cosa que suponen que hacemos bien los argentinos. Ni la carne...Lo que compran seguro, aunque seas un tronco, es el tango. Lo compran a ciegas, antes de verlo.
Clarín

Eduardo : Ce voyage-là [au Japon avec F. Canaro] c’était comme si aujourd’hui on te proposait de monter une tournée sur la Lune. J’ai dit au revoir à ma famille comme je ne devais plus jamais les revoir. Maintenant c’est normal d’aller d’un côté et de l’autre mais à cette époque-là, personne ne voyageait en avion. Une hôtesse de l’air, c’était une déesse, la nourriture était inouïe, on te donnait du champagne, et si tu buvais du cognac, on te chauffait le verre. Quand nous sommes arrivés au Japon, nous avons trouvé un autre monde. J’ai toujours les journaux avec les gros titres qui disent : le tango entame la tournée la plus longue de son histoire. Juan Canaro (1) était déjà allé en 1954 mais celui qui a ouvert le chemin, c’est Don Francisco. Ils lui ont fait une réception spectaculaire : la tournée avait été très bien promue, parce qu’elle précédait le voyage du Président Arturo Frondizi et la tango était l’unique chose qu’on était censé savoir bien faire, nous les Argentins. Même la viande, on n’en parlait pas... Ce qu’ils achètent sans faire un pli, même si tu es un manche, c’est le tango. Ils l’achètent les yeux fermés, avant de regarder.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour lire toute l’interview, très anecdotique au demeurant, vous pouvez vous reporter à l’article de Clarín sur le site du quotidien.