mardi 11 octobre 2011

Petite leçon d'histoire révisée par Miguel Rep [Coutumes]

Demain, 12 octobre 2011, les Argentins et avec eux tous les hispanophones du monde célèbreront l'anniversaire de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, le fameux ¡Tierra! de la vigie du navire amiral de cette expédition légendaire. En Argentine, la dénomination Día de la Raza, qui sonnait trop raciste (1), a été remplacée l'année dernière par Día del Respecto de la Diversidad de las Culturas (un programme politique argentino-argentin et une formule épouvantable côté com').

Ce changement de nom s'insère dans toute une révision de l'histoire dans cette Argentine qui habite chaque année un peu plus sa démocratie reconquise en décembre 1983. Cette remise en question des certitudes historiques qui explique la redécouverte peu à peu des aspects les moins glorieux de l'histoire du pays et du continent et en particulier du génocide des Amérindiens, du nord au sud de ces terres entre Asie et Europe.

C'est à cela que fait allusion le dessinateur et peintre Miguel Rep sur la page d'accueil du quotidien Página/12.


11 octobre 1492, selon leur calendrier à eux.
Dernier jour de bonheur.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Parfois un bon dessin vaut mieux qu'une longue explication, non ?

(1) en fait, le mot raza est à entendre dans le sens archaïque du terme, comme dans l'histoire du français aussi. Race au 18ème et 19ème siècle évoque une idée de famille et ne fait pas référence à une couleur de peau. Il s'agissait de célébrer l'unité des hispanophones à travers le monde entier, la famille rassemblée dans le souvenir d'une ancienne appartenance commune à un même empire. Dont étaient exclus de fait les Amérindiens et les Afro-américains descendants des esclaves déportés là au 17ème et 18ème siècles, malgré un bon nombre de décrets royaux dès le début de la conquête qui faisaient des autochtones des sujets libres de la Couronne espagnole (ce qui ne fut jamais respecté sur le terrain) et interdisait le trafic négrier, interdiction que les colons contournèrent, avec l'accord de fait de tout le monde, en recourant aux servicex des marchands d'esclaves d'abord anglais et portugais puis également français. Et vive nos plantureuses façades urbaines à Southampton, à Nantes, à Bordeaux...