mardi 11 octobre 2011

Quand Mauricio Macri montre un visage avenant [Actu]

D'ordinaire, dans Barrio de Tango, je ne peux guère vous montrer qu'un visage peu sympathique de Mauricio Macri, celui d'un politicien retors doublé d'un homme d'affaire sans scrupule, qui maltraite la culture, l'école et la santé et fait fi des dispositions constitutionnelles de la ville qu'il a été appellé à gérer par la grâce d'un scrutin démocratique.

Mais il se trouve qu'hier, donc après les élections locales, qui, en ce qui le concerne, ont eu lieu en juillet (voir mon article du 1er août 2011 sur sa surprenante et écrasante réélection), sa femme a accouché d'une petite fille. C'est l'occasion pour la chaîne de télévision Todo Noticia (TN), qui appartient au groupe Clarín, de faire une interview à la sortie de la clinique privée où Juliana Awada de Macri a subi une césarienne programmée (dans la droite ligne de l'ultra-médicalisation de la naissance qui participe à plonger dans le rouge les systèmes de protection sociale de l'hémisphère nord – quand ces systèmes de protection existent). Le quotidien Clarín a mis sur son site Internet l'interview vidéo, qui dure 10 minutes, ni plus ni moins (voir l'article annonçant la venue au monde de la petite Antonia).

Passons sur la dimension démagogique, indéniable, d'une opération de communication où un homme politique instrumentalise sa vie privée pour faire parler de lui. Et regardons tout de même le visage que Mauricio Macri montre pour quelques minutes à ce moment précis de sa vie (la naissance de son troisième enfant). Pour une fois, ce n'est pas le même visage que d'habitude. Politiquement, ça ne présente bien évidemment aucun intérêt. Ce n'est pas parce que sa femme a accouché qu'il va modifier quoi que ce soit dans sa manière d'administrer la capitale argentine. Mais sous le masque artificiel de l'ambitieux, pour la première fois, perce le visage d'un être humain ordinaire, heureux et ému, qui n'a pas calculé d'avance ses déclarations (il fait quelques bourdes incroyables à propos de ses deux aînés, qui, s'ils n'étaient pas majeurs et vaccinés, pourraient être jaloux de leur nouvelle demie-soeur). Alors ne boudons pas notre plaisir en découvrant qu'il y a chez ce bonhomme, si souvent caricatural, un peu d'humanité commune, quelques minutes après qu'il ait assisté à la naissance de sa fille.

Et tandis que Clarín bêtifie en faisant "guili guili – areuh areuh" avec photo du bébé dans les bras de la sage-femme quelques secondes après la délivrance (!), Página/12 se paye la tête du nouveau papa grâce à l'esprit des deux caricaturistes de la Une, le dessinateur Daniel Paz et l'humoriste Rudy.



Le conseiller (ou le journaliste) : Félicitations, Mauricio. Comment va la maman ?
Macri : Très bien.
L'autre type : Comment s'est passé le travail de l'accouchement ?
Macri : Aucune idée... Je ne m'y connais pas trop là-dedans.
L'autre type : En accouchement ?
Macri : Non, en travail (1)
(Traduction Denise Anne Clavilier)

(1) Página/12 ne rate jamais une occasion de souligner que Macri s'absente souvent de ses tâches de chef du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, qu'il prend trop de vacances et en général très loin à l'étranger (au contraire de la Présidente de la Nation, attelée à la tâche comme une bête de somme) et qu'il est poursuivi en justice pour plusieurs manquements à ses devoirs d'élu.