Aujourd'hui, 11 octobre, depuis plusieurs années, c'est le Jour Mondial (rien que ça !) du Dulce de Leche, cette spécialité si typiquement argentine, ou, plus largement, hispano-américaine (1), à base de lait (de toute sorte d'animaux, de la vache à la bufflone, en passant par la chèvre et la brebis) et de beaucoup, beaucoup, mais alors beaucoup de sucre.
L'année dernière, par une fantaisie caractéristique d'Internet, l'info a, dit-on, été soudain répercutée par un tas de blogs anglophones qui se sont mis à saluer le Dulce de Leche World Day...
Alors, mettons que, cette année, cet article de Barrio de Tango sera une humble contribution de la langue de Molière à cette célébration gastronomique planétaire.
Sur l'origine de la spécialité, circulent toutes sortes de légendes toutes plus invraisemblables les unes que les autres et qui prennent bien soin de mettre en scène les plus illustres héros de l'histoire argentine, José de San Martín (1777-1850) et Juan Manuel de Rosas (1793-1877) en tête. Toujours est-il qu'un desser de ce genre est attesté bien avant eux, dès le 17ème siècle, dans des archives de la Compagnie de Jésus.
Bien entendu, la nationalité du dulce de leche fait l'objet d'une âpre bataille et d'une inextinguible rivalité entre l'Argentine et l'Uruguay, comme celle de Carlos Gardel. Et tout aussi bien entendu, il existe du dulce de leche dans toute l'Amérique Latine, y compris au Brésil. Alors, évidemment, un Día Mundial, il y a de quoi faire sur le continent lui-même.
Un petit tour (non exhaustif) des bonnes marques argentines :
SanCor (l'une des marques du groupe Vascol, qui possède aussi la marque des vins Norton, distribuée en France par plusieurs cavistes, dont la chaîne Nicolas, et qui s'est attaché la marque de yerba mate, de thé et d'infusion Taragüi)
San Ignacio (vous trouverez sur le site une histoire du dulce de leche, avec la date mythique du 17 juillet 1829, illustration ci-dessus, qui n'était pas une bonne date à retenir pour un Jour Mondial du Dulce de Leche puisqu'à cette époque-là, tout l'hémisphère nord se dore la pilule sous le soleil avec une plus grande envie de glace à la fraise que de sucrerie hivernale et ultra-énergétique. L'anecdote, que nous conte San Ignacio comme s'il s'agissait d'une vérité révélée, agrége toutes les images d'Epinal de l'histoire argentine en vigueur une bonne centaine d'années plus tard, tout en reprenant un texte attribué à Juan Manuel de Rosas, mythique Gouverneur de la Province de Buenos Aires entre 1835 et 1852).
Havanna, l'une des marques les plus chères et les plus présentes sur le marché à l'exportation – C'est très bon aussi, rendons à César ce qui appartient à César.
La Serenisima et sa marque phare, Ser (elle propose une version coloniale du produit et une version moderne, mais c'est surtout pour faire joli, les différences ne sautent pas au palais)
Tregar, une célèbre marque pour les fromages et le arroz con leche (le riz au lait légué par les Catalans et les Valenciens)
La Salamandra, qui cultive une image de luxe et pratique par conséquent une politique de prix élevés, un peu à la manière de la marque de turrón espagnole 1880 (qui s'enorgueillissait, il y a encore quelques années, de vendre el turrón más caro del mundo). L'une des particularités de La Salamandra est d'offrir une grande variété de types de dulce de leche, dont un au chocolat. Ou comment ajouter les calories aux calories.
Des chaînes de grande distribution ont leur propre marque (c'est le cas de la filiale argentine de Carrefour), voire leur propre fabrication (c'est le cas des supermarchés Coto, un groupe fier, avec juste raison, d'être un groupe 100% argentin).
Pour en savoir plus :
lire l'article du journal Web El Argentino sur la festivité commerciale d'aujourd'hui
(1) Au Mexique, le même produit existe sous le nom de cajeta. Et il est plus souvent fabriqué avec du lait de chèvre qu'en Argentine.