Pour
la sixième année consécutive, ce soir se tiendra
dans la capitale argentine la Nuit aux Librairies (la nuit des
librairies se dirait plutôt : noche de las librerías).
Environ 70 activités gratuites sont proposées dans tout
l'est de Buenos Aires jusqu'au milieu de cette chaude nuit d'été...
Le
siège principal de la manifestation sera comme toujours (à
tout seigneur, tout honneur) Avenida Corrientes, qui sera rendue
piétonnière depuis la rue Junín jusqu'à
la rue Talcahuano, et cette année en plus, la nuit concerne aussi
certaines zones des quartiers de Belgrano, Palermo et Recoleta (au
nord) et San Telmo (au sud), des quartiers riches en librairies et en très bonnes libraires,
ainsi que les bouquinistes installés dans les sous-sols
(cuevas) de Avenida de Mayo (un must pour les bibliophiles à
Buenos Aires : certaines cuevas sont de vraies cavernes d'Ali-Baba où
s'amoncellent des vieux livres, dans des éditions qui
remontent parfois au 17ème siècle !, tandis
que d'autres sont des solderies où vous trouverez, à
très bon prix, toute sorte d'ouvrages d'occasion, dont
certains sont particulièrement intéressants, car ils sont épuisés depuis longtemps).
Sur
les parcours concernés, les librairies seront ouvertes jusqu'à
pas d'heure (ou peu s'en faut : la fête commence à 17h
et devrait se terminer à minuit). Dédicaces,
conférences, ateliers d'écriture, jams sessions,
spectacles, lectures publiques, rencontres diverses et variées
avec les auteurs sont au programme. Le Gouvernement de Ville de
Buenos Aires a même invité pour l'occasion une chanteuse
mexicaine très connue sur tout le continent pour un show
gratuit en plein air ! Et le ciel est avec les bibliophages car on annonce
chaleur et beau temps toute la journée (29° au thermomètre
et sans doute nettement plus en température ressentie). Pas
une goutte de pluie en prévision...
Au
Centro Cultural Ricardo Rojas, qui dépend de l'Université
de Buenos Aires et se trouve avenida Corrientes 2038, auront lieu
toute sorte d'activités en rapport avec la culture durable,
envisagée jusque dans ses aspects écologiques...
Les
maisons d'édition indépendantes participent aussi à
la fête. Elles sont assez nombreuses en Argentine, même
si leur production est faible (en quantité) et souvent
auto-distribuée...
Il y
aura même une promenade à vélo, qui partira de la
Bibliothèque Nationale (Plaza del Lector, esquina Las Heras y
Austria, dans Recoleta) et descendra doucement jusqu'à la
esquina Corrientes y Montevideo, pour s'achever au Café La
Paz, un grand lieu de rendez-vous des intellectuels portègnes
depuis sa fondation. C'est là que l'écrivain Juan
Carlos Kreimer présentera son ouvrage, intitulé Bici
zen, le cyclisme urbain comme chemin (Bici
zen. El ciclismo urbano como camino)...
Sur ce thème du vélo
dans Buenos Aires, je vous renvoie à l'article que j'avais consacré à La Bicicleta Blanca, ce tango-polka du duo
Piazzolla-Ferrer qui ose représenter Dieu ou le Christ
pédalant sec dans les rues de Buenos Aires en offrant au monde
le salut et la rédemption...
Sur
l'Agenda Culturel du portail officiel de la Ville de Buenos Aires, on
cherche hélas en vain des informations sur cette
manifestation. La seule chose que l'on parvienne à apprendre,
c'est qu'il y a ce concert gratuit de Julieta Venegas, donc ce qui, de tout le programme, est le plus déconnecté du thème de la journée... La Noche de Librerías a en effet été lancée par le
précédent gouvernement portègne, celui de
Telerman, un gouvernement péroniste. On ne
sait pas quel miracle elle survit encore car la plupart des autres initiatives suscitées par le même courant politique ont déjà disparu du
paysage de Buenos Aires, mis à part le Festival de Tango. A en croire ce silence officiel, il semblerait donc urgent, tant que celle-ci est maintenue, de
la vider de son sens et de lui faire aussi peu de
publicité que possible... C'est lamentable.
Pour
aller plus loin :