vendredi 27 mars 2015

Non lieu confirmé pour Cristina Kirchner, Héctor Timmerman et les autres ministres [à l'affiche]

Página/12 a choisi sa photo de une d'une manière qui frôle la méchanceté.
Après tout, cet homme est mort. Un peu de respect ne nuirait à personne.

La Chambre fédérale d'Appel s'est prononcée hier, jeudi 26 mars 2015, sur les poursuites pénales contre le Gouvernement pour entraves à la justice dans l'affaire déclenchée par un projet de réquisitoire de Alberto Nisman, peu avant que l'on retrouve son corps sans vie dans son appartement de Puerto Madero.
Avec deux voix pour et une voix contre, les trois juges ont établi leur arrêt en y démontant pièce par pièce le fatras argumentatif de feu Nisman, en pointant les incohérences, les affirmations prises pour des preuves (il avait fait de simples articles journalistiques des preuves d'un trafic par ailleurs inexistant, le fameux pacte blé argentin contre pétrole iranien inventé par la presse d'opposition), les montages de citations opportunes d'écoute téléphonique où les principaux "suspects" ne parlent jamais... Les juges d'appel concluent en rappelant un principe de droit : la notoriété d'une personne (en l'occurrence le Chef d'Etat et ses ministres) n'est pas une raison suffisante pour les impliquer dans une cause pénale. Ceci pourrait indiquer qu'ils voient dans la tentative de Nisman une opération mégalomaniaque pour se mettre lui-même en valeur (comme celui qui aurait abattu politiquement Cristina Kirchner - un résultat qu'il a temporairement obtenu dans la presse d'opposition pendant les deux mois qui ont suivi sa mort mais qui ne semble plus guère d'actualité, à en croire les unes de ces mêmes journaux qui lui tressaient des auréoles de martyr jusqu'à peu).

Le pire est sans doute que dans le monde entier, et surtout dans nos démocraties prétendument avancées, les médias ont suivi aveuglément, sans aucun discernement, les propos de cette presse, propos pourtant sans fondement et pleins d'une haine visible, et qu'on n'entend personne aujourd'hui, dans nos journaux et sur nos antennes, faire machine arrière sur cette affaire qui n'est plus d'actualité ni en Europe ni en Amérique du Nord et que tout le monde a oubliée en tant que telle. Sauf que "calomnier, calomnier, il en restera toujours quelque chose" comme a dit Beaumarchais il y a plus de deux siècles...

Clarín, gêné aux entournures, préfère miser
sur le pilote fou qui sidère la planète.

La chambre a confirmé le non-lieu prononcé par le juge de première instance, Daniel Rafecas, pour absence totale de charge (d'actes pénalement répréhensibles) dans le chef de la présidente, du ministre des affaires étrangères (Héctor Timmerman), d'un parlementaire de la majorité et d'autres hommes politiques et hauts fonctionnaires visés, dans une grande confusion (1), par le défunt procureur, qui semble bien être maintenant discrédité.

Un choix similaire pour La Prensa mais dans d'autres proportions.

Il se pourrait toutefois que l'affaire ne s'arrête pas encore là puisque le procureur de la chambre d'appel, qui était l'un des meneurs de la marche du 18 février, grande manifestation hostile au gouvernement et en l'honneur de Nisman, peut encore se tourner vers la Cour de Cassation.

La Nación ne cache pas le contenu de l'arrêt de la cour d'appel
("En critiquant Nisman, la Chambre a rejeté ses accusations contre Cristina")
Au centre, une photo des familles du crash aérien,
avec les drapeaux rappelant la nationalité des victimes
Il y avait trois Argentins à bord du Barcelone-Düsseldorf qui s'est écrasé dans les Alpes.

Il est très probable que les Ambassades argentines vont mettre à disposition l'arrêt de la Chambre d'appel sur leur site Internet, comme elles l'avaient fait pour l'ordonnance de Daniel Rafecas. On en trouve d'ores et déjà le texte téléchargeable sur le site Web de Télam.

Pour aller plus loin :
lire l'article principal de Página/12 (tous les journaux consacrent plusieurs pages à ce nouveau rebondissement)



(1) Au lendemain de la découverte de l'invraisemblable cause du crash aérien de la Germanwings dans les Alpes, on peut envisager que le défunt procureur, qui avait été traité à plusieurs reprises ces derniers temps pour des affections psychiques (des symptômes dépressifs d'après ce que l'on sait), ait pu écrire en même temps deux réquisitoires contradictoires et que celui qui prétendait accuser le gouvernement ait reflété un style confus sans rapport avec la technique maîtrisée du juriste compétent dont ce magistrat avait la réputation. Il pourrait bien être parti à la dérive, après une longue pratique contraire à la déontologie de son métier.