Le
quotidien Página/12 consacre une bonne demi-douzaine d'articles aux
commémorations de ce jour consacré à la Mémoire, à la Vérité
et à la Justice : celui du coup d'Etat d'il y a 39 ans et celui
des victimes, dont beaucoup restent disparues aujourd'hui (par elles, 400
enfants aujourd'hui adultes, dont on ne sait s'ils sont vivants ou morts et s'ils vivent,
à quelle famille officielle ils appartiennent).
En une, les révélations sur les vols de la mort en manchette à gauche l'interview de Estela de Carlotto et à droite les rebondissements de la procédure autour de Nisman |
Parmi
les articles, tous plus intéressants les uns que les autres, des
révélations sur les vols de la mort, dont certains participants ont
fini par avouer qu'il y avait eu dans ces opérations nocturnes des meurtres
d'enfants, jetés à l'eau depuis les avions en altitude au dessus de
l'océan Atlantique ou du Río de la Plata, et une interview de la
présidente de Abuelas de Plaza de Mayo, Estela de Carlotto, qui
rappelle que plus que jamais il faut renforcer et développer la
démocratie en Argentine (en cette année électorale où deux
pré-candidats de l'opposition, Sergio Massa et Mauricio Macri, ont
annoncé qu'ils souhaitaient, s'ils étaient élus président, donner
un coup d'arrêt aux activités des ONG).
Il
est à noter qu'aujourd'hui, pour la première fois, Madres de Plaza
de Mayo semble bien isolée. L'association se trouve dans l'œil du
cyclone du fait d'irrégularités dans ces comptes, alors qu'elle
reçoit des subventions publiques. La marche qui partira à 14h de
Congreso pour se rendre jusqu'à Plaza de Mayo comme tous les ans
rassemblera toutes les ONG, sauf Madres (en revanche, l'autre
association, Madres de Plaza de Mayo Linea Fundadora, figurera bien
au premier rang).
Et
en ce jour si symbolique pour les droits de l'homme et les bonnes
pratiques judiciaires, l'un des experts choisis par la partie civile
dans le procès sur la mort du procureur Alberto Nisman a annoncé
son retrait de l'équipe constituée par la juge Sandra
Arroyo Salgado. Il s'agit d'un expert-psychiatre, Ricardo Risso, qui
estime que dans les actuelles conditions de deuil et d'implication
judiciaire (1) qui sont celles de tous les proches, parents,
collaborateurs ou amis, du défunt, il est impossible de faire une
évaluation de l'état d'esprit dans lequel il se trouvait au moment
des faits. Qu'il se dissocie ainsi de la partie civile met en
lumière, une fois encore, l'opacité des opérations conduites par
l'ex-épouse du magistrat décédé... Et ajoute de l'eau au moulin
de Estela de Carlotto qui dénonce une nouvelle fois le corporatisme
dans la magistrature et l'auto-protection dont jouit de fait ce corps
constitué dans la République argentine.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article sur l'expert-psychiatre et son désistement.
Ajout du 30 mars 2015 :
Il est possible de regarder le documentaire de Visión 7, l'information sur la télévision publique, en deux vidéos Youtube
Vidéo n° 1
Vidéo n° 2
Ajout du 30 mars 2015 :
Il est possible de regarder le documentaire de Visión 7, l'information sur la télévision publique, en deux vidéos Youtube
Vidéo n° 1
Vidéo n° 2
(1)
L'un des salariés du juge, l'informaticien Lagomarsino, est
poursuivi pour avoir confié une arme à feu dont il était
propriétaire et qui se trouve être l'arme du crime (voir mes autres
articles sur le sujet en cliquant sur affaire Nisman dans le bloc
Pour chercher, para buscar, to search, qui se trouve sous le titre de chaque
entrée). L'ex-femme fait feu de tout bois pour conduire la justice à
en faire le meurtrier du père de ses enfants. La mère et la sœur
du magistrat disparu sont impliquées dans l'existence d'un compte
bancaire non déclaré et ouvert à l'étranger (qui plus est
richement doté puisqu'il y aurait jusqu'à 600 000 USD – au regard
du niveau de vie argentin, c'est vraiment beaucoup d'argent).