Página/12 a choisi de couper sa une en deux en haut Cristina répondant aux vivats de la foule en bas, la foule sur Plaza de Congreso |
Hier,
c'était l'ouverture de la session parlementaire en Argentine, le 1er
mars correspondant à la rentrée après les longues vacances de
l'été. Pour Cristina Kirchner, c'était aussi la dernière fois
qu'elle présidait la cérémonie et ce fut pour elle l'occasion de dresser
un bilan de ses deux mandats comme de présenter les derniers grands chantiers de sa politique (son discours est disponible en vidéo sur le site Web de la Casa Rosada).
Elle
s'est félicitée des avancées sociales conquises pendant les sept
ans de présidence déjà accomplis, ce que ce matin Página/12
souligne à gros traits et, fait beaucoup plus étonnant, La Prensa revient elle
aussi sur une des réussites de ce gouvernement : le recul
important de la mortalité maternelle, néonatale et infantile dans
le pays grâce à une meilleure couverture vaccinale et différents
programmes de surveillance sanitaire (1).
Pour lire les textes, cliquez sur l'image |
La
présidente a également annoncé un plan de nationalisation de tout
le transport ferroviaire de voyageurs, aujourd'hui confiés à plusieurs sociétés privées, lesquelles ont montré à plusieurs
reprises d'incontestables défaillances dans le maintien des
infrastructures, du matériel et de la discipline dans le personnel roulant, au détriment de la sécurité des clients-usagers mais au bénéfice des
actionnaires. La nationalisation concernera aussi les infrastructures
du réseau et s'imposera donc au transport de marchandises, dont l'exploitation commerciale restera aux mains des intérêts privés. C'est la renaissance
de la société Ferrocarriles Argentinos, de la République radicale
(1916-1930), qui conclut une série de nationalisations partielles des chemins de fer que ce gouvernement avait entreprises après le tragique accident
de la gare Once, il y a trois ans, à l'été 2012.
Son
discours, où elle a aussi abordé le conflit qui l'oppose à une
grande partie du système judiciaire, dont elle avait annoncé
qu'elle voulait le réformer dès sa prise de fonction en décembre
2008, a été suivi et applaudi par une immense foule réunie sur une Plaza del
Congreso bondée au point qu'on voit nettement la foule déborder
sur partie de Avenida de Mayo (on aperçoit au loin la tour de l'horloge de la Legislatura Porteña). Un soutien aussi marqué pourrait bien
signifier une popularité intacte et un futur succès aux primaires
pour son successeur virtuel (Daniel Scioli ?),
malgré les récents soubresauts de l'été, avec cette affaire
surréaliste autour du procureur Alberto Nisman (d'abord son
intention de poursuivre la mandataire en justice pour des faits dont
il n'apportait pas la preuve de l'existence puis sa mort violente à
son domicile de Puerto Madero et enfin la poursuite effective et le
non-lieu pour non commission d'actes illégaux).
Le foot encore et toujours Clarín n'appartient pas pour rien à un groupe médiatique avec chaînes de télévision |
Tous
les quotidiens nationaux mettent l'événement en une, avec la même
division idéologique que vous connaissez bien entre Página/12, qui
soutient le gouvernement aux affaires, et la presse que les
démocrates argentins appellent les médias monopolistiques (Clarín,
La Nación, La Prensa).
Vous remarquerez que les trois unes réservent une petite place, pas toujours vite identifiable, à la prise de fonction de Tabaré Vázquez de l'autre côté du Río de la Plata.
Sur
le discours de la Présidente :
Sur
quelques points du discours :
lire
l'article de Página/12 sur la nationalisation des chemins de fer
lire
l'article de La Prensa sur la baisse de la mortalité
materno-infantile.
Et
vu de l'Uruguay, qui changeait de chef d'Etat et avait donc d'autres
chats à fouetter :
lire
l'article de El Observador.
(1) Rappelons qu'au niveau local à Buenos Aires, c'est le contraire qui s'est produit depuis l'arrivée au pouvoir municipal de Mauricio Macri, qui pratique la politique opposée (voir mon article du 14 décembre 2010 par exemple).