En
ce jour de fête nationale secondaire, TV Pública lance une nouvelle
série de documentaires ,Ver la historia (voir l'histoire), confiée au plus médiatique des historiens
argentins, Felipe Pigna, vedette du courant revisionista, une lecture
de l'histoire qui conteste la pensée dominante en la matière, issue
de la République Conservatrice des années 1860-1880, une pensée
européo-centriste forgée par deux intellectuels de grande
envergure doublés d'hommes politiques, Domingo Sarmiento (1811-1888)
et Bartolomé Mitre (1821-1906). Il est chercheur au CONICET (le
centre national d'études scientifiques argentins) et professeur à
l'Université National San Martín, dans la banlieue de Buenos Aires.
Le premier épisode est programmé ce soir à 22h30 et portera sur la guerre civile qui a
immédiatement suivi l'obtention de l'indépendance, votée en 1816,
tandis que la guerre civile a éclaté franchement en janvier 1820
(mais elle couvait très clairement depuis la mi-1817). Les douze autres épisodes mèneront peu à peu les téléspectateurs jusqu'en 2010.
Ce
sera tous les jeudis soir pendant treize semaines. L'émission sera
probablement visible a posteriori sur le canal Youtube de la chaîne.
Il s'agira d'une vision de la gauche souverainiste qui s'efforce de
remettre le peuple au cœur des processus historiques, alors que la
vision sarmiento-mitriste ne met en valeur que les grands hommes,
traités en héros providentiels, et les grandes batailles...
En
novembre dernier, Felipe Pigna a sorti, chez Planeta Argentina, un
nouveau libre, La voz del Gran Jefe – José de San Martín.
J'attends toujours qu'il publie les autres volumes de sa sélection
de documents sur el Padre de la Patria qu'il avait annoncés dans le
volume n° 1 (San Martín, el Político) sans tenir sa promesse
jusqu'à présent. Dommage !
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12, où Felipe Pigna, toujours aussi combatif, dénie tout de go à ses confrères toute espèce d'impartialité (1).
lire
la dépêche de Télam
consulter
le site Internet de TV Pública
visionner
la bande-annonce de l'émission.
(1) Il est vrai que l'objectivité n'est pas l'apanage de beaucoup d'historiens en Argentine et que la plupart de ceux qui s'en réclament développent en fait des thèses de droite, dignes héritières de celles inventées par Mitre et Sarmiento sous la République Conservatrice. Mais c'est oublier la nouvelle génération d'historiens qui s'efforce de faire, peu à peu, la différence entre idéologie et histoire, entre histoire et historiographie et que ces lectures partisanes et polémiques du passé nationale commencent à sérieusement agacer.
(1) Il est vrai que l'objectivité n'est pas l'apanage de beaucoup d'historiens en Argentine et que la plupart de ceux qui s'en réclament développent en fait des thèses de droite, dignes héritières de celles inventées par Mitre et Sarmiento sous la République Conservatrice. Mais c'est oublier la nouvelle génération d'historiens qui s'efforce de faire, peu à peu, la différence entre idéologie et histoire, entre histoire et historiographie et que ces lectures partisanes et polémiques du passé nationale commencent à sérieusement agacer.