mercredi 15 juillet 2015

D'autres soupçons contre les Kirchner qui volent en éclats [Actu]

Affiche électorale de 2003
Kirchner avait une petite coquetterie dans le regard
mais il se fichait comme d'une guigne de son apparence
contrairement à sa femme qui, elle, a un sens inné de la communication visuelle...
Son slogan : "L'Argentine, un pays digne"

Il y a deux ans, lors d'une émission de télévision animée par Jorge Lanata, l'une des vedettes les plus vulgaires du groupe Clarín, qui cherche toujours le sensationnel et le scandaleux, voire le crapuleux, une femme s'est présentée comme secrétaire du président Néstor Kirchner, déjà mort depuis des années. A ce titre, elle a déclaré à l'antenne qu'elle avait connaissance de plusieurs livraisons de sacs de billets de la Casa Rosada, siège du gouvernement fédéral, jusque chez le Gouverneur de la Province de Santa Cruz, dont était originaire Néstor Kirchner et où il repose depuis son décès en octobre 2010. De l'argent fédéral aurait donc permis à ce gouverneur de s'enrichir personnellement ou aurait fait de cet élu un homme de paille pour les époux Kirchner.

La couverture bien grasse d'un journal de caniveau, un machin people
qui mit en une cette photo faussement volée
de Quiroga présentée comme "l'autre veuve de Kirchner"
Elle avait donc la couverture marketing dont elle rêvait pour vendre son bouquin

La machine judiciaire s'était donc mise en branle contre le Gouverneur et son épouse et plusieurs autres personnes mises en cause par la dame en question.

Or il se trouve que cette personne, Miriam Quiroga, n'a jamais été la secrétaire de Kirchner, que son bureau n'était pas situé en face du sien comme elle le prétendait (elle aurait tout vu grâce à cette localisation dans la Casa Rosada), qu'enfin les sacs de billets n'ont jamais existé que dans son imagination... et le plan marketing d'un livre de fausses confidences sur les droits d'auteur duquel elle comptait pour vivre : Mis años con Kirchner – lo que ví (le titre à lui seul, "mes années avec Kirchner, ce que j'ai vu" laisse supposer qu'elle était la maîtresse du président, lequel était, de notoriété commune, un époux très épris de sa femme et réciproquement, ce qui insupporte particulièrement l'opposition qui préférerait une relation bien scabreuse et ignoble, mais non !)

L'une des promesses de Kirchner le jour de sa prestation de serment
"Je viens vous proposer un rêve : reconstruire notre propre identité comme peuple et comme Nation.
Je viens vous proposer un rêve, celui d construire la vérité et la Justice (1)
Je viens vous proposer un rêve, celui de retrouver une Argentine avec tous et pour tous
Je suis convaincu que dans cette symbiose historique, nous allons trouver le pays que nous méritons, nous autres, les Argentins"
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Le juge en charge de l'instruction vient de signer un non-lieu général en insistant bien pour faire savoir qu'il ne levait pas la main de la justice de dessus les inculpés au bénéfice du doute ou pour insuffisance de preuves mais parce que les faits qui avaient déclenché l'enquête n'existaient pas et n'avaient jamais existé.

Cette employée de bureau subalterne, attachée à la correspondance publique du Président (elle triait et traitait les lettres envoyées par les citoyens à l'occasion des manifestations auxquelles participait le chef de l'Etat), n'a jamais vu qu'un seul sac passer du bureau présidentiel à un autre situé près du sien et encore ce sac ne contenait-il que du courrier, comme elle a fini par le reconnaître devant le magistrat instructeur, qui avait toutefois poussé la conscience professionnelle jusqu'à effectuer une perquisition à la Casa Rosada (avec le bruit que vous imaginez dans la presse d'opposition), ordonner une reconstitution des faits qui a montré l'incompatibilité entre la topographie réelle du bâtiment et les faits inventés par la dénonciatrice, vérifier le patrimoine des époux santacrucègnes, etc. sans jamais rien trouver qui soit répréhensible. Pour le moment, on n'entend pas parler de poursuite ni contre Quiroga ni contre Lanata pour dénonciation de faits inexistants ou dénonciation calomnieuse comme ce serait le cas dans de nombreux pays européens.

Tout s'est donc passé comme avec l'invraisemblable réquisitoire du procureur Nisman contre Cristina, qui a volé en éclat lui aussi par trois fois, devant trois juridictions différentes (voir mes articles du 27 février, du 24 mars et du 21 avril derniers).

Un timbre émis pour rendre hommage au président décédé
La photo est meilleure que sur son affiche de campagne.
Elle a probablement été choisie par Cristina elle-même
qui a un goût très sûr en la matière.

En revanche, Mauricio Macri, qui se présente comme candidat néolibéral à la Présidence de la Nation après huit ans à la tête de la Ville Autonome de Buenos Aires, a vu maintenir son inculpation pour les écoutes illégales qu'il a ordonnées et dont il s'est servi au détriment de deux victimes de l'attentat contre l'AMIA, deux hommes qui penchent à gauche et ont monté une association de victimes distincte de l'AMIA du fait d'un désaccord profond avec l'instrumentalisation politique de la cause dont l'AMIA joue en permanence depuis vingt ans. Mauricio Macri est poursuivi par la justice portègne depuis 2010 dans cette affaire et on ne compte plus les démarches de ses avocats pour délayer la procédure et l'aider à se dérober aux enquêteurs par tous les motifs possibles et imaginables.

Pour aller plus loin :
sur le non-lieu pour les transferts financiers imaginaires, vous ne pourrez lire qu'un article de Página/12. Les autres quotidiens, qui ont fait beaucoup de bruit autour des fausses révélations de cette émission stupide, restent muets ce matin. Ben voyons !
En revanche, et c'est assez étonnant, on trouve quelque chose sur le site Internet de Ambito Financiero, un journal fort peu suspect de pencher à gauche et d'ailleurs les réactions survoltées de ses lecteurs indiquent leur surprise.

Sur le maintien de l'inculpation de Macri, on peut lire un article détaillé dans Página/12 et quelque chose de plus rapide dans Clarín, mais rien dans La Nación ni La Prensa.


(1) Une allusion à la reprise des procès contre les bourreaux de la dictature de 1976-1983, alors protégés par les lois d'amnistie que Kirchner a fait révoquer en 2005.