Comme on le voit, Cristina occupe la première place sur la une mais sans photo ! Cliquez sur l'image pour obtenir une haute résolution |
Le 13 avril prochain, Cristina Kichner
comparaîtra devant le juge d'instruction, Claudio Bonadio, pour une
opération de vente à terme de dollars US au sein du Banco Central
de la República Argentina, qui aurait causé une perte de 7 500
millions de pesos à l'organe régulateur de la devise nationale. Au terme de son audition, l'ancienne présidente pourrait être inculpée de manœuvres frauduleuses au détriment du Trésor Public. Elle n'a fait aucun commentaire. On la dit retranchée dans sa propriété, à Santa Cruz...
Au cours du mois d'avril, plusieurs
anciens ministres de son gouvernement et hauts fonctionnaires sont
eux aussi cités à comparaître dans le cadre de la même
instruction.
Claudio Bonadio a les responsables
politiques kirchneristes dans le viseur depuis de nombreuses années.
Il y a quelques mois, il avait été écarté de l'enquête qu'il
menait sur les affaires de Hotesur, un hôtel propriété de la
famille Kirchner à El Calafate, dans la province de Santa Cruz,
fortement soupçonné de recycler l'argent des dessous de table
engrangé par les deux présidents, mari et femme, au cours de leurs
trois mandats.
Cette fois-ci, le juge agit sur plainte
de deux députés nationaux du groupe parlementaire de Cambiemos,
eux-mêmes informés par l'actuel ministre des finances.
Cette convocation met en émoi
l'opposition kirchneriste qui parle de tentative de la majorité pour
la mettre au pas et la tenir en respect (disciplinar a la oposición) et estime que
le juge est aux ordres du Gouvernement. De leur côté, les partisans
de l'actuel Gouvernement sont beaucoup plus circonspects : La
Nación explique en effet que cette convocation pénale tombe au plus
mal, à quelques jours d'une rentrée qui s'annonce très délicate
sur le plan social. Le Gouvernement en place serait le dernier à
avoir intérêt à aller provoquer les kirchneristes alors qu'il
cherche à se concilier les voix du bloc FpV (Frente para la
Victoria) pour faire avaliser un certain nombre de décisions qui
conditionnent sa capacité à gouverner. C'est La Nación qui annonce
que Mauricio Macri, informé de l'initiative du juge alors qu'il se
trouve en visite à Rome, a demandé à ses troupes de ne pas
commenter cette péripétie judiciaire. Mauricio Macri se trouve à Rome
pour rencontrer le Pape François (ce matin) puis revoir Mateo Renzi
(qu'il a déjà rencontré à Davos et, plus récemment, à Buenos
Aires) et déjeuner avec son homologue italien pour un premier
contact protocolaire entre les deux hommes (1), or des militants de
la gauche argentine ont manifesté hier, dès son arrivée dans la
Ville Eternelle, devant l'hôtel où la délégation est descendue,
contre sa politique sociale, l'arrestation de Milagro Sala à Jujuy
(sur ordre de la justice provinciale) et les intentions qu'on lui
prête de faire disparaître tout ou partie des Archives pour la
mémoire, un dépôt de documents rassemblés en majeure partie par les familles des victimes et relatifs aux assassinats politiques
et autres crimes imprescriptibles commis sous la Dictature par
l'armée et la police.
Les photos pour le foot (en bas et en haut) et le gros titre contre Cristina ! |
C'est la première fois que Cristina
devra répondre de ses actes, en qualité de chef d'Etat, pendant
l'exercice de ses mandats. Elle est aujourd'hui impliquée dans sept
dossiers différents et cinquante enquêtes sont ouvertes pour des
agissements imputés aux tenants des pouvoirs publics pendant les
douze années de gouvernement Kirchner, d'abord son mari et elle
ensuite.
Pour aller plus loin :
lire l'article principal de Página/12
qui donne la parole à Axel Kiciloff, ancien ministre des Finances,
qui se défend bec et ongles, contre l'inculpation dont il est menacé
(il fait partie des membres du gouvernement qui doivent être
entendus dans cette affaire)
lire l'entrefilet de La Nación sur le
souhait du président qu'aucun commentaire n'émane du gouvernement
en exercice
lire l'article de La Prensa.
Il va sans dire que les articles se
multiplient ce matin dans tous les journaux au sujet de ce scandale
qui sans être une surprise fait tout de même son petit effet sur
l'opinion publique.
(1) Les bonnes relations de l'Argentine
avec l'Italie sont une des constantes de la politique diplomatique de
ce pays d'Amérique du Sud, habité par une quantité impressionnante
de descendants d'Italiens. Le patronyme de l'actuel président en
rend d'ailleurs témoignage.