samedi 27 février 2016

Cristina convoquée par la Justice [Actu]

Comme on le voit, Cristina occupe la première place sur la une
mais sans photo !
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Le 13 avril prochain, Cristina Kichner comparaîtra devant le juge d'instruction, Claudio Bonadio, pour une opération de vente à terme de dollars US au sein du Banco Central de la República Argentina, qui aurait causé une perte de 7 500 millions de pesos à l'organe régulateur de la devise nationale. Au terme de son audition, l'ancienne présidente pourrait être inculpée de manœuvres frauduleuses au détriment du Trésor Public. Elle n'a fait aucun commentaire. On la dit retranchée dans sa propriété, à Santa Cruz...

Au cours du mois d'avril, plusieurs anciens ministres de son gouvernement et hauts fonctionnaires sont eux aussi cités à comparaître dans le cadre de la même instruction.

Claudio Bonadio a les responsables politiques kirchneristes dans le viseur depuis de nombreuses années. Il y a quelques mois, il avait été écarté de l'enquête qu'il menait sur les affaires de Hotesur, un hôtel propriété de la famille Kirchner à El Calafate, dans la province de Santa Cruz, fortement soupçonné de recycler l'argent des dessous de table engrangé par les deux présidents, mari et femme, au cours de leurs trois mandats.

Cette fois-ci, le juge agit sur plainte de deux députés nationaux du groupe parlementaire de Cambiemos, eux-mêmes informés par l'actuel ministre des finances.

Página/12 préfère mettre le projecteur sur l'ancien ministre des Finances
et son successeur (dans la manchette en haut, au centre)
Et pas de calembour ni de plaisanterie fine cette fois-ci à la une
mais une bonne vieille et franche accusation contre le juge

Cette convocation met en émoi l'opposition kirchneriste qui parle de tentative de la majorité pour la mettre au pas et la tenir en respect (disciplinar a la oposición) et estime que le juge est aux ordres du Gouvernement. De leur côté, les partisans de l'actuel Gouvernement sont beaucoup plus circonspects : La Nación explique en effet que cette convocation pénale tombe au plus mal, à quelques jours d'une rentrée qui s'annonce très délicate sur le plan social. Le Gouvernement en place serait le dernier à avoir intérêt à aller provoquer les kirchneristes alors qu'il cherche à se concilier les voix du bloc FpV (Frente para la Victoria) pour faire avaliser un certain nombre de décisions qui conditionnent sa capacité à gouverner. C'est La Nación qui annonce que Mauricio Macri, informé de l'initiative du juge alors qu'il se trouve en visite à Rome, a demandé à ses troupes de ne pas commenter cette péripétie judiciaire. Mauricio Macri se trouve à Rome pour rencontrer le Pape François (ce matin) puis revoir Mateo Renzi (qu'il a déjà rencontré à Davos et, plus récemment, à Buenos Aires) et déjeuner avec son homologue italien pour un premier contact protocolaire entre les deux hommes (1), or des militants de la gauche argentine ont manifesté hier, dès son arrivée dans la Ville Eternelle, devant l'hôtel où la délégation est descendue, contre sa politique sociale, l'arrestation de Milagro Sala à Jujuy (sur ordre de la justice provinciale) et les intentions qu'on lui prête de faire disparaître tout ou partie des Archives pour la mémoire, un dépôt de documents rassemblés en majeure partie par les familles des victimes et relatifs aux assassinats politiques et autres crimes imprescriptibles commis sous la Dictature par l'armée et la police.

Les photos pour le foot (en bas et en haut)
et le gros titre contre Cristina !

C'est la première fois que Cristina devra répondre de ses actes, en qualité de chef d'Etat, pendant l'exercice de ses mandats. Elle est aujourd'hui impliquée dans sept dossiers différents et cinquante enquêtes sont ouvertes pour des agissements imputés aux tenants des pouvoirs publics pendant les douze années de gouvernement Kirchner, d'abord son mari et elle ensuite.

Pour aller plus loin :
lire l'article principal de Página/12 qui donne la parole à Axel Kiciloff, ancien ministre des Finances, qui se défend bec et ongles, contre l'inculpation dont il est menacé (il fait partie des membres du gouvernement qui doivent être entendus dans cette affaire)
lire l'entrefilet de La Nación sur le souhait du président qu'aucun commentaire n'émane du gouvernement en exercice
Il va sans dire que les articles se multiplient ce matin dans tous les journaux au sujet de ce scandale qui sans être une surprise fait tout de même son petit effet sur l'opinion publique.



(1) Les bonnes relations de l'Argentine avec l'Italie sont une des constantes de la politique diplomatique de ce pays d'Amérique du Sud, habité par une quantité impressionnante de descendants d'Italiens. Le patronyme de l'actuel président en rend d'ailleurs témoignage.