dimanche 21 février 2016

Corruption : les faits concrets apparaissent [Actu]

Après le cas de Milagro Sala, dans la Province de Jujuy, la dirigeante du mouvement Tupac Amaru dont certaines malversations ont été percées à jour par la Cour des Comptes argentine, c'est sur l'administration de Cristina Kirchner qu'apparaissent des faits concrets qui constituent les premières preuves de l'existence de détournements des deniers publics.

Comme j'ai eu à plusieurs reprises l'occasion de le dire ici, pendant toute la durée du gouvernement des Kirchner, mari et femme, les accusations de corruption fusaient de toutes parts dans le discours des citoyens lambda (dans l'opposition bien entendu). Idem dans la presse. Mais les preuves, les faits concrets n'apparaissaient jamais. Je conservais donc dans un coin de ma mémoire le souvenir de tout ce qu'on me disait mais sans jamais m'en faire l'écho dans ce blog.

Ce matin, Clarín publie des documents très peu ambigus à ce sujet : un système de surfacturation appliqué aux voyages officiels à l'étranger, effectués par la Présidente et ses différentes suites, où l'on voit très clairement que les factures émises par les hôtels ont été transmises à la comptabilité de la Casa Rosada sous forme de copies trafiquées. Présentées comme justificatif de frais à rembourser, elles font apparaître des montants beaucoup plus élevés que ceux réellement acquittés à l'hôtel.

Cela n'implique pas que l'argent versé en trop par le trésor public soit allé dans la poche de la Présidente. Rien ne dit non plus qu'elle soit à l'initiative de cette fraude, mais celle-ci est réalisée à partir des justificatifs concernant ses propres déplacements (1). Sa responsabilité est engagée au niveau du contrôle, a priori ou a posteriori, qu'elle aurait dû exercer au moins une fois l'an, puisque l'existence de la corruption en Argentine ne sont un secret pour personne. Si elle avait voulu un Etat aussi propre qu'elle l'a toujours prétendu, exercer son contrôle était la moindre des précautions à prendre, et même un peu plus que celles que la Justice française reproche à Sarkozy ne pas avoir prises lors de sa campagne électorale, eu égard au fait que les procédures de financement des partis politiques sont plus encadrées en France qu'en Argentine et que l'existence de malversations dans ce domaine est un tout petit peu moins en vue.

L'extrémité de la pelote aurait été tendue aux membres du nouveau gouvernement par des salariés de la Casa Rosada qui ont travaillé sous la présidence de Cristina Kirchner, qui ont été les témoins scandalisés de ces procédés irréguliers et se sont empressés de les dénoncer aux nouveaux venus dès leur entrée dans les lieux. Et les auditeurs n'ont eu qu'à aller chercher à l'endroit qu'on leur indiquait pour commencer. Le reste devrait suivre peu à peu.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Clarín, qui produit quelques unes des factures et justificatifs incriminés et identifié par les auditeurs missionnés par l'actuel Gouvernement, qui ne semble donc pas faire les choses à moitié (ce zèle est interprété comme une soif de vengeance de la part de la nouvelle majorité par Página/12 et les fidèles de Cristina).



(1) Qui plus est, ces factures font apparaître des frais de téléphonie. La suite présidentielle passait donc ses coups de fil, dans le cadre de sa mission puisqu'ils font l'objet d'un remboursement, depuis les téléphones d'un hôtel, au lieu d'utiliser des équipements chiffrés et protégés, y compris Skype, qui est gratuit, ou les téléphones de l'Ambassade, qui devraient être protégés !