mardi 4 août 2020

Dette argentine : accord signé ! [Actu]

Sur la façade du New York Stock Exchange ce matin (photo France 24)

Après des négociations très compliquées et de multiples reports d’échéance, le gouvernement argentin et les créanciers privés de l’Argentine, dominés par la holding spéculative Blackrock, ont fini par signer un accord qui devra maintenant être approuvé par le Congrès. Comme la majorité parlementaire est acquise au gouvernement, le risque est quasi-inexistant. Sitôt connu l’événement, trois des grandes valeurs argentines cotées à Wall Street ont gagné 13 % à l’ouverture et la Bourse de New York a même hissé le drapeau argentin à côté de celui des États-Unis, comme en témoigne France 24 (le canal en anglais ou plus vraisemblablement celui, tout récent, en espagnol) dont l’image est reprise par Ambito, le quotidien argentin (du lundi au vendredi) du monde des affaires. Le taux de risque pays a été recalculé à la baisse (- 120 points en une seule nuit !)

Une de Ambito, ce matin
L'information n'était pas encore officielle

Pour Alberto Fernández que son opposition, surtout son aile dure, conduite par Patricia Bullrich, Mauricio Macri et jusqu’à il y a peu le radical Alfredo Cornejo, commençait à accuser de ne rien faire et d’être embourbé dans la crise sanitaire sans savoir où aller, c’est plus qu’une belle revanche : en quelques jours, il envoie au bureau du Congrès un ambitieux projet de loi qui restructure la justice fédérale (au grand dam de cette même opposition) et obtient une renégociation financière qui sauve le pays de la faillite publique (default en anglais), qui l’aurait peut-être exclu du G20 (1). C’eût été la onzième fois en deux cents dix ans d’existence que le pays aurait été déclaré en cessation de paiement.

Même un ancien ministre des finances de Mauricio Macri, et pas l’un des moins idéologues de l’équipe, a salué cet accord et l’a taxé de « grand ». On ne peut pas faire plus beau compliment que lorsque l’opposition elle-même, faisant taire ses ressentiments partisans, reconnaît la réussite.

L'info est traitée en titre secondaire, tout en haut
Le gros titre et la photo concernent l'affaire Santiago Maldonado,
militant mapuche noyé dans un torrent de Patagonie
et dont la mort est maintenant attribué à un conseiller de Patricia Bullrich,
lorsqu'elle était la très va-t-en-guerre ministre de la Sécurité de Mauricio Macri

Mais l’annonce de l’accord est intervenue trop tard par rapport au bouclage des quotidiens dont aucun, même Página/12, n’a pu le mettre en bonne place en une. Les plus chanceux ont pu titrer en manchette, d’autres ont mis l’info au conditionnel, comme Ambito, le journal des milieux d’affaires (les plus impliqués pourtant pour les répercutions immédiates).

Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12 qui fait toutefois sa une sur un autre sujet (la relance de l’instruction sur la mort d’un manifestant mapuche qui fuyait à pied une charge de gendarmerie et s’est noyé dans un torrent glacé de Patagonie il y a quatre ans)
lire l’éditorial de Ambito intitulé « Gúzman [le nom du ministre de l’Économie] a cloué le bec à tout le monde »



(1) Il n’est pas impossible que les règles du G20 s’assouplissent après le traumatisme de la pandémie subi par tous les membres.