Sur la façade du New York Stock Exchange ce matin (photo France 24) |
Après des négociations très compliquées et de
multiples reports d’échéance, le gouvernement argentin et les
créanciers privés de l’Argentine, dominés par la holding
spéculative Blackrock, ont fini par signer un accord qui devra
maintenant être approuvé par le Congrès. Comme la majorité
parlementaire est acquise au gouvernement, le risque est
quasi-inexistant. Sitôt connu l’événement, trois des grandes
valeurs argentines cotées à Wall Street ont gagné 13 % à
l’ouverture et la Bourse de New York a même hissé le drapeau
argentin à côté de celui des États-Unis,
comme en témoigne France 24 (le canal en anglais ou plus
vraisemblablement celui, tout récent, en espagnol) dont l’image
est reprise par Ambito,
le quotidien argentin (du lundi au vendredi) du monde des affaires.
Le taux de risque pays a été recalculé à la baisse (- 120
points en une seule nuit !)
Une de Ambito, ce matin L'information n'était pas encore officielle |
Pour
Alberto Fernández
que son opposition, surtout son aile dure, conduite par Patricia
Bullrich, Mauricio Macri et jusqu’à il y a peu le radical Alfredo
Cornejo, commençait à accuser de ne rien faire et d’être
embourbé dans la crise sanitaire sans savoir où aller, c’est plus
qu’une belle revanche : en quelques jours, il envoie au bureau
du Congrès un ambitieux projet de loi qui restructure la justice
fédérale (au grand dam de cette même opposition) et obtient une
renégociation financière qui sauve le pays de la faillite publique
(default
en anglais), qui l’aurait peut-être exclu du G20 (1).
C’eût été la onzième fois en deux cents dix ans d’existence
que le pays aurait été déclaré en cessation de paiement.
Même
un ancien ministre des finances de Mauricio Macri, et pas l’un des
moins idéologues de l’équipe, a salué cet accord et l’a taxé
de « grand ». On ne peut pas faire plus beau compliment
que lorsque l’opposition elle-même, faisant taire ses
ressentiments partisans, reconnaît la réussite.
Mais
l’annonce de l’accord est intervenue trop tard par rapport au
bouclage des quotidiens dont aucun, même Página/12,
n’a pu le mettre en bonne place en une. Les plus chanceux ont pu
titrer en manchette, d’autres ont mis l’info au conditionnel,
comme Ambito, le journal des milieux d’affaires (les plus impliqués
pourtant pour les répercutions immédiates).
Pour
aller plus loin :
lire
l’article principal de Página/12
qui fait toutefois sa une sur un autre sujet (la relance de
l’instruction sur la mort d’un manifestant mapuche qui fuyait à
pied une charge de gendarmerie et s’est noyé dans un torrent glacé
de Patagonie il y a quatre ans)
lire
l’article de La Prensa
lire
l’article de Clarín
lire
l’éditorial de Ambito
intitulé « Gúzman [le nom du ministre de l’Économie] a cloué le bec à tout le monde »
(1)
Il n’est pas impossible que les règles du G20 s’assouplissent
après le traumatisme de la pandémie subi par tous les membres.