lundi 17 août 2020

Les dessinateurs de Página/12 se payent la tête des complotistes anti-masques [Actu]

Légende : Le général San Martín et son avant-garde,
l’armée des travailleurs essentiels, sont en marche.
Et ceux de l’arrière-garde : #Reste chez toi.
San Martín : Tous masqués ! En marche vers la bataille finale.
Traduction © Denise Anne Clavilier
Le paysage et les expressions employées évoquent l’Armée des Andes
et la Traversée des Andes, le haut-fait le plus célèbre de San Martín (janvier-février 1817)
Cliquez sur l'image pour une bonne résolution

Alors que le personnel de santé argentin déplore déjà soixante décès dans ses rangs, en ce jour férié où tout le pays honore la mémoire de celui qui a permis et consolidé son indépendance, le général José de San Martín (1778-1850), une fraction de la droite sectaire, la même que celle qui soutient encore et toujours aux États-Unis un Trump maintenant passablement démonétisé ou qui acclame encore Bolsonaro au Brésil, appelle à manifester dans les rues contre le gouvernement et ses mesures de précaution contre le covid-19 (port du masque, télétravail, arrêt des activités non essentielles et distances physiques). Cette même droite absurde l’avait déjà fait, avec des succès mitigés, le 25 mai, le 20 juin et le 9 juillet.

Lui : Je me demande…
Placer son intérêt au-dessus de celui de la collectivité, c’est quoi ?
Un service essentiel ou un sport individuel ?
Traduction © Denise Anne Clavilier
Les services dits "essentiels" (appelés en France indispensables) et les sports individuels sont les seules activités pour lesquelles les Argentins ont le droit de sortir de leur domicile. Tout le reste doit être effectué à distance.
Cliquez sur l'image pour une bonne résolution


L’Argentine vient de dépasser la barre des 5.000 décès (1) pour une population qui s’achemine vers les 46 millions.

"Grande manifestation patriotique avec vos drapeaux.
Faisons la patrie que voulait/aimait San Martín" (2)
Remarquez la date indiquée par l'initiale du mois "17 A"

Le mot d’ordre est porté par les mêmes excités qui s’étaient rassemblés il y a un an pour soutenir la candidature de Mauricio Macri, qui venait d’être sévèrement rejeté par l’électorat au PASO (l’avant-premier tour des élections présidentielle et législatives), le tout à l’appel d’un acteur de second plan, passablement aigri, un certain Luis Brandoni, qui séjournait alors confortablement... à Madrid.

Les deux manifestations opposées de ce soir
à gauche, le "banderazo" à la noix des sectairese
à droite, le mot d'ordre pour applaudir les personnels de santé,
chacun à sa fenêtre ce soir à 21h
Cliquez sur l'image pour une bonne résolution

L’affiche de leur manifestation est illustrée d’une image apocryphe et particulièrement laide de San Martín. Remarquez le caractère impérieux de l’expression de son visage qui ne correspond en rien à la réalité historique du personnage et le manque de respect pour le drapeau porté comme une écharpe (ce qu’il n’aurait jamais fait – ce n’était pas un supporter de foot !). L’organisation politique qui a soutenu l’année dernière la candidature de Mauricio Macri et dont les ténors se déchirent autour de l’héritage en ruines pendant que lui se prélasse dans le Var à Ramatuelle avant de rejoindre une sinécure de la Fifa à Zurich, Juntos por el Cambio soutient officiellement la manifestation mais ses dirigeants modérés, qui acceptent le verdict des urnes, les plus nombreux semblerait-il, se démarquent clairement de cette prise de position.

Pour aller plus loin :
lire l’article de La Prensa (plutôt favorable à la manifestation)
lire l’article de Clarín qui relève les divergences de vue au sein de Juntos por el Cambio
lire l’article de La Nación, visiblement pas enthousiasmé devant ces manifestations irrationnelles à l’arrière-goût antidémocratique.



(1) 5.703 ce matin. Pour 295.000 cas de contagion détectés, dont 212.000 personnes guéries ou qui n’ont pas été malades.
(2) Ils n’en savent strictement rien. Aucun des initiateurs du mouvement n’ont jamais lu le moindre texte de San Martín. D’ailleurs, s’ils l’avaient fait, ils n’auraient jamais lancé de telles opérations.