"Paris vaut bien une [élection] interne" [à l'alliance électorale Juntos por el Cambio] |
Le scandale ne fait que croître dans le monde
politique argentin, surpris en plein week-end par le voyage
de l’ex-président sans foi ni loi qui, avec sa femme et
sa fille de dix ans, étale ses moyens
financiers et se rit des mesures prises par
les pouvoirs publics pour freiner une épidémie qui fait des
ravages.
Página/12,
cela ne surprendra personne, est
le quotidien qui enfonce le plus le clou en mettant l’affaire à la
une (ci-dessus) avec un montage photographique dont il
est facile de repérer la structure (il
suffit de remarquer
l’antique 2CV
rouge au fond du champ pour comprendre que le couple Macri ne s’est
pas pris en
selfie ce week-end) mais cette illustration fait tout de même son
petit effet.
Sans
mettre autant en valeur le sujet sur leurs éditions respectives,
les autres quotidiens, d’habitude plus favorables à Macri, ne
ménagent pas leurs critiques et citent
sans hésitation les déclarations des
hommes politiques de droite qu’ils ont pu glaner au
cours des dernières heures. Visiblement,
dans le camp libéral, on se réjouit de la faute politique que vient
de commettre l’ancien président puisqu’elle le discrédite sans
doute pour longtemps et dégage par
conséquent le terrain pour ses rivaux et
éventuels successeurs, surtout parmi les « dialoguistes »,
ceux qui pratiquent et plaident pour une concertation avec la
majorité nationale afin d’administrer
au mieux cette
situation exceptionnelle et de limiter
les dégâts tant démographiques qu’économiques et sociaux.
Il
est probable que la presse et le monde politique attendent de voir ce
qu’il se passera ce soir à Paris, vers
18h (heure française) : une
manifestation importante et ce sera l’hallali contre l’ancien
président. Si la manifestation, en
revanche, est clairsemée, Macri pourra
peut-être encore croire à ses
chances en 2021, aux élections de mi-mandat. Après
tout, c’était bien à cette
occasion, il y a près de trois ans,
que Cristina Kirchner était revenue dans la danse. Encore
n’avait-elle pas été battue à plate
couture à l’issue de son mandat !
Pour
aller plus loin :
lire
l’éditorial de Clarín
qui dresse le bilan de la semaine politique avec des phrases sévères
pour le dirigeant libéral
lire
l’article de Luisa Corradini, la correspondante en France de La
Nación,
qui consacre son article du jour aux mille et un subterfuges déloyaux
que leur fortune offre aux plus riches de ce monde pour se
désolidariser du reste de leurs compatriotes et de l’humanité en
cette période de crise planétaire (sous sa plume, c’est
étonnant : elle ne nous a pas habitués à la voir s'acharner ainsi sur les turpitudes de ce milieu
social).