mardi 4 août 2020

La chute de Juan Carlos ne laisse pas la presse argentine indifférente [ici]

Le Congrès de Tucumán a eu beau dire le 9 juillet 1816 (1), voilà nos Argentins aussi midinettes que nous devant les péripéties de la « cour d’Espagne ». A ceci près que la monarchie ne relève dans leur imaginaire de rien de particulier : elle n’est pas présente dans leurs films en costumes (qui ne prennent le train de l’histoire qu’à partir de 1810), ni dans leur littérature, ni dans leur peinture même monumentale, ni dans leur architecture, ni dans leur patrimoine. A peine l’est-il dans le nom de quelques villes, comme San Luis (nommée ainsi en l’honneur de l’ancêtre capétien canonisé) ou San Carlos (en honneur du saint de baptême de Carlos III).


La une de ce matin,
alors que la grande nouvelle argentine n'était pas encore officielle
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Et pourtant, à l’heure où Juan Carlos perd le peu de prestige qu’il lui restait, depuis la désastreuse chasse à l’éléphant au Botswana en 2012, et que son rôle majeur dans l’histoire de l’Espagne aurait dû lui garantir pour de longs siècles, il n’est pas en Argentine un titre de presse qui ne s’attarde sur l’exil volontaire mais peu glorieux du restaurateur du trône des Bourbons et de la démocratie dans la « Mère Patrie » comme on dit toujours là-bas.

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 (très antimonarchique)
lire l’article de La Prensa (qui diffuse l’idée d’une Argentine au catholicisme rétrograde… C’est à peine si le quotidien tient compte du concile Vatican II)
lire l’article de Clarín, tout fasciné par un prestige de papier glacé
lire l’article de La Nación qui reproduit par ailleurs un article de El País, le quotidien espagnol (pourtant dans une ligne idéologique différente puisque El País, comme Le Monde en France, n’a pas encore tout oublié de ses racines de gauche).

Ajout du 9 août 2020 :
lire cet article de Luisa Corradini, correspondante de La Nación à Paris, sur cette fâcheuse affaire qui continue d'empoisonner la vie institutionnelle outre-Pyrénées.



(1) Date de la déclaration d’indépendance où les constituants ont déclaré le pays libre de tout lien avec Fernando VIII et ses successeurs.