Après des travaux d’embellissement qui ont duré six mois, un bar historique, fondé en 1928 (à Buenos Aires, c’est déjà une antiquité), vient de rouvrir ses portes dans un carrefour mythique de la capitale argentine : Corrientes y Callao.
Un coin dont il est question dans un des tout premiers tangos du tandem Astor Piazzolla-Horacio Ferrer : Balada para un loco (1). « No ves que va la luna rodando por Callao »… Autre maître du tango qui fréquenta le lieu : Enrique Santos Discépolo, qui possédait un appartement à cette hauteur de l’avenue Callao. Un des grands créateurs du répertoire des années 1930 et 1940.
Le bar La Ópera est relancé ce week-end par le même patron qui a rouvert aussi La Giralda, autre établissement très connu du quartier et qui avait dû baisser le rideau au moment de la crise de 2018 (quand l’Argentine s’est à nouveau précipitée dans les bras pas très sympa du FMI). La même famille possède les deux établissements depuis une cinquantaine d’années.
A
La Giralda, la spécialité est un chocolat chaud de type espagnol
(mais très différent, il faut le reconnaître, de ce qu’on vous
sert en Espagne). Les fondateurs voulaient rappeler Séville et
Séville, c’est « chocolate con churros ».
L'intérieur de la salle avec vue sur Corrientes On aperçoit la bouche de métro de la station Callao |
A La Ópera, on fait plutôt dans la pizza portègne (la cheffe, issue du Sofitel de Buenos Aires, nous en promet 16 déclinaisons) et la paupiette de poulet farcie aux champignons (un plat de saison, on est en automne).
Pendant le week-end, la cuisine fonctionne non-stop toute la journée. En semaine, l’établissement sera ouvert seulement, si l’on ose dire, de 7 h à 1 h du matin. Ne dit-on pas que Corrientes ne dort jamais ?
Buenos Aires renoue avec ses traditions après les sinistres que le covid a semés dans son sillage. Cela va redonner du travail à pas mal de gens.
Pour
aller plus loin :
(1) Ce classique d’entre les classiques, malgré une date récente (1969), est inclus dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, que j’ai publié aux Éditions du Jasmin avec les encouragements du poète qui avait aimé ma traduction. Je n’en étais pas peu fière, comme vous pouvez l’imaginer.