A l'occasion de leur hommage à Carlos Gardel, donné à deux reprises, une fois au Centro Cultural Recoleta et l'autre, à l'Espacio Cultural Nuestros Hijos (ECuNHi, pour les intimes), fondé par l'ONG Madres de Plaza de Mayo, les chanteuses Lucrecia Merico et María de los Angeles Ledesma avaient droit à un article dans les pages culturelles de Página/12, toujours lui, dans son édition d'avant-hier (29 juin 2011). Voir sur ce spectacle mon article du 9 juin 2011.
Cristian Vitale procède au portrait de chacune des deux artistes, portègne et tanguera pour l'une (Lucrecia), Santefesina et plus adonnée à la musique folklorique pour l'autre (María). Toutes les deux ont en commun de travailler à ECuNHi, la première comme professeur de chant (elle a dirigé il y a un an le disques Señales de Vida, voir mon article du 26 novembre 2010 sur cet album original), la seconde comme coordinatrice du département de musique.
Quelques bribes d'interview se mêlent à l'article de fond. Voici ce qu'elles disent de Carlos Gardel.
“Para mí es el cantor más representativo del acervo nacional. Y es también el sonido cotidiano de mi infancia y el recuerdo de los juegos en el patio de mis abuelos con la radio prendida, o sus canciones en la voz de mi madre”, evoca Ledesma. “Para mí –canta Merico–, Gardel sigue siendo ese amigo, ese hijo, ese hermano que todos hubiéramos querido tener. Como hombre era sumamente atractivo, porque se permitía la ternura y la sensibilidad que los de su época no dejaban ver, y como artista era realmente extraordinario, cantó tangos reos y tradicionales, canciones criollas, rancheras argentinas, foxtrots, zambas, valses, pasodobles, vidalitas, shimmys, fados, estilos, cuecas, milongas y hasta llegó a cantar una balada rusa. Y todo con una gran solvencia. Era enorme... era el límite más alto de lo bueno.”
Página/12
"D'après moi, c'est le chanteur populaire le plus représentatif du patrimoine national. Et c'est aussi le fond sonore quotidien de mon enfance et le souvenir de mes jeux dans le patio de mes grands-parents avec la radio allumée ou ses chansons chantées par ma mère", raconte Ledesma. "D'après moi, entone Merico (1), Gardel reste toujours cet ami, ce fils, ce frère que nous aurions tous aimé avoir. Comme homme, il était très attirant, parce qu'il osait la tendresse et la sensibilité que les hommes de son époque ne laissaient pas voir, et comme artiste, il était vraiment extraordinaire, il a chanté des tangos faubouriens et traditionnels, des chansons criollas, des rancheras argentines, des foxtrots, des zambas, des valses, des pasodobles, des vidalitas, des shimmys, des fados, des estilos, des cuecas, des milongas et il a même réussi à chanter une ballade russe. Tout ça avec une grande fluidité. C'était énorme... Il était la limite la plus élevée de la qualité".
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Dans la suite de l'interview, elles expliquent comment leur ait venue l'idée du spectacle, un récital à deux voix, accompagnées par les Guitarras Saavedrinas, et comment elles ont choisi les pièces du répertoire de Gardel et se les sont réparties entre leurs deux voies et leurs deux styles comme interprètes.
(1) Vous remarquerez cette habitude argentine de nommer les femmes comme les hommes par le seul patronyme, ce qui est très rare en français, où l'on préfèrera en général accompagner le nom d'une femme de son prénom ou d'une civilité (Madame, Mademoiselle), l'usage du seul nom étant la plupart du temps réservé aux hommes. Il faut arriver à des sommets de célébrité pour que le seul nom d'une femme ne donne pas une sensation d'étrange (à moins qu'on ne soit dans le domaine politique). Ainsi on dit Signoret, Deneuve, Sagan, Duras, Adjani...