Le corps du chanteur Facundo Cabral, assassiné samedi à Managua, a été rapatrié en Argentine hier soir. Les photos sont particulièrement surprenantes. Le corps a voyagé en soute comme un bagage quelconque avec la guitare du chanteur, dument étiquettée à ses côtés. Et ce n'est pas un cercueil, même provisoire, qu'on a vu sortir de l'avion mais un énorme carton de livraison, avec des étiquettes d'enregistrement collées dessus, un carton qui a été chargé non pas dans un corbillard mais sur un chariot à bagages de l'Aeroparque Jorge Newberry, l'aéroport réservé aux vols intérieurs et régionaux situé au bord du Río de la Plata.
Facundo Cabral est veillé jusqu'à ce soir, à 22h, au Teatro ND-Ateneo, où il avait donné son dernier récital à Buenos Aires, au début du mois de mai. Les obsèques auront lieu demain matin, dans le cimetière privé Jardín de Paz, dans la banlieue de Buenos Aires.
Une chapelle ardente sans dimension confessionnelle a été dressée dans le foyer du théâtre. Le cercueil blanc, fermé, y est exposé, recouvert du drapeau argentin et du drapeau de l'UNESCO, qui avait nommé l'artiste Ambassadeur pour la Paix en 1996.
Le Gouvernement argentin a décrété trois jours de deuil national. La Présidente et le Secrétaire d'Etat à la culture ont tous deux envoyé une couronne.
Dans les journaux, c'est le service minimum. On en parle à peine. Mais il est vrai que l'actualité est particulièrement dense en ce moment : la campagne électorale du second tour à Buenos Aires vient de prendre un tour nauséabond, avec la rage manifestée par certains péronistes contre les électeurs de Macri, rage qui enfonce encore un peu plus Daniel Filmus, déjà en position très difficile pour le prochain scrutin (il faudrait qu'il remonte de plus de 20 points), les premières comparaisons de l'ADN des enfants Noble Herrera ont déçu parce qu'elle montre que ces deux ADN ne correspondent à aucune des deux familles qui s'étaient porté parties civiles dans cette affaire il y a 10 ans, ce qui fait naître mille conjectures sur le pourquoi du comment, de nouveaux soupçons sordides éclaboussent Madres de Plaza de Mayo, on commente les propositions pour l'emploi de la France et de l'Argentine au G20 et enfin, une jeune femme, accusée d'avoir assassiné l'une de ses amies, vient d'être acquittée, au grand dam de la famille de la victime.
A Managua, la police qui enquête sur le meurtre de Cabral a déjà procédé à deux arrestations de seconds couteaux et les enquêteurs pensent que le chanteur a bien été tué par accident. Les balles qui l'ont atteints étaient sans doute destinées au producteur de son spectacle, qui voyageait à l'arrière du véhicule et a été grièvement blessé. L'homme est soupçonné d'être mêlé à des affaires maffieuses.
Pour aller plus loin :
lire l'article de Clarín