Tecnópolis est un centre culturel, un musée, un centre de loisirs destiné au grand public et consacré à la recherche, fondamentale et appliquée, et aux réalisations de l'Argentine en la matière. Le centre s'étend sur 50 hectares, en périphérie de Buenos Aires, à Vicente López, en bordure de la General Paz, la voie rapide qui sépare la capitale de sa banlieue et donc de la Province de Buenos Aires sur toute la limite ouest de la ville. Tecnópolis doit être inaugurée à 18h30 aujourd'hui par la Présidente, à la nuit tombée, et elle accueillera le grand public dès demain matin, pour une durée de 5 semaines.
Ce projet fait partie des grandes manifestations qui célébraient l'année dernière le Bicentenaire de l'Argentine. Le retard est dû au refus du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires de voir la méga-exposition s'installer à Palermo, à quelques centaines de mètres du Planetarium, dans la zone dite Palermo Parques y Bosques (Palermo des espaces verts), sous prétexte que ça gênait la circulation automobile (Sainte Bagnole, priez pour nous !). Encore une décision en contradiction avec le discours officiel tenu par le Gouvernement de Mauricio Macri qui se présente, avec son parti, le PRO, comme le seul espoir d'avenir censé de ce pays et le seul à pouvoir l'installer dans la catégorie des "pays sérieux" (entendez les pays développés). Encore faudrait-il pour cela que les secteurs porteurs d'avenir disposent de vitrines dignes de ce nom qui puissent donner aux enfants l'envie de s'y investir en s'orientant vers des études et des formations qui leur permettront d'y consacrer leur vie professionnelle. Or il n'y a pas grand-chose à Buenos Aires pour valoriser la modernité du pays, exception faite du Planétarium à Palermo, et on a vu que le reste de ce que met en valeur le présent gouvernement portègne en matière de culture tourne autour d'une vision rétrograde d'un tango stéréotypé et de diverses imitations des Etats-Unis, avec des budgets en baisse dans tous ces domaines. Bref, la capitale a refusé, il a donc fallu trouver un autre lieu, ça a pris du temps et c'est donc plus d'un an après le Bicentenaire de la Revolution de Mai que la méga-exposition ouvre ses portes et clôt, par là-même, la série de ces manifestations commémoratives et festives.
Lundi dernier, mais l'information a été passée sous silence à cause des résultats du premier tour des élections dans la capitale, l'Argentine procédait à son premier tir expérimental d'une fusée spatiale à deux étages, un programme conduit par le Ministère de la Défense, mais dans un but d'abord civil, pour doter le pays d'un secteur spatial opérationnel avec capacité de lancer depuis le sol national des satellites civils (commerciaux et scientifiques) et militaires, un grand rêve envisagé déjà par Perón (au début des années 50) qui a pris fin avec l'éviction du Général. Jusqu'à présent, les activités spatiales de l'Argentine sont conduites par une petite agence très modestement dotée en moyens et en budget, la CONAE, qui dépend du Congrès (Comisión Nacional Argentina para el Espacio). Il y a quelques semaines, l'Argentine faisait lancer depuis les Etats-Unis son 4ème satellite d'observation de la terre, qui est aussi sa participation à un vaste projet international d'étude hydraulogique, Acqua-Train.
Tecnópolis est le pendant scientifique et technologique de la Casa del Bicentenario, qui, elle, a pu être implantée à Palermo et qui propose des expositions, des conférences, des activités enfantines, des spectacles autour de l'histoire de l'Argentine et de l'identité culturelle du pays. Tecnópolis a été voulu par un Gouvernement qui mène une politique volontariste pour les secteurs de l'économie de la connaissance et de la technique, et ce depuis l'arrivée au pouvoir de Cristina de Kirchner, dont l'un des premiers actes officiels a été de créer un Secrétariat d'Etat à la Recherche, qui n'existait tout simplement pas avant elle. Pour le moment, l'exposition est temporaire mais il n'est pas dit que si elle rencontre un grand succès populaire, Tecnópolis ne soit pas pérennisée comme semble y être désormais destinée la Casa del Bicentenario, qui ne devait pas, elle non plus, survivre à l'année du Bicentenaire, et puis ça continue, il y a encore un programme bien rempli d'expositions, d'activités scolaires, de spectacles, d'ateliers en tout genre...
Qui vivra verra...
Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 sur l'ouverture de Tecnópolis
lire l'article de Página/12 du 9 juillet dernier sur le chantier de lancement spatial.
Lire l'interview de Liliana Piñeiro, la directrice de la Casa del Bicentenario, dans l'édition du 4 juillet 2011 de Página/12.