C'est une des constances de la politique de Cristina Fernández au gouvernement : lutter contre toutes les traites d'êtres humains, que ce soit dans le monde agricole avec les trafics de saisonniers parfois en séjour illégal et donc corvéables à merci, ou dans l'univers urbain, avec le proxénétisme.
En Argentine, sur la page des petites annonces, il y avait jusqu'à ce jour une rubrique pour la prostitution. Elle était connue comme la "rubrique 59", ce qui donne dans les journaux de ce jour beaucoup de blagues, parfois un peu grasses, dans les dessins de presse, où les humoristes jonglent avec des chiffres, ce qui paraîtra abscond au lecteur francophone qui débarque aujourd'hui sur un site de quotidien argentin. Cette rubrique 59 aura vécu d'ici quelques jours, lorsqu'entrera en vigueur le décret que la Présidente a tenu hier à signer publiquement, lors d'une réception à la Casa Rosada, où étaient invités tous les mouvements de lutte pour la dignité et le droit des femmes. Symboliquement, la Présidente a accueilli son monde dans le Salón de las Mujeres, qui rend hommage aux femmes qui ont marqué l'histoire argentine.
Plus aucune publicité ne sera plus tolérée concernant des services sexuels. Je ne suis pas sûre d'arriver à la mi-août dans une ville de Buenos Aires tout à fait propre dans ce domaine mais au moins, ce sera interdit. Une commission de surveillance du contenu des publicités va être créée par le décret pour veiller au respect de cette interdiction.
Bien entendu, un décret et une interdiction de la publicité ne fera pas disparaître les phénomènes de proxénétisme en Argentine mais ça va enlever à un bon nombre de périodiques, y compris parmi les quotidiens, une sérieuse recette. La Présidente va encore se faire bien voir dans les groupes de presse ! D'autant que dans son discours, elle a dénoncé le double langage de certains journaux, qui font leur couverture en dénonçant les horreurs du trafic d'êtres humains, et gagnent beaucoup de sous avec la rubrique 59, perdue dans le flot des pages de petites annonces, que le lecteur ordinaire passe sans les lire, voire qu'il utilise comme allume-feu pour l'asado du dimanche...
Comme vous pouvez vous en douter, c'est Página/12 qui traite l'information (sans jeu de mot) et la traite en long, en large et en travers. Le quotidien en fait sa une et publie même un véritable dossier sur toutes les ramifications de ce problème social et éthique avec plusieurs rédacteurs, éditorialistes et chroniqueurs. Silence dans les autres quotidiens, à part les blagues de potache auxquelles j'ai fait allusion plus haut.
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