vendredi 8 juillet 2011

La "OTAG" au Malevaje Arte Club ce soir et sur Página/12 ce matin [à l'affiche]

Ce soir, vendredi 8 juillet 2011, à 21, au Malevaje Arte Club, Garibaldi 1670, se produiront la Orquesta Típica Agustín Guerrero (OTAG) et la pianiste et compositrice Carla Pugliese. La OTAG vient de la banlieue sud. Carla Pugliese, elle, habite le quartier (La Boca).

Entrée : 10 $

Avant-hier, Gabriel Plaza consacrait un article à Agustín Guerrero (et deux autres musiciens de la jeune génération) dans le quotidien de droite La Nación. Ce matin, c'est Cristian Vitale qui l'interviewe dans la quotidien de gauche Página/12. Une interview équilibrée entre propos sur la musique, Guerrero est un admirateur de Horacio Salgán comme on en trouve peu dans cette nouvelle vague tanguera, et sur la situation politique. Il fait partie de ces gens qui veulent lutter pour les droits de l'homme et prendre le pays à bras le corps pour le faire progresser.

“Yo de chico, y por mi viejo, escuchaba mucho a Troilo con Florial Ruiz. Los habré escuchado como treinta millones de veces, igual que los cassettes de Gardel, después fui descubriendo a Pugliese, a Salgán, a Piazzolla. Pero con Salgán me volví loco, fanático. Creo que su obra habla del perfil al que apunta la estética de la orquesta”
Agustín Guerrero, dans Página/12

Tout petit et pour mon père, moi, j'écoutais beaucoup Troilo et Floreal Ruiz (1). J'ai dû les écouter quelque chose comme 30 millions de fois, et pareil pour les cassettes de Gardel. Après, je suis allé découvrir Pugliese, Salgán, Piazzolla. Mais de Salgán, je suis devenu fou, fanatique. Je crois que son oeuvre parle du profil que vise l'esthétique de [mon] orchestre.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Sur le titre qu'il a choisi pour son premier disque, Resurgimiento :

“Por un lado, hay un resurgimiento del tango, yo creo que el género está destinado a ser lo que fue en su momento y más. Creo y pienso eso. Todavía no explotó, pero va en camino. Por otro, el papel activo que está teniendo la juventud, su efervescencia política y social. Retomar de nuevo la militancia y ponerse al hombro el país como no pudieron o no quisieron hacer los pibes en los ’90. A pesar de ser discriminados y rebajados, los jóvenes de hoy nos estamos poniendo el país al hombro.”
Agustín Guerrero, dans Página/12

D'un côté, il y a un renouveau du tango, je crois, moi, que le genre est destiné à devenir ce qu'il fut à son meilleur moment et mieux même. Je crois et je pense ça. Il n'a pas encore exploser mais il est en chemin. D'un autre côté, le rôle actif qu'a la jeunesse en ce moment, son effervescence politique et sociale. Reprendre le chemin de la militance et prendre le pays à bras le corps comme n'ont pas pu et n'ont pas voulu le faire les mômes dans les années 90. Même si nous souffrons de la discrimination et du mépris, les jeunes d'aujourd'hui, on est en train de prendre le pays à bras le corps.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Ils évoquent ensuite une bavure policière, avec mort d'homme, à la fin 2003, une affaire qui l'a beaucoup touché alors qu'il n'était encore qu'un gamin (il a 23 ans aujourd'hui).

“Hace poco se hizo justicia con el caso, metieron preso a los tipos que lo torturaron y lo mataron. Yo admiro a su madre, por el dolor, por la dura lucha que llevó adelante. Pasaron muchas cosas así en este país. En el 2001 casi se revienta en mil pedazos, y yo soy de los que tiene memoria.”
Agustín Guerrero, dans Página/12

Il y a peu, la justice est passé sur cette affaire, ils ont fourré en prison les types qui l'ont torturé et tué. Moi, j'ai de l'admiration pour sa mère, à cause de son chagrin, à cause de la lutte difficile qu'elle a menée à son terme. Et ils s'en est passé des choses de ce genre dans ce pays. En 2001, il a failli exploser en mille morceaux et moi, je suis de ceux qui ont de la mémoire. (2)
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour aller plus loin :

(1) Faute de frappe dans le quotidien. Floreal Ruiz fut l'un des chanteurs de l'orchestre de Troilo.
(2) Il fait allusion ici au corralito de décembre 2001, la bancarisation forcée de toute l'économie quand le pays a fait faillite et que les banques ont récupéré tout l'argent disponible.