L'Argentine prie pour toi - Merci, François - Eglise Catholique. |
La
Plaza de Mayo en bleu, jaune et blanc demain matin, mardi 19 mars 2013, très tôt.
A l'heure des matines... A Buenos Aires, jusqu'au dernier week-end de
mars quand nous changeons d'heure, il est quatre heures de moins qu'à Rome, or sur Piazza San Pietro, la messe
commence à 9h30 ! Mamma mia ! Il va
falloir se lever tôt, les célébrations
commenceront à la cathédrale à 4 heures du matin
(soit 8h à Rome)... Ce pourquoi, au grand dam de la gauche
athée et laïcarde façon petit père Combes
(minoritaire quoi qu'elle en dise), Mauricio Macri, qui est à Rome, a décrété
que mardi matin, il n'y aurait pas école à Buenos
Aires, pour laisser les gamins finir leur nuit après la messe
et prendre un solide brunch avant de retourner en cours...
Le
diocèse et l'Eglise argentine (sans doute aidés par le
gouvernement de Macri qui n'hésite pas à exploité
l'évènement pour se faire mousser, sans oublier le
gouvernement national qui n'y est pas indifférent non plus)
ont fait dresser des écrans géants aux environs de la
cathédrale pour qu'un maximum de gens puissent assister à
la messe d'installation du Pape François. Ce n'est pas
exceptionnel, on fait pareil pour les grands matches de foot...
Des
villas miserias, ces bidonvilles situés pour la plupart dans
le sud de Buenos Aires, ont fait affréter des cars pour emmener
leurs habitants dans le centro, où ils ne se rendent pas tous
les jours ! Des gens qui recevaient fréquemment la visite de
l'évêque qui venait partager avec eux leur maigre asado
et la roborative polenta italienne arrosée d'une gorgée
de mate argentin...
Et
pendant ce temps-là, Página/12 boude un peu dans son
coin, noyée dans ses contresens sur le fonctionnement de l'Eglise (qu'elle confond avec un parti politique) et sommant le souverain pontife de la moderniser en prônant
enfin les mérites du préservatif et en y acceptant
l'homosexualité, le mariage des prêtres et l'ordination
des femmes, bref des tas de sujets qui ne sont pas à l'ordre
du jour (et ils le savent très bien, c'est même pour
cela qu'ils les remettent sur le tapis histoire de montrer à quel point leur adversaire est réactionnaire...) et les populations
déshéritées du monde entier s'en contrefichent.
Soyons sérieux, est-ce que le mariage gay ou celui des prêtres
est de nature à faire reculer d'un iota la pauvreté ou
le chômage, de limiter le règne de l'argent-roi,
d'alléger la dette des pays étranglés par le
système international qui sont, non sans raison quand on
connaît l'état de ces pays, les priorités de la
gauche sud-américaine ?
Revenons sur le plancher des vaches. Ces réclamations pseudo-modernistes
proviennent de pays riches, dotés souvent d'une structure d'Etat-Providence
qui continue de fonctionner malgré la crise.
L'intelligentsia argentine adopte bien volontiers ces revendications, sans doute pour se sentir aussi moderne que nous - mais quand on leur dit
à quel point nos sociétés se gangrènent et se délitent
sous le poids de cet individualisme forcené, ils changent de
visage ! (1) La une de Página/12 (j'aime vraiment beaucoup ce
journal comme le savent mes lecteurs réguliers, mais là
il m'agace, vous avez vu !) affirme -"croix de bois croix de
fer, si je mens je vais en enfer !"- que l'Argentine (donc le pays
entier, n'est-ce pas) réclame avec urgence cette modernisation
de pacotille. Je mets ma main au feu qu'à l'heure où
nous parlons, cette préoccupation n'est le fait que d'une
petite partie, ultra-urbaine, du pays et qui plus est, la plus
éloignée de l'Eglise et de toute pratique religieuse
(catho, protestante, juive...), par conséquent la partie de la
population que ces questions ne regardent ni de près ni de
loin, qui ne verra jamais sa vie modifiée par de telles
mesures. Qu'on ordonne ou non des femmes ou des hommes mariés,
en quoi cela peut-il bien concerner des gens qui ne reçoivent
jamais un seul sacrement dans leur vie, ne mettent jamais les pieds
dans une église et vivent par exemple en concubinage (un mode
de vie qui se propage en milieu citadin au point que les villes
argentines vont bientôt nous rattraper) ou uniquement sous le
régime, par ailleurs fort honorable, du mariage civil ?
Taisons-nous
quelques heures, le temps de consacrer un pape à Rome en
communion de cœur avec nos amis portègnes, et en union de
prière avec eux si l'on est chrétien. Une veillée
de prière a lieu ce soir à la cathédrale. Et ensuite, continuons à nous pencher sur des choses sérieuses...
Pour
en savoir plus sur la fête :
connectez-vous
au site Internet de l'archidiocèse de Buenos Aires.
(1)
Ce n'est pas pour rien que le 13 mars, le Pape, tout chaud sorti de
la fumée blanche, a tant insisté pour dire qu'il allait
d'abord et avant tout évangéliser... la ville de
Rome...
(2) Ce n'est pas une formule creuse. Les catholiques portègnes doivent se déprendre d'un archevêque qu'ils aiment profondément et qu'ils ne reverront pas autant que lui doit aussi renoncer à sa vie antérieure dans son pays natal, avec sa famille à ses côtés. On est dans un vrai sacrifice spirituel ici.