Le
quotidien argentin n'a pas encore rendu les armes devant le nouveau
Pape mais on peut constater qu'au sein d'un dossier très
nourri sur l'installation du Saint-Père et la route du nouveau
pontificat, marquée par la recherche de la justice sociale et
la rupture avec un protocole pharaonique et dépassé, il
consacre ce matin une partie de ses colonnes à faire écho
à un article du journal italien La Stampa sur la supposée prochaine
béatification d'un prêtre assassiné pendant la
Dictature militaire argentine (1976-1983), ce qui plaide dans le sens contraire à tout ce que cette rédaction a longtemps pensé et cru (dur comme fer) sur l'ex-archevêque de Buenos Aires.
Le
journaliste en profite pour rappeler tout de même que celui-ci était bel et bien soupçonné d'une grande complaisance envers cette même
dictature. Et allez donc ! Mais la une du journal de ce jour et même la vignette de la manchette supérieure, signée Paz et Rudy sont en images des démentis qui ne disent pas
leur nom... Et c'est très bien ainsi. Il faut que personne ne
perde la face dans cette malheureuse histoire.
Prêtre
debout : Le nouveau pape est portègne et modeste. (1)
Prêtre
assis : Les deux à la fois ? Miracle ! Miracle !
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
Même
apaisement du côté de Miguel Rep, avec un dessin plein
de bonnes intentions, clairement antiraciste et particulièrement habile du point de
vue pictural jusques et y compris dans les petits croquis qui surmontent la case (2), même si le concept graphique n'évite pas quelques suggestions grivoises, surtout pour nous, qui n'avons pas ancrée dans notre sensibilité d'Européens la perception prégnante de ce que représente le mate dans la culture de l'Argentine et de la partie sud de l'Amérique australe (or il se trouve que Rep a
l'esprit passablement mal tourné dans certaines circonstances, que cette lecture n'est donc pas à exclure mais dans ce cas, il est fort possible que le double sens puisse lui avoir échappé).
En tout état de cause, il y a huit jours seulement, Rep aurait juré que jamais dans un hymne à l'amitié entre les peuples, il lierait la croix (qu'il utilisait jusque là comme symbole de tartufferie ou d'oppression, sauf dans ses dessins où il représente le Christ en personne - voir mes articles de la rubrique Coutumes dans la Colonne de droite et en y sélectionnant sur le mot-clé Pâques) et ce récipient traditionnel qu'est le mate, emblème par excellence de l'amitié, de l'entente et de la cordialité entre les hommes (voir mes articles sur ce thème en cliquant sur le mot-clé mate dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus).
En tout état de cause, il y a huit jours seulement, Rep aurait juré que jamais dans un hymne à l'amitié entre les peuples, il lierait la croix (qu'il utilisait jusque là comme symbole de tartufferie ou d'oppression, sauf dans ses dessins où il représente le Christ en personne - voir mes articles de la rubrique Coutumes dans la Colonne de droite et en y sélectionnant sur le mot-clé Pâques) et ce récipient traditionnel qu'est le mate, emblème par excellence de l'amitié, de l'entente et de la cordialité entre les hommes (voir mes articles sur ce thème en cliquant sur le mot-clé mate dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus).
Mate à partager
On est bien loin en tout cas du ton catastrophé du journal d'il y a une semaine.
Le sentier de la guerre sera bientôt envahi d'herbes folles et de ronces comme le Caminito de la chanson et on ne distinguera même plus sa trace dans la prairie...
Le sentier de la guerre sera bientôt envahi d'herbes folles et de ronces comme le Caminito de la chanson et on ne distinguera même plus sa trace dans la prairie...
Pour
aller plus loin :
il
faut consulter l'intégralité de l'édition de
Página/12 de ce jour (voir le lien dans la rubrique Actu de la
Colonne de droite).
Sinon,
lire au moins l'article sur la prochaine béatification (ce
sera la deuxième pour un baptisé argentin, après la
béatification de Ceferino Namuncurá).
(1) Dans toute l'Amérique du Sud, et c'est vrai aussi des Argentins dans leur ensemble mais dans une mesure légèrement moindre, le Portègne est réputé pour son insupportable suffisance, laquelle est parfois surjouée, notamment par les artistes, dans le monde du tango, et ils s'en amusent comme d'un stéréotype. Mais parfois, cette suffisance est bien réelle et dans ce cas-là, elle est très déplaisante.
(2)
Les chrétiens à cheval sur les principes et les
symboles y verront un grand manque de respect pour la croix du Christ
et dans leur optique propre et leurs schémas culturels, ils auront raison. Encore faut-il, pour
reconnaître ce manque de respect, savoir ce que cette croix
signifie dans la foi. Aujourd'hui peu de monde le sait en dehors
d'une Eglise pleinement confessante et pleinement engagée. Je suis
persuadée que Rep n'en a, pour sa part, aucune idée. Il n'y a pas de volonté de heurter
les esprits dans cette vignette qui renvoie bien clairement au cadeau que
Cristina a fait mardi au Souverain Pontife. Un très joli mate
artisanal réalisé dans la Province de Buenos Aires
(voir mon article du 19 mars 2013 à ce sujet) avec une photo qui a touché beaucoup de gens, y compris en Italie. Loin de vouloir blesser les croyants, Rep pense peut-être ici rejoindre le
message de paix délivré hier sur la place Saint-Pierre
(et, si telle est son intention sincère, il le rejoint en effet). Ce
dessin est aussi une réaction à une parole peu amène de Pepe Mujica,
le Président uruguayen, à l'égard du Pape. Se
contentant d'envoyer à Rome son vice-président Danilo
Astori, il a déclaré qu'il n'avait en commun avec le
Pape François que le tango et le mate (ce fameux mate offert par son homologue, à la tête du grand pays voisin). Et
quand on sait la rivalité des revendications nationalistes qui
existe entre l'Argentine et l'Uruguay sur ces deux éléments
culturels, la phrase est franchement hostile et il semble qu'elle choque quelque peu dans la région. D'autant plus que
la Présidente de l'autre grand voisin, le Brésil, a
elle aussi réussi sa rencontre avec le Saint-Père, comme d'autres élus du continent !!!!