Ce
matin, Página/12 consacrait la une de ses pages culturelles au
Festival de Tango Independiente (FTI dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search) qui commence ce soir avec une grande
milonga à Boedo (Buenos Aires) et deux concerts à
Rosario (Province de Santa Fe).
Andrés
Valenzuela interviewe pour l'occasion trois des initiateurs de cette
manifestation qui grandit et s'implante chaque année dans plus
de villes au niveau fédéral (le terme est employé
dans l'article de Página/12 en lieu et place d'habituel
adjectif nacional et ce n'est pas un hasard : sous le concept de federal se cache le grand courant populaire qui s'est
opposé pendant tout le XIXe siècle au courant unitaire
où la classe des possédants portègnes était
majoritaire et tentait avec succès de capter le pouvoir au détriment des
autres catégories de la population. Or cette initiative vient
d'un collectif d'artistes, d'intellectuels et d'acteurs culturels qui
agit dans l'auto-gestion par opposition revendiquée à
la politique menée par l'ultra-libéral et affairiste Mauricio Macri à Buenos Aires).
Les
trois interviewés sont Ildefonso Pereyra, animateur de centre
culturel et de la Unión de Orquestas Típicas,
co-organisatrice du Festival, Germán Marcos, l'un des
producteurs de l'émission Fractura Expuesta, co-organisatrice
du Festival, diffusée sur la radio des Madres de Plaza de Mayo
(La Voz de las Madres) et Pablo Bernaba, le leader du Quinteto Negro
La Boca, une formation de tango underground qui s'est implantée
dans le quartier La Boca, siège historique de l'anarchisme
portègne et de tous les mouvements ouvriers pendant la Grande
Immigration des années 1880-1930.
Et
l'article commence par une citation directe de Germán Marcos
qui attaque bille en tête : "Hay un tema propio de esta
edición que es el vínculo con espacios sociales como el
Borda o las fábricas recuperadas". "Le thème
particulier de cette édition, c'est le lien avec des espaces
sociaux comme le Borda (1) ou les manufactures récupérées" [par les ouvriers licenciés par les patrons voyous]
(Traduction Denise Anne Clavilier)
L'interview
présente l'avantage de livrer l'analyse de ces trois hommes
très engagés dans la movida tanguera actuelle sur les
évolutions du public, qui retrouve progressivement le chemin
de la création musicale, y compris dans le monde de la
milonga, celui qui est réputé comme le plus
conservateur, notamment à cause de bon nombre de danseurs étrangers qui font certes vivre les lieux de danse du centre-ville avec leurs devises mais n'ont qu'une mince culture musicale en matière
de tango et attendent, surtout à Buenos Aires, de danser encore et toujours sur les
mêmes morceaux et les mêmes arrangements qu'ils connaissent grâce aux enregistrements des années 1940, les éternels
D'Arienzo, Canaro, Pugliese, Troilo et Di Sarli...
A
lire d'urgence en s'aidant du traducteur en ligne Reverso (rubrique
Cambalache en bas de la Colonne de droite) puisque je n'ai guère
le temps ce soir (et si vous saviez comme je le regrette !) de vous traduire
des passages entiers comme je le fais d'ordinaire....
Pour
aller plus loin :
Connectez-vous au site Internet Fractura Expuesta (ah oui, bien sûr, ça cause
en espagnol !)
Connectez-vous
au site Internet de l'UOT qui présente tout le programme de la
manifestation dans toutes les villes qui s'y associent.
(1)
Hôpital psychiatrique Borda, dans le quartier de Barracas. Une
partie de son domaine est menacé par un vaste projet
urbanistique et immobilier, sans nul doute très juteux, de
Mauricio Macri (voir mon article du 8 septembre 2011), récemment
mis en échec par la justice portègne (voir mon article du 29 octobre 2012). Cet hôpital dispose d'un important
programme d'art-thérapie et joue un rôle capital pour
les populations déshéritées de la région,
tout en étant particulièrement mal traité par le
Gouvernement portègne qui, depuis plusieurs années, ne
lui donne même plus les moyens de chauffer ses locaux en hiver.
Vous pouvez suivre cette affaire en choisissant les articles étiquetés Barracas.