Traduction du slogan "La Ville fête avec fierté et joie le Pape François" |
Hier
matin, pour le Vendredi Saint et ce qu'il reste de la Semaine Sainte,
Mauricio Macri, qui vient d'augmenter le ticket de métro de
manière vertigineuse (3,50 $ l'unité, contre un prix
précédent en 2012 de 2,50 $ et un prix antérieur
en 2011 de 1,10 $) et qui refuse de se plier aux conditions édictées
par la Justice, à savoir de créer un tarif réduit
accessible sous conditions de revenu (1) pour laisser les transports
publics accessibles aux moins favorisés, Mauricio Macri vient
de faire couvrir la façade d'un immeuble qui abrite des
bureaux de son administration (Edificio La Plata), le long de Avenida
9 de Julio, dont il y a peu il a fait abattre de nombreux arbres (2)
pour faire passer une ligne de tramway passablement inutile
puisqu'elle doublonne la ligne de métro qui passe en-dessous,
le tout sans aucune concertation avec les autres organes
démocratiques (la Legislatura en particulier) en violation des
dispositions constitutionnelles dont la Ville s'est pourvue, Mauricio
Macri, donc, Chef du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos
Aires, vient de recouvrir cette immense et quelconque façade
de bureaux d'une bâche photographique quadrichrome représentant
le Pape François sur fond bicolore national et sur une surface
de 88 mètres de large sur 34 de haut. Le type se prend pour
Michel Ange attelé aux fresques de la chapelle
Sixtine...
Cette
initiative de bas étage, si je puis m'exprimer ainsi pour un tel bâtiment, aurait pour objectif de marquer la fête de
Pâques, prétend-il ! Drôle de manière de
célébrer la Résurrection du Christ que ce slogan imbécile et sans imagination qui met en lumière le serviteur qui n'arrête pas de dire qu'il n'est pas celui qui compte, quand le cœur de l'affaire est précisément Quelqu'un d'Autre...
Tant
qu'il y était, notre bon apôtre a refusé de
révéler le coût de l'opération (on admire
une nouvelle fois la performance démocratique) et, pour se
dédouaner, il a annoncé qu'après l'opération,
cette immense toile serait découpée et que les morceaux
ainsi obtenus serviraient à confectionner des sacs qui seront
vendus aux enchères (Idée de jocrisse ! Quel acheteur va vouloir mettre beaucoup d'argent dans un sac dont il n'aura que faire et dont le motif sera un
morceau de menton dont il faudra expliquer à qui il appartient pour que ça ait un sens quelconque ? Ou pire, dans un simple sac monochrome blanc ou bleu ciel, ce qui occupe tout de même la majeure partie de l'image totale ?)
L'argent
ainsi récolté irait au vicariat (3) des villas miserias
de Buenos Aires (on demande à voir). N'eût-il pas été
plus efficace de consacrer tout de suite cette somme à viabiliser, avant le retour de l'hiver, ces zones abandonnées de la
ville en y faisant installer l'eau courante, le gaz et l'électricité,
que tant et tant de gens réclament depuis des années et
que même la justice portègne a exigé dans
plusieurs arrêts qui n'ont jamais été suivis
d'effet ?
Hier,
la presse rendait compte de manière variée de cette
écœurante tartuffe-rie : Página/12 en faisait un
entrefilet méprisant (comment l'en blâmer ?) tandis que
Clarín, que les scrupules n'ont jamais étouffé
lorsqu'il s'agit du sort des plus démunis, semblait trouver
l'idée charmante et se gardait bien d'aborder en aucune façon
les aspects économiques de cette exploitation vulgaire d'une
légitime émotion populaire, à laquelle
Monseigneur Emil Tscherrig, nonce apostolique mais présenté comme actuel Administrateur diocésain (c'est lui qui préside les célébrations de la Semaine Sainte en l'absence d'archevêque titulaire), aura dû se
prêter en assistant à l'inauguration de cette décoration
plus électoraliste que pascale aux côtés du Chef
de Gouvernement et sa vice-chef, tout aussi démagogue que lui.
.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Clarín
(1) Voir mon article du 26 mars 2013 sur les recours judiciaires posés par
des élus locaux et nationaux contre cette politique démente.
Vous pouvez aussi lire tous ces articles en cliquant sur le mot-clé
Subte (métro à Buenos Aires) que vous retrouverez aussi dans les articles concernés
dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.
(2) Voir mon article du 13 février 2013 sur ce thème
(3)
District territorial ou thématique (culture, prison, enfance...) à l'intérieur d'un diocèse.