A ma
plus grande surprise et ma plus grande joie, c'est un dessin sans
anti-papisme (ni primaire ni secondaire) que Paz et Rudy ont publié
ce matin à la une de Página/12. Et même nettement
plus inspiré que celui d'hier (celui d'hier visait si peu
juste que ça faisait pschitt).
Le
jeune gars : On a pris Bergoglio comme Pape.
Le
représentant de la droite oligarchique (toujours la même
trogne patibulaire à grosses moustaches et gros sourcils) :
Qu'est-ce qu'on ne ferait pas chez les K(irchneristes) pour se
débarrasser des opposants ! (1)
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
Au
moins, c'est drôle et c'est tellement énorme que ce
n'est même pas vraiment méchant pour l'opposition.
Voilà
à l'œuvre tout l'art des jésuites et toute la
grâce de François d'Assise : faire la paix entre les
camps opposés – "Seigneur, fais de moi un artisan de paix",
dit une prière hyper-célèbre attribuée à
l'époux de Dame Pauvreté (tapez ça sur Google,
vous allez voir apparaître le texte entier mais allez aux
bonnes sources, privilégiez les sites officiels de l'Eglise
catholique si vous voulez tomber sur un texte un tant soit peu bien
traduit).
Ce
que l'archevêque n'aura pas pu faire, immergé dans sa
chère Buenos Aires (faire tomber les a proris imbéciles
sur le catholicisme), peut-être le Pape le réussira-t-il
depuis les collines romaines. Après tout, c'est quand un
évêque de Cracovie a été placé sur
le trône de saint Pierre que la Pologne a osé reprendre
la lutte pour retrouver la liberté et instaurer la démocratie.
Et elle y est parvenue. Qui sait si l'arrivée de l'archevêque
de Buenos Aires au Saint Siège ne va pas donner un grand coup
d'élan à la démocratie en Argentine et plus
largement encore à travers le sous-continent. Ce serait une
aussi bonne chose que de finir d'accomplir la réforme entamée
avec Vatican II et d'établir une gouvernance collégiale
dans l'Eglise avec une ouverture aux particularismes locaux...
(1)
Ce qu'il y a de bien dans la curiosité médiatique
autour de la fumée blanche, c'est que je n'ai même plus
besoin de me fatiguer à vous expliquer que l'ex-cardinal
Bergoglio avait croisé quelque fois le fer de la parole avec
les Kirchner, parce qu'on vous le répète sur tous les
tons, partout dans la presse, à la radio, à la
télévision depuis hier matin. Et comme l'opposition a
été mise KO debout il y a deux ans et demi par la mort
de Néstor Kirchner (voir mon article du 27 octobre 2010) puis
un an plus tard par la réélection haut la main de sa
femme Cristina Fernández (voir mon article du 24 octobre 2011
à ce sujet), l'archevêque-primat apparaissait comme
l'incarnation même de l'opposition, ce qui est aberrant
puisqu'il a toujours privilégié les voies du dialogue.