"La peur ne nous a pas paralysés", clame le gros titre sur une photo d'une Plaza de Mayo pleine à craquer Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Tous les 7 août, l’Argentine populaire célèbre la fête de San
Cayetano (saint Gaëtan), qui est le patron du travail et du pain.
Bien entendu, dans la crise qui touche le monde entier, le pauvre
saint a du pain sur la planche.
"La situation est presque désespérante", dit le gros titre en citant Mario Poli, l'archevêque de Buenos Aires Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Comme
tous les ans, sauf l’année dernière, il y a eu à Buenos Aires
une messe au sanctuaire dans le quartier excentré de Liniers, tout à
l’ouest de la ville, messe présidée par le cardinal Mario Poli en
personne, comme le veut la coutume. Après la messe, ce fut le temps
de la traduction sociale et politique : les syndicats et les
organisations populaires de toute espèce,, notamment le mouvement
coopérateur très présent dans les bidonvilles et parmi les
ouvriers qui travaillent en autogestion, ont organisé une
gigantesque manifestation. Une foule bon enfant de tous âges,
composée de travailleurs manuels, de chiffonniers, de travailleurs
sociaux, d’animateurs de quartier, exerçant souvent leurs
activités au noir faute de pouvoir la déclarer (l’économie
informelle occupe sans doute à ce jour au moins la moitié des
actifs), a ainsi traversé la ville, à pied, d’ouest en est, de
Liniers à Plaza de Mayo, pour réclamer des mesures sociales, des
aides aux petites entreprises autogérées (qui ont beaucoup souffert
sous la précédente présidence, sans parler de la crise sanitaire)
et même l’instauration d’un revenu universel, tout à fait
utopique dans la situation actuelle du pays.
Le bon
taux de primo-vaccination (plus de 50 % de la population
globale) et l’allègement des règles sanitaires, entré en vigueur
le jour même, ont bien aidé, à n’en pas douter, à faire de ce
rendez-vous le succès que montrent les photos y compris celles
affichées à la une des journaux de droite, dont les titres ne
cachent pas l’aigreur que cette foule et cette apparente pagaille
inspirent à l’opposition.
L’année dernière, la messe avait été célébrée sans fidèle et retransmise par la télévision diocésaine. Les gens ne pouvaient pas sortir de chez eux. Il n’y avait donc pas même eu les traditionnelles interminables files d’attente pour les confessions et les dévotions au portrait de San Cayetano à l’intérieur de la petite église paroissiale, à deux pas de la gare de Liniers.
Pour
aller plus loin :
lire l’article de La Prensa, centrée sur les déclarations épiscopales relatives à la pauvreté dans le pays
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación, paru pendant que se déroulait la manifestation et transcrit au passé dans la version papier, comme on le voit en une. Il est vrai que la rédaction est en configuration dominicale et qu’elle n’a peut-être pas eu le loisir de modifier la page d’accueil du site, qui ne comportait aucun article sur le sujet ce matin.