mercredi 18 août 2021

Les pierres de l’opposition serviront à bâtir un mémorial [Actu]

Le pré-mémorial à l'intérieur du palais présidentiel
(photo Casa Rosada)


Dimanche, un petit nombre d’opposants a réalisé des manifestations devant la Casa Rosada à Buenos Aires et devant la résidence présidentielle à Olivos pour rappeler le souvenir de leurs proches décédés des suites du covid. Pour symboliser ces vies disparues, ils ont apporté et laissé sur le sol des pierres sur lesquels ils avaient écrit un prénom et parfois des dates.

Une d'hier
"Pour que personne n'oublie" dit le titre secondaire
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Dans un cas comme dans l’autre, les manifestants lançaient des slogans très violents, insultant d’abondance le chef de l’État et ses ministres. A Buenos Aires, certains d’entre eux ont même vandalisé les dalles en hommage aux Madres de Plaza de Mayo, comme ils le font très souvent. Ils s’échauffaient en évoquant le scandale de l’anniversaire de la Première dame, le 14 juillet 2020, et en répétant toute la palette des rumeurs complotistes que l’on retrouve dans les manifestations contre toute politique sanitaire qui existent aussi en hémisphère nord. Tout y est passé, y compris des revendications sans aucun rapport avec l’épidémie ou les vaccins comme l’exigence de voir Cristina Kirchner incarcérée immédiatement ou celle de voir revenir les trois pouvoirs de la « République » qui auraient disparu (l’exécutif, le législatif et le judiciaire).

Les pierres laissées sur place par les manifestants n’ont pas été retirées comme la droite a tenté de le faire croire dès lundi matin. Elles ont été recueillies et disposées respectueusement dans un des halls d’honneur de la Casa Rosada : les services de la présidence ont fait savoir qu’elles seraient prochainement intégrées dans un mémorial dont la nature et l’emplacement ne sont bien entendu pas encore définis.

Une d'hier
'Le président a demandé pardon pour la fête d'anniversaire,
mais il [nous] défie : "Vous ne me ferez pas tomber"
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Ainsi donc, le gouvernement vient-il de couper l’herbe sous le pied d’une partie de son opposition la plus virulente et la plus inconciliable, à tel point que les journaux de droite ont dû ce matin rapporter l’information dans leurs colonnes. La Prensa lui a même trouvé une petite place à sa une. Poursuivant la même tactique conciliatrice, la compagne du président, Fabiola Yañez, a fait parvenir au juge qui instruit l’affaire pénale liée à la célébration de son anniversaire un document de procédure par lequel, par la voix de ses avocats, elle se met à la disposition de la justice (1). Plusieurs de ses invités ont fait de même. Ce faisant, ils se donnent accès à l'intégralité du dossier. Ils prennent aussi leurs responsabilités (certes un peu tard) et creusent d’autant mieux la différence avec la droite néolibérale dont le comportement, autour de Mauricio Macri, est diamétralement opposé, jusqu’à la rocambolesque fuite à l’étranger (vouée à l’échec) d’un de ses très proches conseillers qui devrait être bientôt extradé de Montevideo (les faits reprochés sont nettement plus graves et les peines encourues aussi).

Une d'hier
"Pour ceux qui sont partis", dit le gros titre en jaune
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En pleine campagne électorale, la manœuvre (sincère ou non) n’est pas maladroite.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

sur le projet du mémorial
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
sur la démarche judiciaire de Fabiola Yañez



(1) Le président est professeur de droit pénal. Elle est donc bien conseillée.