lundi 9 août 2021

Hommage touristique à Belgrano et San Martín à la Posta de Yatasto [Actu]

Photo El Tribuno


Le site historique où se sont rencontrés le 20 janvier 1814 les deux héros nationaux de l’Argentine, les généraux Manuel Belgrano (Buenos Aires, 1770-ibidem, 1820) et José de San Martín (Yapeyú, en Argentine, 1778-Boulogne-sur-Mer, 1850), le relais de poste colonial dit de Yatasto, vient de s’enrichir d’un groupe sculptural conçu pour encourager les selfies et apparaître par la suite dans Instagram.

C’est un sculpteur célèbre, Fernando Pugliese, qui a malheureusement été tué par le covid en mai dernier, à l’âge de 81 ans, qui a signé cette « œuvre ». Son travail, classé dans la catégorie de l’ultra-réalisme, n’a qu’une piètre valeur artistique. C’est même parfois franchement laid. Au mieux, c’est un travail d’artisan pour musée de cire. De formation, Fernando Pugliese était avocat.

Photo El Tribuno

Les deux hommes sont représentés selon l’image d’Épinal figurant dans les manuels scolaires et magazines pour enfants depuis un siècle et demi. Tous deux sont à peu près aussi inexpressifs l’un que l’autre, ce qui permet à n’importe qui de projeter à peu près n’importe quoi sur eux. Vous remarquerez qu’on chercherait en vain quelle fut la nature de la relation qu’ils ont nouée à cet endroit de la province de Salta et que leurs échanges épistolaires avaient préparée depuis quelques semaines. Leur différence d’âge, très sensible pour leurs contemporains et bien réelle (8 ans), a disparu. Pire, on peut même dire qu’elle a été inversée ! Bref, c’est aussi peu heureux que le reste des interventions du même sculpteur sur d’autres lieux historiques mais ça fera fureur, à n’en pas douter, sur les smartphones des touristes argentins, dont certains feront à coup sûr un détour par Metán, qu’ils n’auraient pas fait sans la mise en place de cette horreur.

Photo El Tribuno

En Argentine, on a l’habitude de dire, surtout à gauche, qu’il faut arracher les héros historiques au bronze des statues (sacar a los proceres del bronce), mais il faut croire qu’il n’y a pas qu’en bronze que les statues sonnent creux.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de El Tribuno (édition de Salta)