samedi 9 mai 2020

Deux temps forts de l’histoire argentine dans un nouveau livre français – Article n° 6 200 [Disques & Livres]

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En ce début mai, le colonel Cyrille Becker sort, aux Éditions Pierre de Taillac, un livre d’histoire militaire rassemblant trente engagements en altitude depuis l’Antiquité jusqu’à l’orée du XXIe siècle : Les plus grandes batailles en montagne, préfacé par le général Pierre-Joseph Grive.


Que vient faire Barrio de Tango là-dedans ? Eh bien, à la suite du 11e salon La Plume et l’Épée, le 23 novembre 2019, à Tours, où nous nous sommes rencontrés, le colonel Cyrille Becker m’a fait l’honneur, après une journée d’échanges entre voisins exposants du salon du livre, de me demander une modeste contribution à l’un des trente chapitres de son futur livre, celui qui porte sur la Traversée des Andes et la bataille de Chacabuco pendant l’été austral 1817. Ce jour-là, au salon, je donnais en effet une conférence sur cette opération qui a changé le cours de l’histoire en Amérique du Sud mais qui reste inconnue ici, même dans l’armée. Cyrille Becker a assisté à ma présentation, il s’est assis au premier rang pour écouter et dès le lendemain, nous commencions à échanger documents et commentaires par mail interposé.
A cette date, je remettais le manuscrit de Manuel Belgrano –L’inventeur de l’Argentine à mon éditeur et j’ai donc demandé à Cyrille Becker s’il voulait bien faire le travail de relecteur militaire. De son côté, il m’a envoyé le manuscrit de son chapitre pour un retour critique. Nous devions nous revoir et échanger nos bouquins au F.I.L.M., à Saint-Cyr-Coëtquidan, le grand rendez-vous du livre militaire de juillet, qui n’aura pas lieu pour des raisons faciles à imaginer.

Bilan des morts et des blessés à la bataille de Chacabuco
établi par San Martín le 22 février 1817
Archivo General de la Nación (Argentine)

La Traversée des Andes, j’ai eu l’occasion de vous en parler à plusieurs reprises dans ce blog et sur mon site Internet, notamment parce que j’ai pu participer aux célébrations du bicentenaire à San Juan en août 2017. De surcroît, elle doit faire partie de la prochaine conférence que je donnerai au Souvenir Napoléonien de Paris lorsqu’il pourra reprendre son programme culturel : c’est le nom d’une campagne de José de San Martín (1778-1850) qui est parti en janvier 1817 de Mendoza, en Argentine, pour libérer le Chili, retombé en octobre 1814 aux mains des partisans du régime colonial. Une action d’éclat qui le fit connaître dans toute l’Europe et que j’ai racontée dans San Martín – A rebours des conquistadors et documentée, en version bilingue, dans San Martín par lui-même et par ses contemporains, tous deux parus aux Éditions du Jasmin.

Cyrille Becker est docteur en histoire, historien militaire, enseignant et il a commandé le 13e bataillon de chasseurs alpins de Chambéry, l’arme dont il est issu. Il a en particulier porté nos armes en Afghanistan. La haute montagne, il en parle donc en connaisseur. C’est l’un des atouts de ce livre de 240 pages où, au travers de récits très accessibles et synthétiques, illustrés de cartes et de documents historiques en noir et blanc, il analyse, en homme du métier, les leçons tactiques qu’il faut tirer de l’histoire.

Monument à l'armée des Andes, Cerro de la Gloria (Mont de l'Honneur)
sur les hauteurs de Mendoza

Mes amis napoléoniens se régaleront avec la traversée des Alpes par Hannibal (inséparable de celle du général Bonaparte, d’ailleurs David l’a écrit sur son tableau), le siège de Gergovie (puisque Napoléon III a intégré la lutte des Gaulois contre l’impérialisme romain au roman national français) et la charge de Somosierra, l’épisode par excellence qu’on aime au Souvenir Napoléonien quand on parle de la guerre d’Espagne !
Les hélleno-latinistes, comme moi, retrouveront ce qui a fait les délices de leurs études classiques : la bataille des Thermopyles remportée par Léonidas (le général spartiate auquel San Martín, par modestie, voulait éviter qu’on le compare), la prise de la Roche sogdienne par Alexandre le Grand (1) et la bataille du lac de Trasimène.
Les passionnés de chanson de geste ouvriront le livre à la page dédiée à Roncevaux, etc.

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J’ai gardé une dernière remarque pour la fin en pensant à mes amis argentins qui célébraient le 2 avril dernier la mémoire de leurs soldats tombés en 1982 : l’un des chapitres portant sur le 20e siècle concerne la prise par les Britanniques du mont Longdon dans un archipel que Barrio de Tango appellera toujours les Malouines.
Mes fidèles lecteurs savent pourquoi, je leur ai déjà expliqué à plusieurs reprises (2).

Monument aux morts de la Guerre des Malouines à Buenos Aires
Le monument se dresse face à une copie de Big Ben
offerte au début du 20e siècle par la Grande-Bretagne

Il est assez rare que des auteurs français, voire européens, prennent ainsi la peine de travailler sur l’histoire événementielle sud-américaine. Que Cyrille Becker soit ici remercié de cet effort au nom des institutions argentines que j’ai l’honneur de représenter en France.

Pour en savoir plus :

Les librairies rouvrent
Faisons-les vivre
Achetons des livres !



(1) Si un jour où vous allez au F.I.L.M, à Coëtquidan (Guer), vous ne pourrez pas manquer, à l’entrée du domaine, cette citation du général De Gaulle : « La véritable école du Commandement est la culture générale. Au fond des victoires d’Alexandre, on retrouve toujours Aristote ». C’était ancré dans l’éducation de la génération de De Gaulle mais c’est encore bien plus vrai pour celle de Belgrano et San Martín, quand les petits garçons apprenaient à lire et à écrire dans les auteurs de l’Antiquité classique.
(2) L’archipel des Malouines a été cédé pacifiquement par la France à l’Espagne en 1767. Aussitôt Carlos III l’a placé sous l’autorité du gouverneur de Buenos Aires, avant même de faire de cette ville la capitale du dernier vice-royaume fondé par les Espagnols dans le Nouveau Monde. En 1816, lors de la Déclaration d’indépendance de ce qui allait devenir l’Argentine, les îles sont naturellement revenues à l’État naissant. En 1824, alors que San Martín résidait à Londres (au point que tout le monde croyait et que certains auteurs affirment toujours qu’il y était en mission), le Parlement britannique a reconnu les Provinces-Unies du Sud malgré la guerre civile qui les ravageait. Contre toutes les règles de la diplomatie déjà en usage alors, en 1833, sans déclaration de guerre, une flottille de la Royal Navy a saisi l’archipel défendu par une minuscule garnison qui n’était pas prévue pour soutenir semblable attaque et le reste de l’Europe a accepté ce coup de main sans broncher. En 1853, la première constitution argentine entrée en vigueur (et toujours valide) a fait de ces îles une partie intégrante du territoire national. Et en droit, l’auteur de cette constitution, Juan Bautista Alberdi (Tucumán, 1811 – Neuilly-sur-Seine, 1884), avait raison. En 1982, une dictature militaire haïe, ne sachant plus comment pérenniser son pouvoir, commit le crime d’envoyer le contingent reprendre ces terres et tenter de rejouer l’histoire à l’envers. C’était des gamins qui faisaient leur service militaire, certains incorporés depuis quelques semaines à peine, ne sachant même pas tenir un fusil. Je salue ceux des anciens combattants que je connais, les VGM (Vétérans de la Guerre des Malouines) : la petite association de Luján avec son minuscule mais impressionnant musée dans une maison particulière et sa devise (Prohibido olvidar – Interdit d’oublier), le dernier timonier du ARA General Belgrano, le croiseur coulé par les Britanniques, et le général Carlos Marturet, secrétaire académique de l’Instituto Nacional Belgraniano, avec qui je viens justement d’échanger autour de cet épisode tragique de l’histoire argentine.

Point de vue d’un journal alternatif sur la presse dominante [Humour]

Avant-hier, un mot d’ordre de la droite voulait qu’ait lieu dans toute l’Argentine une manifestation à pied qui mélangeait tout : le confinement (une mesure communiste, ah bon ?), l’arrivée éventuelle de médecins cubains (qui ne sont pas là et quand bien même ils viendraient, ça changerait quoi ?), les vols Aerolíneas pour aller chercher du matériel médical en Chine, la haine contre Maduro, le soutien à Guaído au Venezuela, à Añez en Bolivie et à Piñiera au Chili, je vous en passe, des vertes et des pas mûres. Cela n’a pas marché, c’est le cas de le dire, surtout à l’heure du confinement et du slogan # Reste chez toi...

Les Argentins, dans leur grande majorité, soutiennent les mesures prises par le gouvernement pour freiner les ravages de l’épidémie.

Ce qui a inspiré notre duo d’humoristes de Página/12 et vous avez vu, à travers mes articles ces derniers jours, que la presse dominante, aux mains de grands capitalistes très hostiles à la majorité en place, n’est pas avare en tentatives de déstabilisation et en informations tellement déformées que ça devient de l’infox. Ce qui donne ce matin, avec le sens du raccourci qui caractérise Daniel Paz et son scénariste Rudy :


Le barbu : Personne n’est allé à la manifestation contre le communisme. Qu’est-ce qu’on fait comme titre ?
Le rédacteur en chef : Échec du gouvernement. Il rate tout. Mêmes les manifestations contre lui.
Derrière le rédac-chef, la plaque indique seulement : média d’information.
Traduction © Denise Anne Clavilier

Confinement étape n° 4 [Actu]

"Nous allons remonter la pente", dit le gros titre
Remarquez le flacon de gel hydroalcoolique sur la table

Hier, le président Alberto Fernández, flanqué des deux chefs d’exécutifs locaux, le chef du gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, le néo-libéral Horacio Rodríguez Larreta (qui semble revenir dans une loyauté sans faille), et le gouverneur de la Province de Buenos Aires, le péroniste Axel Kiciloff, a pris la parole hier soir pour présenter la nouvelle phase du confinement qui s’ouvre lundi jusqu’au 24 mai, veille de la fête nationale : très peu de choses vont changer à Buenos Aires même et dans les 26 municipalités de la périphérie, qui rassemble 86,2 % des contagions et voit les cas doubler en 18 jours au lieu de 25 dans le reste du pays. Les autorités locales devront demander au gouvernement fédéral une autorisation pour tout assouplissement du régime en place. Il s’agit de protéger le système sanitaire local qui doit être en mesure de soigner environ 25 % de la population nationale qui est concentrée sur ce petit bout du territoire.

"On maintient le confinement presque sans changement
dans la Ville et dans la Province", dit le gros titre
et pour une fois, gros titre et photo vont ensemble
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Pour convaincre ses compatriotes, le président a comparé la situation en Suède, où il n’y a jamais eu à ce jour de confinement mais où le taux de mortalité, certes peu élevé par rapport à la situation de l’Europe atlantique, ce qui est aussi le cas de l’Argentine (0,3 % des cas du sous-continent), et tout de même 14 fois plus haut qu’en Norvège où les habitants ont été contraints de rester chez eux, comme à peu près partout en Europe.

Dans le reste du pays, les règles s’allègent : la plupart des entreprises vont pouvoir rouvrir, à l’exception des bars, cafés, restaurants, hôtels, salles de spectacle, activités sportives et touristiques, événements tant publics que privés et centres commerciaux. Les écoles restent fermées et l’enseignement continue par Internet et télévisions. On envisage une rentrée scolaire et universitaire après les vacances d’hiver en juillet.

"Des lucarnes s'ouvrent", dit le gros titre
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Ce qui ne peut manquer de nous surprendre, c'est l'absence de distances physiques entre les dirigeants, derrière la table. On a vu ainsi hier Fernández et Larreta penchés ensemble sur le même rapport dans un bureau de la résidence présidentielle, à quelques centimètres l'un de l'autre.

Pour en savoir plus :

vendredi 8 mai 2020

Humour testeur [Humour]

Tirée de l’édition du 3 mai de Página/12, la vignette de une, signé du duo Daniel Paz-Rudy, faisait référence aux tests de dépistage gratuits proposés à la population de Buenos Aires dans les trois terminus ferroviaires de la capitale argentine.


L’homme derrière : On est en train de faire des tests volontaires à Retiro, Constitución et Once.
Mauricio Macri (l'ancien président) : Quel manque de responsabilité ! C’est terrible !
L’homme : Pourquoi ça ?
Maurico Macri : A coup sûr, ils font ça gratuitement !
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Pour ces deux humoristes, à droite, on ne pense qu’au fric !

Découverte paléontologique dans la pampa [Actu]

Photo Museo de San Pedro

Le confinement n’arrête pas les découvertes : une équipe de paléontologues vient de mettre au jour les restes d’un paresseux géant vieux de 700.000 ans, appartenant sans doute à un lignage qui remonte à 3 millions d’années.

La découverte a été faite à quelques kilomètres de la ville de San Pedro, située le long du Paraná (dont le niveau a récemment spectaculairement baissé), non loin d’un méandre qui s’est inscrit dans l’histoire (1). C’est le travail de scientifiques appartenant à plusieurs unités de recherche : musée de San Pedro, université de Rosario (elle aussi sur le cours du Paraná), etc.

Le paresseux en question pesait 4 tonnes et mesurait environ 3 mètres.
Belle bête !

L’info, diffusée hier par l’Agence de Science, Technologie et Société (CTyS), a été reprise par l’agence Télam et n’a pratiquement pas intéressé les quotidiens dans cette époque de crise sanitaire (dont d’aucuns voudraient là-bas aussi faire une crise politique, avec moins sans doute moins de succès qu’en France). Seul Clarín a recopie la dépêche pour en faire un article.

Pour aller plus loin :
lire le communiqué de CtyS-UNLAM, qui dispose aussi d’une page Facebook où vous pouvez aller liker l’annonce
lire l’article de Clarín qui ne vous apprendra rien de plus (en confinement, on fait ce qu'on peut !).



(1) La Vuelta de Obligado est le théâtre d’un engagement entre l’armée de la Confédération argentine et la marine française le 20 novembre 1845. Les Argentins défendaient leur souveraineté sur la navigation fluviale que les Franco-Britanniques tentaient allègrement de violer comme s’ils étaient chez eux. La petite flottille marchande française a réussi à passer, au prix de nombreux dégâts matériels, et n’a trouvé en continuant à remonter le fleuve vers le Paraguay ni aide pour réparer ni clients à qui vendre sa camelote. Et tout ce joli monde est rentré en Europe bredouille. Le 20 novembre marque donc une victoire politique (malgré la défaite militaire technique) et c’est aujourd’hui un jour férié (la fête de la souveraineté). Un parc naturel entoure aujourd’hui le lieu de la bataille. Pendant de nombreuses années, une station du métro parisien a porté le nom de la victoire d'Obligado (vous parlez d'une victoire !). Lorsque Eva Perón est venue en visite officielle à la fin des années 1940, la République française ne pouvait pas marquer sa reconnaissance à l'Argentine (dont les livraisons de grains et de viande avaient participé à nourrir la population après l'Occupation) en continuant à célébrer ainsi ce souvenir. La station a alors été rebaptisée. C'est la station Argentine.

L’Argentine produit ses propres tests [Actu]

"Cela aussi c'est de la souveraineté", dit le gros titre

L’Argentine est dans le top-7 depuis le 13 mars 2013 : celui des sept pays qui ont donné un pape au monde catholique !
A partir d’aujourd'hui, elle est aussi dans le top-8 : celui des huit pays qui développent et produisent leur propre test sérologique covid-19 (Chine, Hong-Kong qui connaît encore un développement différent de la Chine continentale, France, Allemagne, Grande-Bretagne, États-Unis et Japon).

L’Argentine compte maintenant sur un outil de détection des anticorps produit sur son sol et va pouvoir de passer d’importations, ce qui n’est pas négligeable en termes de souveraineté et de budget national. Le nouveau test a été développé par une équipe de scientifiques appartenant les uns au CONICET (conseil national de recherche scientifique et technologique), les autres à l’Institut Leloir, sous la direction de la virologue Andrea Garmanik, dont Página/12 publie la photo en une ce matin et une interview exclusive.

Photo Télam

L’outil a reçu le nom de CovidAr et le kit biologique est identifié par l’apposition de la vague bleu ciel et du soleil de Mai, les deux symboles du drapeau national. Au mois de mai, alors que la fête nationale se célèbre dans deux semaines, la nouvelle met du baume au cœur d’un peuple toujours confiné.

A part Página/12, seule La Prensa traite l’information.

Pour aller plus loin :

jeudi 7 mai 2020

Recette de déconfinement [Humour]

Lundi, en France, en Belgique ou en Argentine, se posent les mêmes questions : comment reprendre les transports en commun alors qu’ils semblent être un véhicule idéal pour la contagion généralisée ?
L’oligarque sans scrupules que Daniel Paz aime bien croquer dans les vignettes de la une de Página/12 qu’il partage avec le scénariste Rudy a trouvé une solution. Aussi cynique que lui.

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Le jeune : Les infectiologues disent que si on lève le confinement, le virus se propagera par les transports en commun.
L’oligarque : Alors ça, c’est facile à régler. Tu augmentes le billet de métro à 100 pesos et adieu le virus !
Traduction © Denise Anne Clavilier
(Página/12 du 6 mai 2020)

Ma biographie de Belgrano récompensée en Argentine : Premio General Manuel Belgrano 2020 [Disques & Livres]

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Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine, la biographie que j’ai publiée en février aux Éditions du Jasmin, la première écrite en français, a reçu, quelques jours avant le confinement, le prix Général Manuel Belgrano, remis par l’Instituto Nacional Belgraniano chaque année à des personnes, physiques ou morales, qui travaillent à faire connaître l’œuvre et les valeurs de ce héros de l’indépendance argentine, né à Buenos Aires le 3 juin 1770 et mort, dans la même ville, le 20 juin 1820.

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Cette récompense, qui m’honore au plus haut point, m’a été accordée par un vote unanime des membres de cette institution qui siège à Buenos Aires dans le domaine militaire du 1er régiment d’infanterie de l’armée argentine (1), l’historique régiment des Patricios qui s’était illustré pendant les Invasions Anglaises (1806-1807) et dont Manuel Belgrano a été le deuxième colonel (2) mais le premier à partir du passage de l’unité au statut militaire (3). Une première lettre m’a été adressée dans la nuit en attente d’une cérémonie plus formelle qui ne pourra pas être mise en œuvre avant le déconfinement complet tant en Argentine qu’en France, ce qui n’est pas pour demain. Elle est signée par le président de l’institution qui s’appelle lui aussi Manuel Belgrano : il est l’arrière-arrière-arrière petit-fils du général auquel il ressemble de manière étonnante.

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Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine a été présenté à Paris le 27 février 2020 à l’Ambassade de la République argentine (cf. mon article du 29 février 2020). Il est disponible dans toutes les bonnes librairies qui devraient pouvoir ouvrir leurs portes lundi 11 mai dans toute la France.

Pour en savoir plus :
consulter le site Internet des Éditionsdu Jasmin, qui disposent également d’une page Facebook.

Ajout du 8 mai 2020 :
L'Ambassade argentine à Paris a réagi dès hier soir sur sa page Facebook

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(1) dans le quartier de Palermo.
(2) Le premier fut Cornelio de Saavedra, futur président de la Primera Junta, le premier gouvernement collégial révolutionnaire nommé le 25 mai 1810 et dont faisait aussi partie Manuel Belgrano. Le salon d’honneur du régiment porte le nom de ce premier chef.
(3) Les Patricios ont été fondés par Santiago de Liniers, le vice-roi français du Río de la Plata, après la première Invasion Anglaise comme milice de volontaires patriotes. En 1811, le gouvernement révolutionnaire a décidé de l’intégrer à ce qui devenait l’armée régulière d’un Etat en voie de gestation et il nomma Manuel Belgrano à sa tête. Ce qui ne fut pas du goût de tous, un bon nombre d’hommes du rang tenant à leur statut de volontaire civil. Je vous laisse découvrir dans le livre les péripéties qui s’en suivirent.

Reprise progressive à partir de lundi en Argentine [Actu]


Lundi, l’Argentine va commencer à lever très doucement le confinement. Depuis quelques semaines déjà, les règles étaient un peu moins contraignantes grâce à la mise en place de critères épidémiques que plusieurs provinces remplissaient mais que la ville de Buenos Aires et la province homonymes étaient loin de respecter, or la région accueille plus du quart de la population globale.

L’objectif que s’était donné le gouvernement, porter à 25 jours le temps qu’il faut pour que le nombre de contagions double, est atteint. Il était de 3 au moment où le confinement a été rendu obligatoire. Maintenant, il faut tenir la dragée haute à l’épidémie et ce n’est pas un petit défi dans le pays qui s’enfonce peu à peu dans l’hiver.

Pour lundi, avec l’aide d’un conseil scientifique, le gouvernement met actuellement sur pied un ensemble de paramètres pour que les solutions concrètes à appliquer correspondent aux réalités locales : l’Argentine est un pays fédéral (malgré une solide tradition centralisatrice bien établie à droite).

Cette nouvelle étape du plan sanitaire devrait améliorer un tant soit peu la vie de 75 % des Argentins. Des secteurs d’activité vont pouvoir reprendre le travail. Les spectacles, le sport (y compris le football), le tourisme et la culture restent à cette heure sans changement. Le 25 mai pourra-t-il être fêté comme à l’accoutumée ? C’est peu probable.

Ces annonces prudentes ont été faites par le président Alberto Fernández au cours d’une interview radiophonique de 45 minutes, sur Radio con vos, une jeune station fondée il y a 5 ans.

Pour aller plus loin :
écouter l’intervention du président sur le site Internet de Radio con vos ou sur sa page Facebook (1)



(1) Pour un auditeur francophone, il faut bien connaître l’espagnol pour suivre les propos d’un seul coup : l’interview se fait par téléphone pour cause de confinement, ce qui dégrade la qualité sonore, et le président a, de plus, une voix parlée assez sourde, ce qui ajoute encore une petite difficulté pour un étranger. Sans parler du larsen intempestif lié à la connexion téléphonique.

Receta francesa para una merienda de cuarentena [ici]

El broyé de Christophe Vergnaud,
adornado con la image de la catedral de Poitiers
(Foto France Bleu - Grupo Radio France)

Todavía se quedan varios días de cuarentena… A mis lectores argentinos (o hispano-hablantes por lo general), les regalo una receta típica de la gastronomía regional y campesina francesa. Ideal para tomar un cafe o matecitos. Se le dice broyé du Poitou y su capital es Poitiers (todos a ver donde está la ciudad por la web).

Para 6 a 8 porciones, se necesita:
  • 250 gr de harina
  • 125 gr de manteca
  • 125 gr de azucar blanco o moreno
  • pizca de sal
  • 1 huevo y 1 yema
  • 1 cucharada de ron


Mezclar la harina, la sal, el azucar y la manteca cortada en pequeños trozos. Triturar bien con las manos hasta conseguir una semolina uniforme.
Batir el huevo entero con el ron y verterlo en la semolina.
Mezclar todo y amasar hasta tener una masa homogénea.
En una placa de horno amantecada o cualquier molde, colocar la masa en forma de disco o rectángulo de 2 cm de espesor.
Dibujar la superficie con un tenedor para adornar.
Pintar con la yema de huevo.
Colocar en el horno precalentado 15 minutos (210° C).
Te juro: para chuparte los dedos!

Foto le-poitou.fr

Acá una de las recetas en francés en Cuisine de A à Z y otra en La Nouvelle République (diario de Poitiers).

El broyé te permite muchas variantes.
En la Argentina, valdría la pena intentar reemplazar la cuarta o quinta parte del trigo por algarroba. Que te parece ?
Otra versión: después de hacer dos tapas de masa, untar una con dulce de leche, tapar con la otra y pegar los bordes para conseguir un broyé relleno.

mardi 5 mai 2020

El otoño à Buenos Aires [Humour]

Mai : début d’automne à Buenos Aires. Les arbres perdent leurs feuilles. Daniel Paz raconte cette anecdote, sans doute vécue, dans son Journal du confinement (Diario de la Cuarentena).

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Cher journal
L’automne a tapissé le trottoir de feuilles. Moi, elles ne me gênent pas mais ça ne fait rien, je les ramasse quand même. Pour éviter qu’elles bouchent les grilles d’égouts et pour faire du compost.
J’étais donc en train de balayer et voilà qu’est passé un monsieur qui, essayant d’établir un peu de complicité, m’a dit : Quelle cochonnerie, ces feuilles !
« Eh bien, moi, je ne suis pas ingrat envers cette cochonnerie… En été, elle me fait de l’ombre »
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Le dessin est paru aujourd’hui dans Página/12 et sur le blog du dessinateur.

Comme le dessin vous le montre, l’usage du masque est désormais obligatoire dans la ville de Buenos Aires dès qu’on met le nez dehors, même au pied de chez soi.

San Martín se distingue pendant une épidémie en Espagne [Disques & Livres]

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José de San Martín (1778-1850), futur libérateur sud-américain, a commencé sa carrière militaire en Espagne. En 1804, il est déjà capitaine en second et sert à Cadix, la capitale de la province militaire de son affectation d’origine (21 juillet 1789). C’est l’époque où l’Espagne, depuis la fin des années 1780 (1), développe la riziculture, notamment sur la côte méditerranéenne, autour de Valence (2). Cette nouveauté agricole et le climat chaud de la région ont favorisé l’acclimatation de nombreux moustiques dont le transmetteur de la fièvre jaune et de 1804 à 1806 une sévère épidémie ravage toute l’Andalousie et les zones voisines du nord. La première année, Cadix en est l’un des principaux centres.

C’est dans ces circonstances tragiques que San Martín se fit remarquer dès 1804, à 26 ans, par le capitaine-général d’Andalousie, le marquis de Solano. A cet âge, San Martín est déjà acquis aux idées diffusées par la Révolution française, qu’il a dû découvrir six ans plus tôt, à Toulon, lorsqu’il y avait fait escale alors que le général Bonaparte y avait rassemblé sa flotte de l’expédition d’Orient. Solano et lui partagent les mêmes idéaux et la même formation francophone. Leur relation va dépasser les rapports hiérarchiques. C’est sans doute Solano qui a fait entrer San Martín dans sa première loge maçonnique (3), une pratique nettement plus clandestine dans l’Espagne d’Ancien Régime qu’elle ne l’avait été dans la France pré-révolutionnaire puisque même certains membres de la famille royale étaient initiés. Lorsque le 17 août 1850, San Martín mourut, dans son exil volontaire à Boulogne-sur-Mer, en France, sa fille trouva dans le portefeuille de son père un petit portrait de Solano. Il ne s’en séparait jamais (4).

En cette même année 1804, un autre libérateur sud-américain se trouve en Espagne, empêché d’entrer à Cadix par les mesures d’isolement dont le capitaine San Martín est l’un des garants : Bernardo O’Higgins (1778-1842), celui avec lequel San Martín fera toute sa campagne d’émancipation du Chili puis celle du Pérou (1814-1822). O’Higgins rentre alors d’Angleterre où son père, un Irlandais au service du roi d’Espagne, l’a envoyé faire ses études. En attendant que la ville lui soit ouverte et qu’il puisse s’embarquer pour son Chili natal, le jeune homme tombe malade. Il s’est vu mourir aux portes de Cadix avant de surmonter l’infection et de pouvoir accomplir son destin politique.

page 43
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C’est cette expérience de l’épidémie, si formatrice dans le parcours du jeune San Martín, que je raconte dans ces deux pages de San Martín, à rebours des conquistadors, unique biographie en français de ce héros révolutionnaire, parue aux Éditions du Jasmin (5).

Page 44
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(1) C’est une évolution économique à laquelle Manuel Belgrano, qui fait ses études en Espagne de 1786 à 1793, avait été très sensible. En 1790, à tout juste 20 ans, il écrivait depuis Madrid à son père pour lui souffler l’idée de tenter la culture du riz. Or le bassin du Río de la Plata est très propice à cette activité, avec son abondance en eau et en limons fertiles. Cf. Manuel Belgrano– L’inventeur de l’Argentine, paru en février dernier aux Éditions du Jasmin. Aujourd’hui, les provinces de la Mésopotamie argentine produisent bel et bien du riz sans que cette céréale n’ait encore conquis une place à sa mesure dans la gastronomie nationale.
(2) C’est l’époque où naît la paella valenciana, celle que les Français trahissent en y ajoutant du chorizo, une spécialité de l’intérieur des terres, inconnue alors sur ce qui devait devenir la Costa Blanca.
(3) L’obédience maçonnique de San Martín reste de nos jours un grand mystère. Lui-même a scrupuleusement respecté le secret absolu sur cet engagement, ses ayant-droits l’ont imité et les loges elles-mêmes ont disparu au cours des années 1840-1850, avec la mort de leurs derniers membres, les combattants de l’indépendance sud-américaine. Ce que nous savons, c’est que la franc-maçonnerie était philosophiquement et sans doute rituellement beaucoup plus variée qu’aujourd’hui, une grande partie de ses aspirations ayant été canalisées dans d’autres organisations à partir des restaurations, après la chute de Napoléon en 1814-1815.
(4) Solano était mort en 1808 des suites d’une émeute populaire qui avait bien failli tuer San Martín lui aussi. Le jeune officier n’avait pas pu sauver la vie de son chef, qui aura sans doute été aussi son initiateur et son frère en loge.
(5) Disponible en version papier (dans toutes les bonnes librairies dès qu’elles pourront ouvrir) et en format e-book sur le site français Les Libraires.fr monté par la filière livre nationale.

Livreurs de plateforme : deuxième grève en vue [Actu]

Photo Bernardino Avila (Página/12)

Les livreurs à vélo, qu’on appelle en Argentine les "appli-livreurs" (repartidores de apps), avaient déjà participé à un mouvement international le 22 avril. Le 8 mai (qui n’est pas férié en Amérique du Sud), l’Assemblée des Travailleurs de Livraison (ATR selon le sigle argentin) appelle à une manifestation qui partira de l’Obélisque et se rendra au ministère du Travail du gouvernement national pour réclamer des moyens de protection (gel hydroalcoolique, gants et masques) et le paiement intégral de leurs courses au tarif d’avant le confinement puisque les plateformes ont profité de la crise pour baisser les prix.

Les livreurs rendront aussi hommage à deux des leurs, un homme et une femme, qui ont trouvé la mort pendant qu’ils travaillaient.

L’ATR lance aussi le même mot d’ordre dans plusieurs villes du pays : Corrientes, Santa Fe, Rosario, Córdoba, Mendoza et Neuquén.

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12, sans surprise le seul quotidien national à en parler.

lundi 4 mai 2020

La culture, le secteur indispensable dans cette crise sanitaire [Humour]

Il y a un mois, le 2 avril 2020, dans son Journal du confinement, le dessinateur Daniel Paz nous régalait, sur son blog et dans les pages de Página/12, de cette vignette.


Cher journal
Hier, j’ai rêvé que je faisais partie d’un petit groupe de survivants dans un monde post-apocalyptique. Autour d’un feu, chacun expliquait en quoi sa vie était utile et nécessaire aux autres.
Le policier dit : « Moi, je chasserai des animaux sauvages et je défendrai le groupe des attaques externes. » Le paysan dit : « Moi, j’obtiendrai les aliments de la terre. » La biochimiste dit : « Moi, j’élaborerai des médicaments à partir des plantes et des minéraux. » L’infirmière dit : « Moi, je soignerai les blessés et les malades. »
Puis tous me regardèrent fixement..
« Il faut bien que quelqu’un immortalise vos prouesses en les dessinant sur les parois des cavernes. »
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Un message apaisant du président [Actu]


Hier, la campagne calomnieuse montée par la partie la plus rance de la droite battait son plein : depuis plus d'une semaine, des militants font courir le bruit que la majorité actuelle est en train de rendre leur liberté à tout ce que les prisons argentines comptent de violeurs, cambrioleurs et assassins. Parmi ces agitateurs, une juge d’application des peines en poste à Quilmes (grande banlieue de Buenos Aires), qui avait elle-même refusé de respecter la quarantaine à son retour de ses vacances en Italie et dont le cabinet a été fermé pour cette raison par les autorités judiciaires de la province de Buenos Aires, a reconnu avoir délibérément menti sur le sujet : elle avait prétendu que 1.076 condamnés pour des faits contre les biens et 276 condamnés pour des faits contre les personnes avaient été remis en liberté, sous prétexte de vider les prisons et de ne pas en faire des nids de contagion du covid-19. Elle avait aussi avancé le chiffre de 2.458 libérations, avant d’avouer qu’en fait elle n’en savait rien, alors que la cour suprême provinciale avait démenti ses chiffres aberrants. La juge en question ne cache pas son appartenance politique : elle est un soutien du PRO, le parti de Mauricio Macri, l’ancien président qui n’a pas pu obtenir un second mandat.
Selon la Cour suprême de la province de Buenos Aires, seuls 38 condamnés pour de tels faits ont retrouvé la liberté du 17 mars au 17 avril. Ils touchaient au terme de leur peine. A la même période l’année dernière (sous une majorité de droite encore convaincue de se faire réélire en octobre) ils étaient 44 dans ce cas.

Par ailleurs, il est vrai qu’un certain nombre de personnes en prison pour des faits mineurs ont bénéficié d’aménagement de peine afin de ne pas surcharger les prisons en cette période de crise sanitaire et que le ministère de la justice national a encouragé cette solution qui passe par des bracelets électroniques pour les condamnés et par une forme de contrôle judiciaire pour les prévenus. Rien de scandaleux par conséquent.

Cela n’a pas empêché la presse de droite de donner beaucoup de place dans ses colonnes et sur ses ondes à de prétendues libérations massives de violeurs et d’égorgeurs en tout genre, prêts à remplir à nouveau de leurs crimes les bonnes villes d’Argentine. Les réseaux sociaux, bien cornaqués par qui y avaient intérêt, ont relayé des tas d’informations fantaisistes, n’hésitant pas à augmenter les chiffres et on a entendu ces derniers jours, beaucoup de concerts de casseroles aux balcons et aux fenêtres de la part d’une population rendue folle par l’effroi. Il faut dire aussi qu’en matière de sécurité, il ne faut pas grand-chose pour allumer des mèches en Argentine.

Très calmement, il y a déjà plusieurs jours, le président, qui est professeur de droit pénal, avait expliqué que l’application des peines n’était pas du ressort des exécutifs mais des pouvoirs judiciaires territorialement compétents. A cela, s’est ajouté au cours de ce long week-end l’attitude de plus en plus bouillante des adolescents qui n’en peuvent plus d’être confinés à la maison, surtout en ville, où le patio et la terrasse ne satisfont pas leur besoin de mouvements.

Le président Alberto Fernández a donc pris sa guitare, comme ils peuvent le faire eux-mêmes chez eux, il a joué les premières mesures d’une chanson de rock très célèbre en Argentine (1) et, sur son compte Twitter, il s’est adressé à eux, comme à de futurs citoyens, en faisant appel à leur bon sens et à leur créativité.
Un message simple, fraternel, cordial que même Clarín et La Nación ont repris ce matin ! Depuis la mise en place du confinement, il était déjà entré en conversation avec des enfants qui lui envoient des dessins par les réseaux sociaux et à qui il répond avec sérieux, sans jamais bêtifier, tout en restant toujours à leur niveau…

Pendant ce temps, la situation sanitaire augure de bien des difficultés : il semblerait que le virus soit quelque peu sensible à la saisonnalité. L’hiver arrivant, malgré les mesures de distance physique qui ont été prises partout, en Afrique, en Océanie et en Amérique, le pire pourrait encore être à venir au sud de la planète tandis qu’au nord, la contagion régresse très lentement.

Dans la colonne de gauche, en haut :
"l'état de grâce du président s'épuise"

Pour en savoir plus :
sur le message du président
sur les infox propagées par la juge et ses copains
lire l’article de La Prensa, qui fait mine de rétablir les faits (bien caché dans ses pages intérieures)
lire l’éditorial du rédacteur en chef de La Prensa qui proclame hier et aujourd’hui (en une, ci-dessus) la fin de l’état de grâce pour le président, après avoir fait samedi une autre une, au ton particulièrement arrogant (ci-dessous).

En gros titre : "Est-ce qu'ils ont capté le message ?"
sur une photo d'une casserole tintant dans la nuit automnale



(1) Une chanson de Luis Alberto Spinetta, qu’il cite par son surnom, El Flaco Spinetta.