lundi 18 août 2008

Domingo festivalero en Buenos Aires [à l’affiche]


Dimanche festivalier à Buenos Aires

Si le mot festivalier existe bien en français, ne cherchez pas dans un dictionnaire son pseudo equivalent en espagnol.

La Real Academia de España (RAE pour les intimes) est formelle : connait pas !
Rien d’étonnant, c’est moi qui l’invente, épuisée par les joies de cette journée magnifique...

Si vous avez suivi mes derniers billets, vous savez que La Biyuya donnait ce dimanche aprés-midi, à l’heure du foot, un concert (à Buenos Aires, on dit un show) au Centro Cultural Chacra de los Remedios, dans le Parque Avellaneda, dans le quartier auquel il a donné son nom et où je n’avais encore jamais mis les pieds. Un concert "a la gorra" (au chapeau, dirait-on en français).

Le quintette guitares, flûtes, batterie et voix a interprété pluieurs morceaux présents dans leurs deux dernier disques (El cuento de que Dios es argentino et Buenosairece, Unión de los artistas independientes) dont une valse et une milonga sur des vers d´Homero Manzi (1907-1951) dont j’aime infiniment leur arrangement : Esquinas porteñas et Pena mulata.
Ils ont donné aussi un avant-goût de ce que pourra être leur prochain CD, qu’ils ont prévu d’enregistrer vers la fin de cette année pour une mise sur le marché qui interviendrait vers le mois de mars.

Ce nouveau disque, dont le contenu est encore dans les limbes, sera probablement tout entier consacré à de la musique de leur composition et ce que j’en ai entendu cet après-midi était superbe. Comme Pablo Dichiera m’a gentiment invitée à venir assister à l’une de leurs séances de travail (ensayos, répétition), je pourrai vous en dire plus d’ici quelques jours. Et de toute façon, vous serez les premiers avertis lorsque le 4ème disque sortira... à Pâques ou à Bariloche....

Un mot à présent sur les concerts du dimanche 16h au CC Chacra de los Remedios.

Ce sont toujours des manifestations gratuites où les artistes exécutent gracieusement eux aussi leur prestation, quand bien même le déplacement jusqu’au Parc leur occasionnerait des dépenses... Selon une tradition très ancrée dans l’univers du tango, on fait donc passer une casquette (gorra) -et c'est une grosse casquette, une casquette pour la tête à Toto (1)- parmi le public et l’argent récolté est pour eux. Libre à eux alors d’en reverser tout ou partie au Centre dont le budget ne couvre que les salaires des employés qui travaillent dans le Parque Avellaneda, grand espace vert au milieu de ce quartier périphérique de Buenos Aires (à l’ouest de la ville).

Sono et proscenium ont été achetés grâce à la contribution financière des habitants du quartier (los vecinos, comme on dit en portègne) et l’entretien de ce matériel dépend de la générosité des artistes et de la quote-part de la quête qu’ils abandonnent au Centre.

Ce concert était un concert en plein air, par une belle aprés-midi ensoleillée mais néanmoins frisquette, sur le parvis pavé d’un beau bâtiment façon corps de ferme auquel un palo borracho (2) fait de l’ombre en été. Des tabourets en plastique pour s´asseoir. Une partie du public, surtout familial, avait apporté tout l’attirail du parfait consommateur de maté : sac à dos à maté, mate dans son étui de cuir avec la bombilla, flacon de plastique pour la yerba mate et le thermos et son eau presque au point d’ébullition...

Tout autour, c’était le parc, avec ses promeneurs, les chiens qui jouent à la baballe, les gamins en patins à roulettes, les cyclistes, les vendeurs ambulants de boissons chaudes aux thermos de toutes les couleurs ou les marchands de chouchoux et de barres chocolatées. Bref, la vie du dimanche après-midi à Buenos Aires en hiver.

Après le concert, à l’intérieur, on donnait une matinée enfantine (la nuit commence à tomber vers 18h et il était déjà 17h).

La semaine prochaine, au même endroit et à la même heure, il y aura une milonga, à l’intérieur...


En Buenos Aires es la 1 de la mañana


(1) Viejo chiste francés. El pebete Toto vuelve a casa llorando. La mamá le pregunta porque llora. Le contesta : porque en la escuela se burlan de mí y me dicen Cabeza Gorda. Y la madre rezongando le dice : eso no, hijito mío. Son mentiras. No te preocupes y en vez de llorar, va al frutero y llevame 1 kg de papas en la gorra.
(2) Palo borracho : arbre très fréquent à Buenos Aires dont le tronc, hérissé de piquants, a une forme qui peut facilement évoquer celle d’une bouteille.