mercredi 3 juin 2009

Macri se fait éreinter par la presse d’opposition [Actu]

Une de Página/12 (cliquez sur l'image pour l'obtenir en meilleure résolution)


Sous le titre Macri consiguio su pastor aleman (Macri a obtenu son berger allemand) (1), le quotidien de gauche Página/12 critique vertement le choix que vient de faire le chef du Gouvernement de la Ville de Buenos Aires (droite libérale, tendance Thatcher), Mauricio Macri : celui de nommer à la tête de l’institut de formation des policiers locaux l’avocat Daniel Pastor (2).

Il se trouve que dans l’exercice de son métier Daniel Pastor défend des positions qui font dresser les cheveux sur la tête des militants des droits de l’homme dans un pays dont l’actuelle démocratie vient tout juste de fêter ses 25 ans et qui n’a toujours pas fini de juger les criminels de la dernière Dictature (1976-1983). Au rang de ses idées contestées : la prescriptibilité des crimes contre l’humanité (qui sont reconnus imprescriptibles par l’ONU), la critique contre la décision de l’ancien président argentin Néstor Kirchner de soumettre à référendum la désignation des membres de la Cour Suprême du pays (décision qualifiée de "purement et simplement populiste") et des critiques sévères contre des avis émis par la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH). La CIDH a en particulier rendu un verdict contre un commissaire argentin accusé d'avoir laissé passer à tabac dans son poste de police un jeune adolescent qui est mort des suites des brutalités policières. Daniel Pastor, futur directeur d'un institut de formation des forces de l'ordre, affirme que le jeune garçon n'est pas mort des coups reçus mais pour d'autres causes (non déterminées), qu'il n'y a pas eu passage à tabac mais attitude légitime de la part des policiers et que le seul dont les droits fondamentaux ont été bafoués dans l'affaire est le Commissaire, qu'on poursuit pour rien.

L’homme est considéré sévèrement par tout ce que l’Argentine compte d’association des droits de l’homme et Dieu sait si, dans ce pays, ces militants ont payé cher le droit de défendre ces droits fondamentaux.

A 46 ans, Daniel Pastor a fait ses études de droits à l’Université de Buenos Aires (UBA) et depuis 1987, il y occupe une chaire de droit pénal et de procédure pénale à la Faculté de droit (située à la Recoleta). Ses collègues et confrères universitaires s’affrontent régulièrement à ses interprétations juridiques. Il se trouve que l’homme a tenu un temps un poste de chercheur à l’Institut de Criminologie de l’Université de Cologne, en Allemagne, comme boursier d’une fondation en 1993, et avant cela dans le cadre d’échanges universitaires à diverses reprises entre 1977 et 1999. Página/12, de gauche comme est la rédaction, n’allait pas louper l’occasion de remonter dans un passé odieux (et que les Argentins haïssent mais évaluent fort mal) alors qu’on se trouve à 25 jours des élections qui vont renouveler la moitié de la Chambre unique de la Ville (la Legislatura).

Pour aller plus loin :
Dans Barrio de Tango, lire les articles relatifs aux combats des Associations Abuelas de Plaza de Mayo et Madres de Plaza de Mayo et les articles sur les 25 ans de la démocratie argentine en décembre 2008.
Dans Página/12, lire l’article de ce jour.
Ajout du 4 juin : lire dans Página/12 du 4 juin la contreposition d'un autre juriste, le Professeur Leonardo Filippini, qui s'oppose aux positions de son collègue Daniel Pastor.



(1) C'est pire dans le titre intérieur : Los policias ya tienen su pastor (les policiers ont maintenant leur berger). Les policiers transformés en moutons !
(2) Pastor veut dire berger et est utilisé pour désigner les différentes races et sous-races de chiens de berger.