mercredi 29 avril 2020

SOS pour les danseurs professionnels de tango [Actu]

En cette journée mondiale de la Danse, instituée par l’Unesco, Página/12 fait le point sur la situation socio-économique des professionnels de tango, danseurs et autres métiers, en ce temps de confinement.


L’enquête du quotidien de gauche montre la sévérité de la crise pour ces artistes laissés sans aucune ressource dans la mesure où toutes leurs activités sont interdites et qu’avant l’épidémie, ils travaillaient à 90 % au noir.

Les danseurs professionnels de tango ont deux sources de travail : donner des cours et se produire sur scène dans ce qu’on appelle des cena-shows, des spectacles pour touristes montés la plupart du temps par des hommes d’affaires sans scrupule qui exploitent un business et tirent un maximum de fric aux gogos de touristes qui n’y voient que du feu parce que la soirée (spectacle inauthentique et nourriture quelconque) est comprise dans le forfait du voyage organisé. Que les artistes y soient payés avec un lance-pierre ne me surprend guère ! Il n’y a qu’à regarder les affiches pour se douter que c’est le genre de la maison (1).

De plus, l’enquête de Página/12 montre aussi le triste sort fait aux danseuses qui ont des enfants, les discriminations dont elles sont l’objet, les remarques sexistes qu’elles se prennent en pleine face lorsqu’elles commencent une grossesse et les conditions effarantes dans lesquelles elles doivent garder leurs minots dans les coulisses parce que leur cachet ne leur permet pas de s’offrir les services du baby-sitter…

On se croirait retourner à l’opéra de Paris au dix-neuvième siècle !

C’est effarant et c’est aussi cet envers du décor qu’il faut dénoncer pour que cesse cet espèce de nouvel esclavage que fait naître la cupidité des uns et le tourisme de masse des autres. Il faut espérer que cette crise l'aura définitivement tué et qu'on n'y reviendra plus une fois que le virus ne sera plus une menace mortelle pour les êtres humains.

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 sur le dénuement des travailleurs du spectacle de tango
lire l’article de Página/12 sur les conditions professionnelles faites aux danseuses de tango.



(1) Il y a quelques années, j’ai fait une expérience révélatrice. Alors que je montais un circuit avec un voyagiste français, l’agence réceptrice à Buenos Aires a voulu nous imposer un tarif aberrant pour une soirée à la Academia Nacional del Tango (que j’aurais bien entendu montée moi-même puisque je suis membre de l’institution) : 140 € par personne pour un spectacle et un verre de l’amitié avec les artistes (c'était plus cher que las soirée de la Saint-Sylvestre à l'Opéra Bastille). Une fois à Buenos Aires, j'en ai donc parlé au secrétaire académique qui a sauté au plafond puis deux jours plus tard au président qui m’a confirmé ce que je pressentais : aucune agence n’avait pris contact avec lui pour la moindre activité avec un voyagiste européen. La somme ainsi imposé au client français était à 90 % destinée aux caisses de l'agence réceptive. Ce monde du tango-danse-spectacle est immoral et il n’y en pas un pour rattraper l’autre, que ce soit les salles ou les agences.