vendredi 24 avril 2020

La droite hispanophone reprend du poil de la bête [Actu]

"L'âge de pierre" dit le gros titre
sur ce montage représentant les deux ex-moustachus
Macri à gauche et Aznar à droite
En haut : une opération de test covid-19 massif
dans un quartier du centre de Buenos Aires
et la prolongation du confinement probablement jusqu'au 10 mai

La pandémie donne des ailes à la droite dure en Espagne (gouvernée par une coalition de gauche) comme en Argentine (elle aussi gouvernée à gauche) avec l’aide de quelques politiques et intellectuels, tantôt ultra-libéraux tantôt catholico-réactionnaires, de plusieurs pays d’Amérique hispanique, dont l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature et candidat malheureux à la présidence de son pays il y a de cela de nombreuses années…

Parmi les signataires, la crème des anciens politiques conservateurs et réactionnaires, Aznar (Espagne), Macri (Argentine), Patricia Bullrich (Argentine), Uribe (Colombie). Le plus étonnant est de trouver dans cette liste de has-been l’actuel et tout nouveau président de l’Uruguay, Luis Lacalle Pou, qui a peut-être mieux à faire en ce moment… Ces 200 personnalités tirent à bout portant sur le danger que représenterait le populisme en ces temps de pandémie, le retour de l’État (comme si le marché concurrentiel était en mesure de lutter efficacement contre le danger qui menace le monde entier), plaident pour la reprise des activités économiques comme s’ils se mettaient dans la roue de Trump (heureusement, ils s’abstiennent de proposer des protocoles médicaux délirants) et tapent comme des sourds sur leurs sempiternelles bêtes noires, le Venezuela, Cuba et le Nicaragua, dont les régimes dirigistes et autoritaires sont à l’opposé des idéaux dont ils se réclament.

En plein milieu de la crise, ces revendications aigres et hargneuses, d’autant plus surprenantes que la majorité des pays concernés sont dominés par une majorité de droite, semblent quelque peu intempestives et sont d’autant plus indécentes que tous les pays du monde sont logés à la même enseigne et doivent adopter les mêmes mesures dès que le virus fauche ses victimes dans leur population, qu’ils soient gouvernés par des néolibéraux comme la Grande-Bretagne, la France, le Chili ou la Grèce, par des gouvernements se réclamant de la gauche comme l’Argentine ou l’Espagne, des gouvernements s’inscrivant au centre ou en vaste coalition gauche-droite, comme l’Italie ou la Belgique, ou enfin par des gouvernements non-démocratiques, comme la Chine et Singapour. Il faut dire aussi qu'en Argentine, Alberto Fernández bénéficie d'un haut niveau de popularité, selon les différents sondages récents.

Seuls Página/12 (très opposé à cette pétition) et La Prensa (nettement moins) évoquent le sujet ce matin. Serait-ce un indice de l’indifférence de la droite « raisonnable », puisqu’elle ne manque pas, par ailleurs, d’agressivité contre la majorité actuelle en Argentine.

Pour aller plus loin :
lire l’article de La Prensa

Ajout du 26 avril 2020 :
Dessin de Paz et Rudy paru ce jour dans Página/12

Lui : Macri a signé un document qui critique "les gouvernements qui empêchent de travailler, de produire et qui manipule l'information"
Elle : Quelle autocritique courageuse !
(Traduction © Denise Anne Clavilier)