La pandémie donne des ailes à la droite dure en
Espagne (gouvernée par une coalition de gauche) comme en Argentine
(elle aussi gouvernée à gauche) avec l’aide de quelques
politiques et intellectuels, tantôt ultra-libéraux tantôt
catholico-réactionnaires, de plusieurs pays d’Amérique
hispanique, dont l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, prix
Nobel de littérature et candidat malheureux à la présidence de son
pays il y a de cela de nombreuses années…
Parmi
les signataires, la crème des anciens politiques conservateurs et
réactionnaires, Aznar (Espagne), Macri (Argentine), Patricia
Bullrich (Argentine), Uribe (Colombie). Le plus étonnant est de
trouver dans cette liste de has-been l’actuel et tout nouveau
président de l’Uruguay, Luis Lacalle Pou, qui a peut-être mieux à
faire en ce moment… Ces 200 personnalités tirent à bout portant
sur le danger que représenterait le populisme en ces temps de
pandémie, le retour de l’État (comme si le marché concurrentiel
était en mesure de lutter efficacement contre le danger qui menace
le monde entier), plaident pour la reprise des activités économiques
comme s’ils se mettaient dans la roue de Trump (heureusement, ils
s’abstiennent de proposer des protocoles médicaux délirants) et
tapent comme des sourds sur leurs sempiternelles bêtes noires, le
Venezuela, Cuba et le Nicaragua, dont les régimes dirigistes et
autoritaires sont à l’opposé des idéaux dont ils se réclament.
En
plein milieu de la crise, ces revendications aigres et hargneuses,
d’autant plus surprenantes que la
majorité des pays concernés sont dominés par une majorité de
droite, semblent quelque peu intempestives
et sont d’autant plus
indécentes que tous les pays du monde sont logés à la même
enseigne et doivent adopter les mêmes mesures dès que le virus
fauche ses victimes dans leur population, qu’ils soient gouvernés
par des néolibéraux comme la Grande-Bretagne, la France, le Chili
ou la Grèce, par des gouvernements se réclamant de la gauche comme
l’Argentine ou l’Espagne, des gouvernements s’inscrivant au
centre ou en vaste coalition gauche-droite, comme l’Italie ou la
Belgique, ou enfin par des gouvernements non-démocratiques, comme la
Chine et Singapour. Il faut dire aussi qu'en Argentine, Alberto Fernández bénéficie d'un haut niveau de popularité, selon les différents sondages récents.
Seuls
Página/12 (très opposé à cette pétition) et La Prensa (nettement
moins) évoquent le sujet ce matin. Serait-ce un indice de
l’indifférence de la droite « raisonnable »,
puisqu’elle ne manque pas, par ailleurs, d’agressivité contre la
majorité actuelle en Argentine.
Pour
aller plus loin :
lire
l’article de La Prensa
Ajout du 26 avril 2020 :
Dessin de Paz et Rudy paru ce jour dans Página/12
Lui : Macri a signé un document qui critique "les gouvernements qui empêchent de travailler, de produire et qui manipule l'information"
Elle : Quelle autocritique courageuse !
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
Ajout du 26 avril 2020 :
Dessin de Paz et Rudy paru ce jour dans Página/12
Lui : Macri a signé un document qui critique "les gouvernements qui empêchent de travailler, de produire et qui manipule l'information"
Elle : Quelle autocritique courageuse !
(Traduction © Denise Anne Clavilier)