dimanche 26 avril 2020

Le confinement prolongé pour trois semaines et assoupli sous conditions [Actu]

"On prolonge le confinement jusqu'au 10 mai
mais les sorties sont autorisées"
La photo illustre une collecte de nourriture
pour la population défavorisée
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Hier, le président argentin, Alberto Fernández, a fait un nouveau point sur la crise sanitaire et annoncé la prolongation du confinement jusqu’au dimanche 10 mai, soit deux semaines avant la fête nationale célébrée tous les 25 mai. Et l’Argentine n’est pas prête à tourner la page puisqu’il a déjà été annoncé officiellement que le trafic aérien passagers ne sera pas repris avant le mois de septembre (1).

Le nombre de jours qu'il faut pour que les cas d'infection doublent
Le 20 mars, au moment où le confinement a été décrété, il fallait 3,3 jours
Le 12 avril, lorsqu'il a été prolongé une première fois, il fallait 10,3 jours
Hier, il fallait 17,1 jours
Extrait du diaporama présenté hier par le président

Cette prolongation s’accompagne de certains assouplissements pour les villes de moins de 500.000 habitants. Les gens pourront aller se dégourdir les jambes pendant 1 heure chaque jour dans un rayon de 500 mètres autour de chez eux. Il ne s’agira pas de faire du sport (ni footing, ni vélo) mais seulement d’une promenade à pied autorisée pour tout le monde, les enfants, deux au maximun, devant être accompagnés par un adulte et un seul. Jusqu’à présent, même cette détente-là était interdite (2). Toutefois, ces autorisations sont soumises à quelques conditions draconiennes : le temps de doublement du nombre d’infectés doit être inférieur à 15 jours ; le système de santé local doit être capable d’absorber l’éventuelle augmentation de l’afflux de patients que ces sorties pourraient provoquer ; l’évaluation de la situation démographique doit montrer que ce risque est faible ; la proportion d’habitants qui travaillent dans les secteurs dont l'activité est autorisée ne doit pas dépasser la moitié de la population totale ; la région ne doit pas pouvoir abriter de clusters et toute décision prise au niveau local doit être remontée au gouvernement national. C’est donc assez lourd.

"Un jour dans la vie de Alberto Fernández"
On reconnaît bien sa silhouette.
En haut : "confinement avec promenade autorisée"

Après plusieurs heures d’hésitations, le chef de gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires a finalement accordé à ses administrés le bénéfice d’une sortie quotidienne, même si la capitale fédérale reste le lieu où l’on déplore le plus de morts (3) mais les tests sérologiques qui ont été proposés à la population jeudi dernier se sont tous révélés négatifs, ce qui signifie que le virus circule peu en ville (4).

Courbes des contagions diagnostiquées
En bleu : ville de Buenos Aires. En violet : province de Buenos Aires
Extrait du diaporama présenté par le président
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Alberto Fernández, qui continue de bénéficier d’une forte cote de confiance, a présenté un nouveau diaporama, que la presse a reproduit et qui comprend le point sur le ralentissement de la contagion et les courbes des cas diagnostiqués dans les 7 entités fédérées où le virus a été détecté : ville de Buenos Aires, province homonyme, provinces de Córdoba, Chaco (frontière avec le Paraguay), Santa Fe, Tierra del Fuego et Río Negro.

Pendant que les Argentins restent chez eux, le système de santé public s'est renforcé
+ 700 respirateur
+ 200 appareils d'échographie portables
25 appareils d'échographie générale de haute précision
+ 11.518 lits supplémentaires
+ 12 hôpitaux modulaires
+ 170.000 tests sérologiques
+ 250.000 tests PCR (tests par écouvillons)
4.031 agents de santé supplémentaires
plus de 4.000 millions de pesos virés aux provinces
Extrait du diaporama présenté par le président
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Página/12 a profité du week-end pour publier un reportage sur la vie quotidienne du président. Le journal lui est favorable. Il n’a donc pas eu beaucoup de mal à faire ressortir la sobriété de son mode de vie et le caractère fraternel de plus en plus visible avec la gestion de cette crise sanitaire tout à fait exceptionnelle (5).

Pour aller plus loin :



(1) Il est donc presque certain que je n’irai pas cette année présenter mon dernier livre, Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine, que j’avais publié au début de cette année du bicentenaire de sa mort. Les manifestations culturelles organisées à cette occasion tombent à l’eau les unes derrière les autres. Une catastrophe pour l’Instituto Nacional Belgraniano qui préparait cette année depuis des mois et des mois… Les célébrations devaient culminer les 3 et 20 juin mais c’est le mois où les épidémiologistes pensent que le pic de l’épidémie sera atteint. Il est probable aussi que le festival de tango de Buenos Aires ne se tiendra pas, en tout cas pas à l'époque habituelle, le mois d'août.
(2) En Argentine, l’habitat même en ville compte beaucoup plus de maisons particulières qu’en Europe et beaucoup de ces maisons disposent d’un patio et d’un toit en terrasse, ce qui permet de prendre le soleil dans les régions où il est encore agréable, de faire un peu de jardinage, voire d’exercice.
(3) Sur les 186 morts comptabilisés hier, 73 habitaient Buenos Aires. La capitale rassemble 1.275 des 3.780 cas diagnostiqués sur l’ensemble du territoire national.
(4) Ces tests gratuits ont été proposés à des personnes ne présentant pas de symptômes. Il s’agissait d’une recherche d’anticorps par prise de sang.
(5) Ce trait de caractère était visible déjà le jour de sa prestation de serment lorsqu’il a très spontanément décidé de pousser le fauteuil roulant de la vice-présidente sortante puis lorsqu’il était allé faire passer leurs examens à ses étudiants en droit pénal à l’Université de Buenos Aires très tôt le matin avant de se rendre à son bureau présidentiel.