Le faire-part publié sur Twitter par l'Association Argentine des Acteurs |
Depuis plusieurs années, il n’occupait plus l’avant-scène mais
il restait actif et continuait de créer tout en se battant contre un
cancer qui a fini par l’emporter hier, à l’hôpital, à l’âge
de 73 ans.
"Nous sommes tous ses neveux", dit le gros titre En haut, deux titre : sur le cours du pétrole et sur le plan d'aide aux TPE et aux micro-entrepreneurs (monotributistas) |
Fils, petit-fils et
arrière-petit-fils d’artiste, Horacio Fontova était un enfant de
la balle, un artiste multi-cartes, à la fois
auteur-compositeur-interprète, humoriste, fantaisiste, homme de
radio, de télévision et de scène mais aussi dessinateur (il avait
fait ses études à l’École
Nationale des Beaux-Arts Manuel Belgrano) (1), illustrateur et
écrivain (il avait publié un recueil de nouvelles en 2015 et en
préparait un autre, qui reste inédit).
En musique, il a touché à tous les genres : le tango, le rock, le folklore, la salsa, la variété, la musique de film et de scène... Bref, tout !
Dans les années 70, il
avait aussi mis en scène les versions argentines de comédies
musicales hippies nord-américaines Hair et Jésus Christ Superstar.
Me siento bien, publié hier sur le canal Youtube
d'un quotidien d'actualité générale de San Lorenzo,
dans la banlieue de Rosario (Province de Santa Fe)
Il nous laisse de
nombreux disques enregistrés avec ses diverses formations aux noms
farfelus, comme Patada de Mosca (coup de pied de la mouche) ou
Fontova y sus Sobrinos (Fontova et ses Neveux). L’un des plus
célèbres de ces albums s’intitulait Me siento bien, du nom d’un
des morceaux, dont un vers est repris tel quel par Daniel Paz sur la
une qu’il a dessinée ce matin pour Página/12 (« malgré
tout, je me sens bien » inscrit sur le t-shirt), une chanson aux rythmes caribéens et
au texte caustique, comme tout le reste de sa production qui
dénonçait tout ce qui allait de travers en Argentine et dans le
reste du monde.
En tournée en Espagne, il avait même joué au sein du groupe
de musiciens fantaisistes Les Luthiers pour remplacer l'un des membres attitrés.
Il part pendant la
pandémie, alors que les obsèques doivent se faire dans la plus
stricte intimité. Ces mesures restrictives touchent cruellement
toutes les professions artistiques, car tous l’ont eu les uns pour
confrère, d’autres pour partenaire, d’autres pour référence et
d’autres pour modèle.
Fontova chanta la Milonga del donante,
au micro de Radio Nacional
en octobre 2016
La presse lui rend un
hommage inégal : très appuyé dans Página/12 mais détestable
dans La Prensa qui parvient à politiser l’événement en dénonçant
le choix du président actuel qui a publié en mémoire du disparu
une photo où on le reconnaît aux côtés du défunt président
Néstor Kirchner. Rédaction incapable de faire taire ses griefs
mesquins ! S’ils n’avaient rien à dire, ils auraient au
moins pu avoir la décence de se taire et de ne pas traiter le sujet
(2).
Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Clarín, qui intègre plusieurs vidéos
lire l’article principal de La Nación qui annonce une nécrologie classique en manchette
sur la une et publie dans ses pages spectacles un texte d'adieu d'un des amis de Fontova.
(1) Parmi tous les
apports que l’Argentine doit à Manuel Belgrano (1770-1820), il y a
la première école de dessin qu’il monta avec l’aide d’un
artiste espagnol attelé à la décoration de la toute nouvelle
cathédrale (l’actuelle) aux belles heures du consulat de commerce,
au cours de la dernière décennie de l’Ancien Régime.
(2) En une, ils ont
préféré publier les vaticinations obscurantistes et nauséeuses de l'archevêque
émérite de La Plata, Mgr Héctor Aguer, qui se fait de plus en plus caricatural avec
l’âge et qui s’interroge sur le caractère de châtiment divin
de la pandémie. Fontova lui aurait envoyé dans les gencives une de
ces milongas cinglantes. Aguer ne l'aurait pas volée, celle-là !